Página inicialLe témoignage des victimes dans la connaissance des violences de masse
Le témoignage des victimes dans la connaissance des violences de masse
Victime testimony and Understanding Mass Violence
Numéro spécial de la revue Études arméniennes contemporaines (EAC n°5 – juin 2015)
Theme issue of the journal Études arméniennes contemporaines (EAC # 5 – June 2015)
Publicado lundi, 08 de septembre de 2014
Resumo
Ce numéro spécial portera sur les témoignages de victimes et leur rôle dans la compréhension et la connaissance des violences de masse du XXe siècle et du début du XXIe siècle. Il s’agira de s’interroger sur les processus et les enjeux de la conservation et la transmission de ces témoignages, en Europe et ailleurs, sur leur statut, ainsi que sur la multiplicité de leurs réceptions et de leurs usages. Au-delà du seul champ historien, et en conviant l’ensemble des disciplines des sciences humaines et sociales à cette réflexion, il s’agira aussi de souligner l’apport spécifique de ce type de matériaux émanant des victimes à la connaissance d’une expérience de la catastrophe, en intégrant à l’étude de ces violences l’analyse des enjeux personnels et collectifs qui président à l’acte même du témoignage.
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Argmentaire
Le thème de ce numéro spécial porte sur les témoignages de victimes et leur rôle dans la compréhension et la connaissance des violences de masse du xxe et du début du xxie siècles. La pertinence de l’usage de ce type de témoignages comme sources a été fortement contestée jusqu’à un passé relativement récent, donnant lieu à des débats d’ordre épistémologiques entre historiens, juristes ou spécialistes de la littérature de la Catastrophe. Ainsi, lorsqu’il s’agit de documenter des crimes contre l’humanité, des crimes de guerre ou des génocides, les témoignages des rescapés sont encore loin de faire l’unanimité parmi les historiens. L’historiographie du génocide des Arméniens, par exemple, a longtemps privilégié les documents officiels et les sources diplomatiques ou gouvernementales, ou bien encore les témoignages de « tiers » tels que les missionnaires, les médecins ou les consuls étrangers présents en Anatolie pendant la Première Guerre mondiale. À l’inverse, les témoignages des victimes des massacres et des déportations n’ont sérieusement commencé à être considérés comme des sources dignes d’intérêt, de la part des historiens du génocide de 1915, qu’à partir des années 1990. Ceci s’expliquait par la difficulté d’accès à de telles sources, qui n’étaient pas toujours traduites et restaient encore en grande partie manuscrites. Mais on peut y voir également une forme de réticence à fonder une analyse historique objective sur des sources qui, de par leur provenance, semblaient frappées du sceau de la partialité de la victime et de son expérience vécue des événements qu’elle décrivait. C’est pourtant l’étude des témoignages des victimes qui a permis de dépasser une lecture très générale de la mise en place du génocide, essentiellement fondée sur des archives officielles, et a rendu possible l’ébauche d’une micro-histoire de la destruction des Arméniens de l’Empire ottoman. Au-delà du cas arménien, la question du statut du témoignage et de son exploitation concerne l’ensemble des études portant sur des violences de masse, que ce soit au sujet des pogroms d’Europe de l’Est du début du xxe siècle, de la Shoah, des meurtres de masse perpétrés au Cambodge, du génocide des Tutsi du Rwanda, des crimes commis au cours de conflits récents comme dans l’ex-Yougoslavie et en Tchétchénie, mais aussi lors de certains épisodes de conquêtes coloniales.
Ce numéro spécial de la revue Études arméniennes contemporaines favorisera une réflexion comparée sur ce thème, en s’interrogeant, à travers la diversité des cas de figures, des terrains et des approches disciplinaires, sur les processus et les finalités de la constitution de fonds d’archives consacrés à la collecte, la conservation et la transmission de témoignages des victimes de telles violences, du début du xxe siècle à nos jours, en Europe et ailleurs. La discussion portera en particulier sur le statut historiographique de ces témoignages et sur la multiplicité de leurs réceptions et de leurs usages. Au-delà du seul champ historien, et en conviant l’ensemble des disciplines des sciences humaines et sociales à cette réflexion, il s’agira aussi de souligner l’apport spécifique de ce type de matériaux émanant des victimes à la connaissance d’une expérience de la Catastrophe, en intégrant à l’étude de ces violences l’analyse des enjeux personnels et collectifs qui président à l’acte même du témoignage.
Les contributions pourront tenter de répondre, entre autres, aux questions suivantes (liste non restrictive) :
• Peut-on parler d’un « genre » du témoignage de victimes ou d’une catégorie particulière de sources ? De quels types de témoignages parle-t-on exactement ? S’agit-il des textes qui ont été produits et recueillis à chaud (early testimonies), quasiment au moment même où se produisaient ces violences de masse ? Quel statut leur donner par rapport aux autres témoignages qui ont commencé à faire surface plusieurs années, voire plusieurs décennies après ces événements ?
• Quel statut conférer aux témoignages de victimes dans l’écriture de l’histoire et les autres champs de la connaissance ? Quel rapport entretiennent les différentes historiographies des violences de masses du xxe siècle avec les entreprises parfois systématiques de collectes de ces « témoignages » de victimes ?
• Quelles finalités accompagnent le passage à l’acte de témoigner ? Comment évaluer l’incidence des contextes historiques, sociaux et géographiques dans l’analyse des témoignages produits par les victimes des génocides et des violences de masse ? En particulier, comment la réflexion d’Annette Wieviorka sur l’avènement de l’« ère du témoin », à propos des témoignages sur la Shoah, peut-elle être transposée à l’analyse d’autres mémoires de violences de masse ?
Modalités de soumission
Les chercheurs intéressés par cet appel à communication sont invités à envoyer une proposition d’article de 450 à 500 mots ainsi qu’un titre provisoire et une brève notice biographique aux coordinateurs de ce numéro
- Alexandra Garbarini (agarbari@williams.edu)
- Boris Adjemian (boris.adjemian@gmail.com)
avant le 3 novembre 2014.
Une fois la sélection effectuée par le comité de rédaction d’Études arméniennes contemporaines, les auteurs dont les propositions d’articles auront été retenues devront envoyer leur article par courrier électronique avant le 15 février 2015.
La taille des articles ne devra pas dépasser 40 000 à 50 000 signes (espaces, notes et bibliographie inclus). Après l’évaluation des articles par un comité de lecture et d’éventuelles modifications, la parution de ce numéro spécial est prévue pour juin 2015.
Comité scientifique
- Boris Adjemian, chargé de cours à l'université Paris Ouest Nanterre La Défense
- Alexandra Garbarini, associate professor of history, Williams College (Mass.)
- Sévane Garibian, maître de conférences, universités de Genève et Neuchâtel
- Taline Papazian, chargée de cours à Sciences Po Paris
- Talin Suciyan, assistant professor, Ludwig Maximilian Universität München
- Julien Zarifian, maître de conférence, université de Cergy-Pontoise
- Vincent Duclert, chercheur associé au Centre d'études sociologiques et politiques Raymond-Aron (EHESS)
Categorias
Datas
- lundi, 03 de novembre de 2014
Ficheiros anexos
Palavras-chave
- témoin, témoignage, victimes, génocides, violences de masse
Contactos
- Boris Adjemian
courriel : eac [at] openedition [dot] org
Fonte da informação
- Boris Adjemian
courriel : eac [at] openedition [dot] org
Para citar este anúncio
« Le témoignage des victimes dans la connaissance des violences de masse », Chamada de trabalhos, Calenda, Publicado lundi, 08 de septembre de 2014, https://calenda-formation.labocleo.org/298763