La construction des régimes techniques des grands empires aux noyaux situés en marge de l’Europe, comme la Russie, le Portugal et l’Espagne, a fait l’objet de nombreuses études durant les dernières décennies. La mise en comparaison des politiques technoscientifiques d’enseignement et de recherche développées à ces fins par les gouvernements concernés a révélé d’étonnants parallélismes dans les logiques de leur lancement et / ou développement durant le « grand XVIII^e siècle ».

Argumentaire

La construction des régimes techniques des grands empires aux noyaux situés en marge de l’Europe, comme la Russie, le Portugal et l’Espagne, a fait l’objet de nombreuses études durant les dernières décennies. La mise en comparaison des politiques technoscientifiques d’enseignement et de recherche développées à ces fins par les gouvernements concernés a révélé d’étonnants parallélismes dans les logiques de leur lancement et/ou développement durant le « grand XVIII^e siècle ». Ainsi, les trois pays ont alors procédé à la (ré-)organisation des enseignements techniques menée sous la bannière de la modernisation, souvent perçue en terme de rattrapage vis à vis de leurs voisins européens plus avancés. Tous, ils ont visé d’entrée la promotion des domaines utiles et prestigieux (avec leurs institutions, experts et savoirs respectifs), les premiers devant assurer la meilleure emprise du territoire et sa défense face à l’ennemi extérieur (génie militaire et artillerie, cartographie et construction navale), les seconds devant fournir au pouvoir impérial les attributs symboliques de ses splendeurs et puissance (architecture et science académique). Tous, ils ont privilégié les structures d’Etat et mis du temps à promouvoir les domaines se développant en dehors de son contrôle direct (industrie privée). Enfin, pour atteindre ces objectifs, les trois pays ont eu recours aux politiques de transfert et de circulation des savoirs en mobilisant à leurs profit la somme des filières accessibles (hommes et objets ; textes et images ; recettes et technologies ; prototypes et modèles  de référence…).

En revanche, cette comparaison a soulevé pas mal de questions qui concernent à la fois les dimensions spatiale et temporelle de l’étude mais aussi ses dimensions locale et globale. On observe, notamment, des différences dans l’organisation géographique de ces systèmes de formation et de recherche, et d’importants décalages dans le temps de leur lancement que seule une analyse rapprochée des conditions locales et du contexte international peut aider à élucider.

C’est cette dernière approche que nous souhaitons tester dans le cadre du présent colloque. Organisé en une série de séquences thématiques consacrées, chacune, à un à deux domaines d’activité technique et  regroupant les contributeurs portugais, russes et espagnols, il se propose de tenter une comparaison systématique de la mise en pratique des politiques de transfert et de circulation développés par les pays concernés et d’en mesurer l’impact sur la construction des régimes techniques impériaux. Il souhaite également explorer plus à fonds le phénomène des dynamiques parallèles dans la mise en route des régimes techniques impériaux et interroger leurs temporalités parfois différées. Enfin, il souhaite offrir un cadre propice à la mise à l’épreuve du potentiel euristique des approches comparatistes.

Programme

Mercredi 15 octobre

Bibliothèque Publique d’Évora, Salle de Lecture

• 16h-16h15 : Accueil, inscription des participants
• 16h15-16h45 : Présentation de l’Institution par Zélia Parreira, directrice de la Bibliothèque publique d’Évora
• 16h45-17h15 : La Russie dans les livres et la cartographie de la Bibliothèque Publique d’Évora, Antónia Fialho Conde, Ana Cardoso de Matos (CIDEHUS – UÉ)
• 17h15-17h45 : Visite des collections

Jeudi 16 octobre

Amphithéâtre 131 – CES, Université d’Evora

9h-10h : Ouverture Officielle du Colloque

• Ouverture par le Recteur de l’Université d’Évora
• Introduction et présentation par Alexandre Kobak, Directeur de la Fondation D. Lihachev et de l’Institut Pierre le Grand, Saint-Pétersbourg)
• Ana Cardoso de Matos (UÉ-CIDEHUS, Évora) et Irina Gouzévitch (CMH-EHESS-Paris), Les études comparatistes et la collaboration internationale

1^e session : Techniques et empires, techniques pour les empires (XVIII^e siècle)

Modérateurs / commentateurs : Antoni Roca Rosell (UPC-Barcelona) et Maria Paula Diogo (CIUHCT-UNL, Lisboa)

