Calenda - The calendar for arts, humanities and social sciences
Mensonge et manipulation. Le faux au prisme des sciences humaines et sociales
Lüge und Manipulation. Die Unwahrheit im Spektrum der Geistes- und Sozialwissenschaften
Published on jeudi, février 12, 2015
Summary
Ce neuvième numéro de Trajectoires se propose d’étudier, de manière interdisciplinaire, la place, le statut et les implications des notions de mensonge et de manipulation dans les sciences humaines et sociales. Le mensonge sera considéré comme un objet théorique autant qu’empirique, et cela à plusieurs échelles : du mensonge idéologique ou institutionnel jusqu’aux phénomènes quotidiens, comme les formules de politesse ou la publicité.
Die neunte Themenausgabe von Trajectoires hat sich das Ziel gesetzt, den Status und die verschiedenen Bedeutungen der Lüge und der Manipulation in den Geistes- und Sozialwissenschaften aus einer interdisziplinären Perspektive zu beleuchten. Die Lüge wird dabei gleichermaßen als theoretischer wie als empirischer Untersuchungsgegenstand betrachtet, der auf unterschiedlichen Ebenen zu verorten ist: von der ideologischen und institutionalisierten Lüge bis hin zu Alltagsphänomenen wie Höflichkeitsfloskeln oder Werbung.
Announcement
Argumentaire
Ce neuvième numéro de Trajectoires se propose d’étudier, de manière interdisciplinaire, la place, le statut et les implications des notions de mensonge et de manipulation dans les sciences humaines et sociales. Le mensonge sera considéré comme un objet théorique autant qu’empirique, et cela à plusieurs échelles : du mensonge idéologique ou institutionnel jusqu’aux phénomènes quotidiens, comme les formules de politesse ou la publicité.
Le mensonge peut se définir comme la transmission d’une information sciemment déformée à des fins conscientes ou inconscientes. Le mensonge n’est pas réductible à un acte de langage – quoiqu’il en prenne souvent la forme –, puisqu’il peut être véhiculé par une image ou par un geste, voire résider dans la rétention d’une information (mensonge par omission). En admettant que le mensonge revête une fonction sociale, on peut l’appréhender comme un instrument ou une stratégie de manipulation afin de conforter (ou améliorer) une position dans l’espace social. Soumis à un jugement éthique, le mensonge semble enfin inscrit dans un système de valeurs ou de pédagogie sociale, tout en étant admis, voire exigé dans certains cas.
L’omniprésence du mensonge, ainsi que la variété des supports (énonciation, image, film, langage corporel…) et les multiples formes qu’il peut prendre (invention, falsification, plagiat, omission…) en font une notion variable qui traverse toutes les disciplines des sciences humaines et sociales, mobilisant également les savoirs provenant des sciences naturelles (notamment des neurosciences et de la psychologie).
En philosophie, la question du mensonge apparaît centrale, et ce dès l’origine de la discipline. Contre l’immoralité du mensonge, mais également contre la sophistique, Platon affirme le lien fondamental entre philosophie et vérité. La pensée chrétienne, d’Augustin à Thomas d’Aquin, dénonce dans le mensonge une perturbation de l’ordre divin et un procédé diabolique. La condamnation du mensonge n’a cependant pas toujours été aussi univoque. La philosophie morale a constamment questionné la légitimité du mensonge, entre interdit absolu et justification ponctuelle, comme l’illustre l’opposition célèbre entre Emmanuel Kant et Benjamin Constant.
Le mensonge étant (le plus souvent) un phénomène de la langue, les sciences linguistiques se sont, elles aussi, approprié la question. Harald Weinrich a proposé une analyse sur la construction linguistique du mensonge à plusieurs niveaux, incluant des réflexions sur les figures de style comme l’image et l’ironie (Weinrich, 1966). Plus récemment, les recherches autour du linguistic turn ont insisté sur la construction linguistique du savoir. Sans aller jusqu’à qualifier l’écriture scientifique de mensongère, ce tournant a questionné les critères d’objectivité et de vérité en prenant en compte les procédés narratifs et fictionnels qui transcendent toute production de connaissance.
