Depuis mars 2011, la Syrie est entrée dans une crise profonde. Le gouvernement syrien est resté en place mais les combats continuent entre l’armée syrienne et les insurgés et également au sein de l’opposition, qui contrôle une partie du territoire. Le nombre de victimes dépasse les 200 000, et plus de 11,5 millions de personnes ont été forcées de fuir leur domicile, soit la moitié de la population syrienne. 4 millions de syriens se sont réfugiés dans les pays voisins et 7,5 millions sont des déplacés internes. La moitié du pays se trouve dans une profonde insécurité et dans le dénuement et rares sont ceux qui rentrent chez eux. Bloqués dans les pays voisins, les réfugiés dépendent d’une aide internationale qui s’amoindrit alors que les besoins sont croissants et qu’aucune solution diplomatique ou militaire ne semble se dessiner.

Organisateurs

Colloque organisé par le GREMMO (Groupe de Recherches et d’Etudes sur la Méditerranée et le Moyen-Orient), laboratoire CNRS – Université Lyon 2

Argumentaire

Ce colloque « 4 années de conflit en Syrie : un désastre humanitaire » s’inscrit dans une série de rencontres scientifiques sur le thème : « Le Proche-Orient et la crise syrienne ». Depuis quatre ans nous avons analysé les causes et le processus de la crise syrienne. Le gouvernement syrien est resté en place mais une partie du territoire est toujours sous le contrôle des rebelles.

Depuis les évènements de Deraa, en mars 2011, la Syrie est entrée dans une crise profonde. Le nombre de victimes dépasse les 200,000, plus de 4 millions de Syriens ont fui le pays et 7,5 millions sont des déplacés internes, soit près de la moitié de la population syrienne. Les combats font rages entre l’armée syrienne et les rebelles, mais également entre les rebelles eux-mêmes, puisque le Front Al Nosra et l’Etat Islamique tentent de s’imposer au sein de l’opposition armée. La moitié du pays se trouve dans une profonde insécurité et dans le dénuement.

Le 1^er décembre 2014, le Programme Mondial pour l’Alimentation a annoncé qu’il ne pouvait fournir de la nourriture à  1,7 millions de réfugiés syriens installés dans les pays voisins et que ses aides aux populations déplacées en Syrie allaient s’interrompre le 1 février 2015. Un don de l’Union Européenne et des dons privés ont permis in extremis de rétablir les distributions de nourriture, sans quoi une explosion sociale était à craindre au Liban, en Jordanie et en Irak.

La crise syrienne dure et le flot de réfugiés continue d’augmenter, car rares sont ceux qui peuvent retourner dans leur domicile, soit qu’il a été détruit ou que la sécurité n’a pas été rétablie. Des centaines de milliers, voire des millions, de réfugiés sont donc bloqués dans les pays voisins. Ils dépendent de l’aide internationale pour leur survie, car les possibilités d’intégration sur un marché du travail saturé ou protégé sont minimes. Or, la multiplication des crises humanitaires dans le monde et une certaine lassitude à l’égard de la crise syrienne réduit l’aide financière alors que les besoins sont croissants.

En l'absence de solution diplomatique ou militaire en vue, la crise syrienne continuera. Les crises de réfugiés vont donc augmenter aussi, avec le Liban comme destination privilégiée pour de nombreux réfugiés en raison de l'accès privilégié accordé aux ressortissants syriens. La situation sécuritaire du Liban va probablement se détériorer davantage, du fait du flux de réfugiés et de l’implication des partis libanais dans la crise.

L’objet de ce colloque sera de faire le point sur la situation humanitaire après quatre années de crise et d’établir quelques scénarios pour le futur.

Programme

9h : accueil des participants

9h30-10h : Ouverture du colloque

• Béatrice Clavel, Vice Présidente Université Lyon 2
• Hilda Tchoboyan, Conseil Régional de Rhône Alpes
• Fabrice Balanche, GREMMO, Université Lumière Lyon 2

10h-11h : Le bilan du conflit (Le nombre de réfugiés, les destructions et les conséquences sur les pays voisins)

Président de séance : Youssef Diab, Université Paris-Est Marne la Vallée

• Carole Laleve Vallat, UNHCR
• Roula Maya, Consultante à l’ESCWA
• Rémi Baudouï, UNIGE Consultant à ESCWA

11h-11h30 : pause

11h30-13h : La réponse humanitaire (L’aide aux réfugiés, la situation dans les camps, les aides alimentaires et les réseaux de solidarité)

Président de séance : Marc Lavergne, CNRS - GREMMO

Répartition prévisionnelle :

• Véronique Moreira, Vice-présidente de la Région Rhône Alpes
• Jean-François Ploquin, Forum des réfugiés Rhône-Alpes/OFPRA
• Lise Salavert, Solidarité
• Stéphane Lobjois, Secours Islamique
• Elisabeth Longuenesse, CNRS

13h-14h : Repas

14h-15h30 : La dynamique du conflit et ses conséquences humanitaires

Président de séance : Fabrice Balanche, Université Lyon 2 - GREMMO

• Géopolitique du conflit syrien, Jean-Pierre Vial, Groupe Amitié France-Syrie au Sénat
• Sunnites, chiites, wahhabites, salafistes djihadistes : quelle confessionnalisation des conflits ? Facteurs et acteurs, dimensions et perspectives. Jean-Paul Burdy, IEP Grenoble
• Conquête territoriale et construction étatique : l'Etat islamique jusqu'où ? Phillipe Bannier, IEP Lyon
• La Turquie et ses nouveaux voisins Jean Marcou, IEP Grenoble
• Les Kurdes de Syrie et le projet du Rojava : rêve éphémère ou espoir durable ? Cyril Roussel, IFPO Amman

15h30-16h : pause

16h-18h : Les problématiques d’intervention (Les aides financières, les autorisations administratives, l’action en situation de guerre et la déontologie)

Président de séance : Jean Marcou, IEP Grenoble

Répartition prévisionnelle :

• Les partenariats entre ONG internationales et la société civile, Serge Gruel, Triangle
• Laurent Davy, Handicap International, Nicolas Edmet, Sawa Consulting
• Olivier Maizoué, MSF Suisse, Alexandre Giraud et Roger Persichino, Première Urgence

18h-19h : Synthèse et perspectives

• Marc Lavergne, CNRS - GREMMO
• Joseph Dato, HUMACOOP