• 10h-10h25 : L'institutionnalisation des enseignements techniques en France au XVIII^e siècle et les débuts de la professionnalisation des ingénieurs, André Grelon (CMH-EHESS, Paris)
• 10h25-10h50 : La Russie, l’Espagne, le Portugal et l’Empire ottoman : deux siècles de politiques technoscientifiques à l’épreuve des approches comparatistes, Irina Gouzevitch (CMH-EHESS, Paris), Ana Cardoso de Matos (UÉ-CIDEHUS, Évora), Darina Martykánová (UAM, Madrid)
• 10h50-11h15 : discussion
• 11h15-11h30 : pause café

Modérateurs / commentateurs : Filipe Themudo Barata (UÉ-CIDEHUS, Évora) et João Garcia (FL-UP et CIUHCT-UNL, Lisboa)

• 11h30-11h55 : Contre le déclin impérial et pour la nouvelle industrie. Les tendances du savoir technique en Espagne au XVIII^e siècle, Antoni Roca-Rosell (UPC, Barcelona)
• 11h55-12h20 : State, Science and Empire in the Portuguese Atlantic: The role of Brazil in the creation of a system of higher technical education in Portuguese empire (1770s-1810s) Luis Miguel Carolino (ISCTE/CEHC-IUL, Lisboa)
• 12h20-12h45 : discussion
• 12h45-14h : pause déjeuner

2^e Session : Cartographie et territoires

Modérateurs / commentateurs : Luis Miguel Carolino (ISCTE/CEHC-IUL, Lisboa) et Teresa Amado (UÉ-CHAIA, Évora)

• 14h00-14h25 : Joseph Nicolas Delisle et la cartographie russe : République de lettres ou espionnage? Dmitri Gouzevitch (CERCEC- EHESS, Paris)
• 14h25-14h50 : La Russie du XVIII^e siècle dans les collections cartographiques portugaises, João Carlos Garcia (FL-UP, Porto et CIUHCT-UNL, Lisboa)
• 14h50-15h15 : discussion
• 15h15-15h35 : pausé café

3^e Session : L'essor des régimes techniques militaires : l'exemple de la fortification et de la construction navale

Modérateurs/commentateurs: Irina Gouzévitch (CMH-EHESS, Paris) et Maria Paula Diogo (CIUHCT-UNL, Lisboa)

• 15h35-15h50 :  Couronne, fortifications et défense du territoire : les ingénieurs militaires à Alentejo, XVIII^e siècle, Antónia Fialho Conde (UÉ-CIDEHUS, Évora) et Ana Sousa (UÉ-CIDEHUS, Évora)
• 15h50 -16h15 : Couronne, fortifications et  défense du territoire : les ingénieurs militaires à Alentejo, XVIII^e siècle 
• 15h50-16h15 : Références européennes dans la construction navale russe à l’époque pétrovienne : exemple des galères, Aleksandr Dobrenko (St-Petersburg) 
• 16h15-16h35 : discussion
• 16h35-16h50 : pause café

4^e Session : L’architecture métropolitaine et les colonies

• Modérateurs/commentateurs: Darina Martykánová (UAM, Madrid) et João Soares (UÉ- CHAIA, Évora)
• 16h50 -17h10 : L’ile de Mozambique et l’influence de l’architecture européenne, Sofia Salema (UÉ-CHAIA, Évora) et Margarida Donas Botto (DGPC, Évora)
• 17h10 - 17h30 : Le changement de styles européens en architecture russe à l’époque pétrovienne, Sergej Klimenko et Julia Klimenko (Institut d’architecture, Moscou)
• 17h30 - 17h50 : Discussion

Vendredi 17 Octobre

9h30-10h30 : Visite de l’Université d’Evora

10h30 - 12h : Table ronde : Les Académies des sciences au XVIII^e siècle — Quels modèles pour le centre-périphérie des empires ?

Modérateurs/commentateurs: Irina Gouzévitch (CMH-EHESS, Paris) et Ana Cardoso de Matos (UÉ-CIDEHUS, Évora)

• Galina Smagina (IIET, St-Pétersbourg),
• Antoni Roca-Rosell (Universidad Politécnica de Cataluña, Barcelona),
• Fátima Nunes (UÉ-CEHFCi, Évora),
• Darina Martykánová (UAM, Madrid)

12h30 13h30 : visite de la ville

13h30-15h00 : déjeuner