Dans la littérature, le mensonge est d’une part mobilisé en tant que sujet de la narration, à travers tantôt des protagonistes menteurs, tantôt des narrateurs peu fiables ou manipulateurs. D’autre part, le champ sémantique du mensonge est aussi investi pour conceptualiser l’invention littéraire. La distinction, dans la Poétique d’Aristote, entre l’historien en tant que chroniqueur du particulier et le poète en tant que dépositaire des vérités générales, a initié un long débat autour de la « vérité » littéraire et du rapport entre fictionnalité et réalité. Loin d’être une querelle d’érudits, le statut fictionnel des œuvres fait souvent l’objet d’une problématisation au sein de la narration même, comme, à titre d’exemple, dans le « mentir-vrai » de Louis Aragon.
Dans l’histoire de l’art et de l’architecture, même si le terme de mensonge est rarement employé de manière explicite, il participe au champ lexical qui s’organise autour de la notion d’illusion et s’inscrit également dans l'opposition entre l'authentique et le faux. Si l’illusion est un terme particulièrement cher à l’époque baroque, la recherche de l’authenticité en ce qui concerne les matériaux, la reproduction de l'œuvre ou la relation entre contenu et représentation est une obsession de la modernité. L'architecture postmoderne, quant à elle, exploite volontiers les mascarades et les contradictions. De nos jours, les reconstructions de bâtiments historiques évoquent la question de l’origine, en faisant « mentir » le bâti sur son âge. À travers les époques, architectes et artistes se sont livrés à la manipulation de la perception et des systèmes sensoriels, tout en étant eux-mêmes sensibles aux intérêts commerciaux, aux attentes sociales ou institutionnelles, aux contraintes politiques. Un cas particulier illustrant la manipulation en art est la figure du faussaire, génie malhonnête. À un autre niveau, la question du faux en art invite à réfléchir à l’ensemble du réseau institutionnel qui participe à l’attribution – parfois fallacieuse – des œuvres.
Juridiquement, le mensonge est également difficile à appréhender. Il n’en existe pas de définition universelle dans les textes légaux, mais l’application concrète du droit mobilise des notions en relation avec la problématique du mensonge et de la vérité – par exemple dans les concepts de parjure ou de dol. Dans tous les cas, une simple dichotomie qui opposerait le mensonge, susceptible d’être sanctionné, à la vérité, relevant d’une obligation, n'existe pas – du moins pas techniquement. Moralement, la question est controversée, tant elle semble relever plutôt de la philosophie, de la sociologie ou de la théorie du droit. En même temps, la non-vérité (énoncée intentionnellement ou non) est un fait quotidien et doit donc être prise en compte par le droit, d’où l’intérêt de définir les notions de « mensonge » ou « mentir » dans le domaine du droit avec toutes ses facettes sociologiques, historiques, théoriques etc.
Si l’histoire semble pouvoir se définir comme une quête de vérité, elle ne peut toutefois se contenter d’une seule vérité, figée et immuable, le travail de l’historien étant une interrogation permanente du passé et des connaissances, à l’aune de nouvelles sources ou de nouveaux modèles d’interprétation (Jahan, 2007). Cependant, la notion de « mensonge », de falsification, semble, elle, être bien présente, comme l’a montré Henry Rousso. À travers son concept de « négationnisme » (Rousso, 1987), il dénonce ceux qui, par une démarche de falsification du travail de l’historien, visent la « négation pure et simple de faits bien établis » (cf. Jouanneau, 2008 : 118). Toutefois, à partir de cette opposition entre une vérité toujours en débats et une démarche volontaire de tromperie, il convient de s’interroger sur la manière dont on peut caractériser certaines pratiques et controverses : la lecture de l’histoire à travers un prisme idéologique fort ; les critiques radicales d'une position dominante dans l’historiographie, comme celle d’Ernst Nolte lors de la querelle des historiens (Historikerstreit) ; l’utilisation à des fins politiques de l'histoire, notamment lors de l'élaboration et de la glorification d'un récit national, etc.
De plus, la notion de mensonge n'est pas seulement au cœur de la démarche éthique de l'historien, elle a également été un objet d'étude en soi. À la Renaissance et à l'époque moderne, c'est notamment autour des concepts de simulatio (l’action de faire apparaître une chose qui n'est pas) et de dissimulatio (l’action de cacher ce qui est) que s’est construite une véritable science du faux-semblant et du camouflage. Jean-Pierre Cavaillé et Jon Snyder ont ainsi montré l’importance que les élites intellectuelles et politiques attribuaient à l’art du masquage (Snyder, 2009 et Cavaillé, 2002). Pourtant, le mensonge n’a jamais été la prérogative des savants ou des notables, d’autant que les limites entre le façonnement de soi et le mensonge s’avèrent instables dans toutes les couches sociales (Davis, 1983). De fait, la longue histoire de l’imposture – Valentin Groebner l’a montré – est aussi l’histoire de l’identification et des techniques employées par les autorités pour figer l’identité individuelle de leurs sujets (Groebner, 2004).
Ce même phénomène fait aussi l’objet d’études au sein des sciences politiques, où vérité et mensonge jouent un rôle important, alors qu’il est rare que ces deux catégories soient explicitement utilisées. Affirmer qu’un discours est vrai est une caractéristique presque universelle de la parole politique, quitte à en faire un geste purement rhétorique – à l’instar de Nicolas Machiavel qui dissocie nettement « politique » et « morale » (Machiavel, 1972). Si la question de la légitimité d’une telle instrumentalisation peut se poser, le mensonge peut aussi être abordé sous l’angle de la philosophie politique. Les sciences politiques s’intéressant à la question de la constitution et du maintien de l’autorité, le mensonge produit une asymétrie en termes d’information qui constitue, comme Georg Simmel l’a montré, un instrument de domination et un moyen d’asseoir le pouvoir (Simmel, 2008). Le mensonge peut ainsi être considéré comme un élément structurel des rapports politiques auquel il convient de s’intéresser de manière analytique et systématique.
Le dossier se propose d’étudier le mensonge dans ses différents contextes et manifestations. Plusieurs angles d’analyse – non exclusifs – du mensonge peuvent être envisagés :
1) L’illusion : Le premier axe porte sur la contre-vérité à laquelle le mensonge fait croire (fiction, façade, trucage, postiche), et qui semble devenir un principe constitutif de l’art et de la littérature, mais aussi de la publicité et des rapports sociaux dans leur ensemble.
2) L’instrumentalisation : Dans un deuxième axe, il s’agit d’analyser le mensonge au service d’un système de croyance ou de doctrines préétablies (idéologie, religion), ou de considérer le mensonge comme porteur d’un message ou d’un appel pragmatique (publicité, propagande).
3) La simulation et la dissimulation : Le troisième axe permet de questionner les frontières entre le vrai et le faux, en accordant une attention particulière aux catégories instables (mensonge par omission, mensonge diplomatique, s’opposant plus à « sincérité » qu’à « vérité », ou encore la distinction entre le vrai et le vraisemblable).
Le dossier thématique du numéro 9 de la revue Trajectoires invite donc à penser le mensonge dans une perspective interdisciplinaire. Les études cherchant à proposer une définition ou conceptualisation du mensonge, fondées sur des matériaux empiriques, théoriques ou littéraires sont particulièrement bienvenues. Trajectoires s’attachant avant tout à l’étude des mondes francophone et germanique, nous encourageons également les auteurs à proposer des études comparatives.
Modalités de soumission
Trajectoires souhaite susciter l’intérêt de jeunes chercheurs (doctorants, post-doctorants, et éventuellement mastérants) en sciences humaines et sociales. Les propositions d’article en langue française ou allemande de 5.000 signes maximum (espaces compris) devront faire apparaître clairement la problématique, la méthode, le corpus/ le terrain, les éléments centraux de l’argumentation et la dimension franco-allemande. Elles sont à envoyer, accompagnées d’un CV scientifique, au plus tard le 30 mars 2015 au comité de rédaction : trajectoires@ciera.fr.
Les auteurs sélectionnés seront prévenus à la mi-avril et devront envoyer leur texte avant le 1er juin 2015. Les articles seront ensuite soumis à une double peer review. Des informations plus détaillées pour les auteurs sont disponibles sur le site de la revue : http://trajectoires.revues.org/472.
La revue Trajectoires, travaux de jeunes chercheurs du CIERA est publiée sur le portail revues.org :http://trajectoires.revues.org
Références des ouvrages cités
Aragon, Louis (1980) : Le mentir-vrai. Paris (Gallimard).
Cavaillé, Jean-Pierre (2002) : Dis/simulations: Jules-César Vanini, François La Mothe Le Vayer, Gabriel Naudé, Louis Machon et Torquato Accetto : religion, morale et politique au XVIIe siècle. Paris (Champion).
Davis, Natalie Zemon (1983) : The Return of Martin Guerre. Cambridge (Harvard University Press).
Groebner, Valentin (2004) : Der Schein der Person: Steckbrief, Ausweis und Kontrolle im Europa des Mittelalters, München (Beck).
Jahan, Sébastien (2007) : « Trous de mémoire, silences, relectures apologétiques et histoire de colonisation : du bon usage du terme négationnisme », Cahiers d'histoire. Revue d'histoire critique, 101, en ligne : http://chrhc.revues.org/595.
Jouanneau, Bernard (2008) : La Justice et l'Histoire face au négationnisme : Au cœur d'un procès, Paris (Fayard).
Machiavel, Nicolas (1972) : Le Prince. Paris (Seghers).
Rousso, Henry (1987) : Le syndrome de Vichy. Paris (Seuil).
Simmel, Georg (2008) : « Zur Psychologie und Soziologie der Lüge », in : Individualismus in der modernen Zeit, Frankfurt am Main (Suhrkamp), p. 84-94.
Snyder, Jon (2009) : Dissimulation and the Culture of Secrecy in Early Modern Europe. Berkely (University of California Press).
Weinrich, Harald (1966) : Linguistik der Lüge. Heidelberg (Schneider).
Comité de rédaction
- Julien Beaufils, Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3
- Cornelia Escher, Université de Konstanz
- Daniel Rakovsky, Université Paris-Sorbonne, Université de Bonn
- Luca Scholz, Institut universitaire européen de Florence
- Philipp Siegert, Max-Planck-Institut für europäische Rechtsgeschichte, Institut français d'histoire en Allemagne
Rédactrice en chef :
- Anne SEITZ, lectrice DAAD au CIERA, École des hautes études en sciences sociales (EHESS)
Die neunte Themenausgabe von Trajectoires hat sich das Ziel gesetzt, den Status und die verschiedenen Bedeutungen der Lüge und der Manipulation in den Geistes- und Sozialwissenschaften aus einer interdisziplinären Perspektive zu beleuchten. Die Lüge wird dabei gleichermaßen als theoretischer wie als empirischer Untersuchungsgegenstand betrachtet, der auf unterschiedlichen Ebenen zu verorten ist: von der ideologischen und institutionalisierten Lüge bis hin zu Alltagsphänomenen wie Höflichkeitsfloskeln oder Werbung.
Die Lüge kann als wissentliche Weitergabe einer falschen Information verstanden werden, die einen bewussten oder unbewussten Vorteil verspricht. Dabei lässt sich die Lüge nicht auf die Falschaussage beschränken – auch wenn dies ihre verbreitetste Form sein mag –, da sie auch in einem Bild, einer Geste oder sogar in der Auslassung des Sprechakts bestehen kann (Lüge durch Verschweigen). Unter der Annahme, dass die Lüge eine soziale Funktion erfüllt, kann sie als Mittel oder Strategie eines Manipulationsakts verstanden werden, der die eigene Position im sozialen Raum festigen oder verbessern soll. Insofern die Lüge ethischen Bewertungskriterien unterworfen ist, fügt sie sich in ein Wertesystem oder einen pädagogischen Kollektivauftrag ein, der sie in bestimmten Situationen zu billigen, wenn nicht gar zu erfordern scheint.
Die Allgegenwart sowie der Facettenreichtum der Lüge in Form (Aussage, Bild, Film, Körpersprache, etc.) und Art (Erfindung, Fälschung, Plagiat, Auslassung etc.) machen sie zu einem variablen Konzept, das alle Disziplinen der Geistes- und Sozialwissenschaften durchzieht und auch die Naturwissenschaften – insbesondere die Neurowissenschaften und die Psychologie – beschäftigt.
Für die Philosophie ist die Auseinandersetzung mit der Lüge zentral und so alt wie die Disziplin selbst. Platon bringt gegen die Immoralität der Lüge, aber ebenso gegen die Sophistik etwa die unverbrüchliche Verbindung von Philosophie und Wahrheit in Stellung. Die christliche Philosophie, von Augustinus bis Thomas von Aquin, verwirft die Lüge als Störung der göttlichen Ordnung und bezeichnet sie als Teufelswerk. Das Urteil über die Lüge ist allerdings nicht immer so eindeutig gewesen. In der Moralphilosophie – z. B. in der berühmten Kontroverse zwischen Immanuel Kant und Benjamin Constant – wird die Legitimität der Lüge zwischen dem kategorischen Verbot und der gelegentlichen Billigung hinterfragt.
In dem Maße, in dem die Lüge (wie zumeist) in Form einer Sprachäußerung auftritt, haben sich auch die Sprachwissenschaften ihrer angenommen. Harald Weinrich hat eine Analyse der sprachlichen Beschaffenheit der Lüge vorgelegt, die er auf verschiedenen Ebenen – etwa in den stilistischen Mitteln der Bildlichkeit und der Ironie – beleuchtet (Weinrich, 1966). In jüngerer Zeit haben sich die Forscher rund um den linguistic turn mit der sprachlichen Verfasstheit des Wissens an sich auseinandergesetzt. Ohne die wissenschaftliche Textproduktion als grundsätzlich unwahr auszuweisen, haben sie angesichts der narrativen und fiktionalen Verfahrensweisen des wissenschaftlichen Schreibens die Objektivitätskriterien und den Wahrheitsanspruch jeglichen Erkenntnisprozesses hinterfragt.
In der Literatur wird die Lüge einerseits als Erzählsubjekt herangezogen, sei es in der Form von lügenden Protagonisten, sei es in der Form unzuverlässiger oder manipulierender Erzähler. Andererseits ist das semantische Feld der Lüge auch anschlussfähig für die Konzeptualisierung literarischer Invention. Die in Aristoteles’ Poetik getroffene Unterscheidung zwischen dem Historiker als Chronisten des Besonderen und dem Dichter als Verkünder allgemeiner Wahrheit wurde zum Ausgangspunkt einer anhaltenden Debatte über die literarische „Wahrheit“ und das Verhältnis von Fiktionalität und Wirklichkeit. Diese ist keineswegs nur den Expertenkreisen vorbehalten, sondern wird auch in den literarischen Texten selbst ausgetragen, wie beispielsweise im Begriff des „Wahr-Lügens“ von Louis Aragon.
Auch wenn der Begriff der Lüge in der Kunst- und Architekturgeschichte kaum explizit Verwendung findet, stellt er einen Extremfall des Begriffsfeldes um die Illusion dar und wird im Gegensatz von Authentischem und Falschem sichtbar. Wird der Begriff der Illusion besonders gern in Bezug auf die Epoche des Barock verwendet, so erscheint die Suche nach Authentizität in der Materialität, in der Reproduktion des Werks oder in dem Verhältnis von Inhalt und Form ein zentrales Anliegen der Moderne. Die postmoderne Architektur wiederum greift ihrerseits auf Maskeraden und Widersprüche zurück. Aktuell werfen Rekonstruktionen historischer Gebäude insofern die Frage der Echtheit auf, als den Gebäuden ein „falsches“ Alter eingeschrieben wird. Durch alle Epochen hindurch haben sich Architekten und Künstler schließlich Verfahren bedient, die die Sinneswahrnehmungen ihrer Betrachter manipulieren, um wirtschaftlichen Interessen, gesellschaftlichen und institutionellen Erwartungen oder politischen Zwängen zu genügen. Einen Sonderfall, der die Frage der Manipulation und der Fälschung in der Kunstgeschichte berührt, ist die Figur des Fälschers oder des unlauteren Genies. Auf einer übergeordneten Ebene lädt diese Frage zu einem grundsätzlichen Nachdenken über die institutionellen Bedingungen der – teilweise fälschlichen – Zuschreibung von Kunstwerken ein.
Auch juristisch ist die Lüge schwer zu fassen. In Gesetzestexten gibt es keine allgemeingültige Definition, aber in verschiedenen Anwendungsbereichen des Rechts finden sich Begriffe, die sich auf die Problematik von Wahrheit und Lüge beziehen, zum Beispiel in Begrifflichkeiten wie 'Meineid' oder 'arglistige Täuschung'. Es besteht jedoch keinesfalls eine klare Dichotomie, die die Lüge stets verurteilt und ihr die Verpflichtung auf die Wahrheit gegenüberstellt. Die moralische Einordnung ist umstritten, ließe sie sich doch nur philosophisch, soziologisch oder rechtstheoretisch behandeln. Zugleich ist die (bewusst oder unbewusst geäußerte) Unwahrheit eine alltägliche Tatsache und muss daher rechtlich Beachtung finden. Hieraus begründet sich die Relevanz einer Definition des Begriffs der Lüge bzw. des Lügens in seinen soziologischen, historischen, theoretischen und anderen Facetten.
Während die Geschichtswissenschaft als Suche nach Wahrheit verstanden werden kann, kann sie sich gleichwohl nicht mit einer einzigen, festen und unveränderlichen Wahrheit begnügen, da die Arbeit des Historikers in einer ständigen Hinterfragung der Vergangenheit und etablierten Wissens besteht, die durch neue Quellen und Interpretationsmodelle bedingt wird (Jahan, 2007). Was die Lüge selbst, bzw. die Fälschung anbelangt, so scheinen diese hingegen sehr wohl greifbar, wie es Henry Rousso gezeigt hat. Mit dem Konzept des „Negationismus“ (Rousso, 1987) klagt er jene an, die durch die „schlichte Leugnung etablierter Fakten“ die Arbeit der Historiker zu verfälschen suchen (Rousso, nach Jouanneau, 2008: 118). Angesichts dieser Gegenüberstellung einer ständig von neuem hinterfragten Wahrheit und einer Praxis der bewussten Täuschung lässt sich fragen, wie bestimmte Praktiken und Kontroversen verstanden werden können: z.B Interpretation der Geschichte auf Grundlage stark ideologisch geprägter Blickwinkels; die radikale Kritik an historiographisch dominanten Positionen wie sie Ernst Nolte im Historikerstreit vorbrachte; oder die Instrumentalisierung der Geschichte für politische Ziele, insbesondere zur Konstruktion und Glorifizierung nationaler Geltungsgeschichten, etc.
Der Begriff der „Lüge“ gehört nicht nur in die Ethik des Historikers, die Lüge ist ihm auch selbst ein Erkenntnisgegenstand. In der Renaissance und in der Frühen Neuzeit hat sich um die Begriffe der simulatio (die Vortäuschung dessen, was nicht ist) und dissimulatio (das Verbergen dessen, was ist) z.B. eine regelrechte Wissenschaft der Täuschung und Camouflage entwickelt. Jean Pierre Cavaillé und Jon Snyder haben gezeigt, welche Bedeutung intellektuelle und politische Eliten der Kunst der Maskierung in diesem Zusammenhang zumaßen (Snyder, 2009 und Cavaillé, 2002). Freilich war die Lüge nie ein Privileg der Gebildeten und Standespersonen, umso mehr, da die Grenzen zwischen Selbstentwurf und Lüge in allen Schichten unscharf sind (Davis, 1983). Die lange Geschichte des Betrugs ist zugleich – Valentin Groebner hat das gezeigt – die Geschichte der Identifizierung und die Geschichte jener Techniken, die die Obrigkeiten einsetzen, um die individuelle Identität der Untertanen zu bestimmen (Groebner, 2004).
Die Lüge ist auch in der Politikwissenschaft ein wichtiger Erkenntnisgegenstand. Wahrheit und Lüge spielen hier eine zentrale Rolle, auch wenn diese Kategorien nur selten explizit benannt werden. Die Wahrheit des eigenen Worts zu beanspruchen, ist Bestandteil nahezu jeder politischen Rede, so dass dieser Anspruch zur bloßen rhetorischen Geste verkommen kann – ganz nach Niccolò Machiavelli, der „Politik“ und „Moral“ scharf voneinander trennte (Machiavelli, 1972). Sofern dies die Frage nach der Legitimität einer solchen Instrumentalisierung aufwirft, kann man sich der der Lüge auch auf der Ebene der politischen Theorie annähern. Die Politikwissenschaft befasst sich bekanntlich mit der Frage der Konstitution und der Erhaltung von Macht, wobei die Lüge eine asymmetrische Informationslage erzeugt, die, wie Simmel gezeigt hat, zum Herrschaftsinstrument und zum Mittel der Aneignung von Macht werden kann (Simmel, 2008). Die Lüge ist also als ein Strukturmerkmal politischer Beziehungen anzusehen, das der analytischen und systematischen Untersuchung bedarf.
Das Themendossier widmet sich einer Untersuchung der Lüge in ihren unterschiedlichen Kontexten und Erscheinungsformen. Verschiedene Blickwinkel auf die Lüge kommen somit in Betracht, sind aber keineswegs erschöpfend:
1) Die Illusion: Die erste Achse beschäftigt sich mit der durch die Lüge aufgebauten Gegenwelt (Fiktion, Fassade, Montage, Attrappe), die als ein konstruktives Prinzip der Kunst, der Literatur oder der Werbung, aber auch der sozialen Beziehungen im Allgemeinen erscheint.
2) Die Instrumentalisierung: Die zweite Achse widmet sich der Lüge im Dienste eines Glaubenssystems oder eines Systems vorgefasster Doktrinen (Ideologie, Religion) sowie/ oder der Lüge in ihren handlungsleitenden Funktionen (Werbung, Propaganda).
3) Die Simulation und die Dissimulation: Die dritte Achse erlaubt es, die Grenzen zwischen dem Wahren und dem Falschen zu befragen und richtet die Aufmerksamkeit auf instabile Kategorien (die Lüge durch Verschweigen und die strategische Lüge, welche mehr gegen die Aufrichtigkeit als gegen die Wahrheit verstoßen, oder die Unterscheidung zwischen dem Wahren und dem Wahrscheinlichen).
Das Themendossier der neunten Ausgabe von Trajectoires setzt sich somit das Ziel, einen interdisziplinären Beitrag zur Ergründung der Konzepte von Lüge und Manipulation zu leisten. Wir begrüßen deswegen insbesondere Beiträge, die eine Konzeptualisierung oder Definition dieser Begriffe von Autoritätsfiguren auf der Grundlage von Fallbeispielen oder von empirischen, theoretischen oder literarischen Quellen vornehmen. Wir freuen uns zudem über vergleichende Untersuchungen aus dem deutsch- und französischsprachigen Raum.
Trajectoires veröffentlicht Beiträge von Nachwuchswissenschaftlern (Doktoranden, Post-Doktoranden und eventuell Master-Studenten) aus den Geistes- und Sozialwissenschaften. Die Artikelvorschläge in französischer oder deutscher Sprache (nicht länger als 5000 Zeichen, inkl. Leerzeichen) sollten die Fragestellung, die Methode, den Quellenkorpus bzw. das Terrain, den deutsch-französischen Bezug und die zentralen Argumente deutlich machen. Wir bitten um Zusendung der Vorschläge und eines akademischen Lebenslaufs bis zum 30. März 2015 an die Redaktion (trajectoires@ciera.fr).
Die ausgewählten Beiträger/innen werden bis Mitte April benachrichtigt; der Abgabetermin für die Artikel ist der 1. Juni 2015. Die Beiträge werden anschließend in einem doppelten Peer-Review begutachtet. Weitere Informationen für interessierte Autoren sind auf der Homepage von Trajectoires verfügbar: http://trajectoires.revues.org/472.
Die Zeitschrift Trajectoires, travaux de jeunes chercheurs du CIERA wird auf dem Portal Revues.org: http://trajectoires.revues.org veröffentlicht.
Zitierte Literatur
Aragon, Louis (1980): Le mentir-vrai. Paris (Gallimard).
Cavaillé, Jean-Pierre (2002): Dis/simulations: Jules-César Vanini, François La Mothe Le Vayer, Gabriel Naudé, Louis Machon et Torquato Accetto : religion, morale et politique au XVIIe siècle. Paris (Champion).
Davis, Natalie Zemon (1983): The Return of Martin Guerre. Cambridge (Harvard University Press).
Groebner, Valentin (2004): Der Schein der Person: Steckbrief, Ausweis und Kontrolle im Europa des Mittelalters, München (Beck).
Jahan, Sébastien (2007): „Trous de mémoire, silences, relectures apologétiques et histoire de colonisation: du bon usage du terme négationnisme“, Cahiers d'histoire. Revue d'histoire critique, 101, URL : http://chrhc.revues.org/595.
Jouanneau, Bernard (2008): La Justice et l'Histoire face au négationnisme : Au cœur d'un procès, Paris (Fayard).
Machiavelli, Niccolò (1995): Der Fürst. Frankfurt am Main (Insel).
Rousso, Henry (1987): Le syndrome de Vichy. Paris (Seuil).
Simmel, Georg (2008): „Zur Psychologie und Soziologie der Lüge“, in: Individualismus in der modernen Zeit, Frankfurt am Main (Suhrkamp), S. 84-94.
Snyder, Jon (2009): Dissimulation and the Culture of Secrecy in Early Modern Europe. Berkely (University of California Press).
Weinrich, Harald (1966): Linguistik der Lüge. Heidelberg (Schneider).
Redaktion
- Julien Beaufils, Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3
- Cornelia Escher, Université de Konstanz
- Daniel Rakovsky, Université Paris-Sorbonne, Université de Bonn
- Luca Scholz, Institut universitaire européen de Florence
- Philipp Siegert, Max-Planck-Institut für europäische Rechtsgeschichte, Institut français d'histoire en Allemagne
Rédactrice en chef :
- Anne SEITZ, lectrice DAAD au CIERA, École des hautes études en sciences sociales (EHESS)
Subjects
Date(s)
- lundi, mars 30, 2015
Keywords
- interdisciplinarité, illusion, instrumentalisation, manipulation, mensonge
Contact(s)
- Anne Seitz
courriel : anne [dot] seitz [at] paris-sorbonne [dot] fr
Reference Urls
Information source
- Anne Seitz
courriel : anne [dot] seitz [at] paris-sorbonne [dot] fr
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