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Informalité politique, pouvoirs et envers des espaces urbains
Political Informality, Power and the Other Side of Urban Space
Revue « L'espace politique » n° 29 (2-2016)
Online journal « L'espace politique » n° 29 (2-2016)
Publicado lundi, 31 de août de 2015
Resumo
Ce numéro a pour but de comprendre le rôle et l’évolution des logiques officieuses dans le gouvernement des villes. Comment émerge et se maintient une pluralité de pouvoirs en ville de façon informelle voire illégale ? Quel rôle jouent-ils dans la production, l’administration et le contrôle de la ville ? Ce numéro se place dans un double contexte, celui des études urbaines et celui des études sur l’informalité. Nous encourageons les articles qui mobilisent des enquêtes de terrain, dont les éléments empiriques offriront dans la composition du numéro des mises en perspective comparatives.
This issue of L’Espace politique aims at understanding the roles and meanings of informal practices in city governance and urban life. How does the diversity of urban power structures emerge and consolidate, in informal and sometimes illegal ways? What influence does it have on the production, administration and control of urban space? This special issue is at the junction of two academic traditions: urban studies and the studies on informality. We encourage contributions based on fieldwork in cities, which will be the basis for comparison between several local case studies.
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Argumentaire
Main basse sur la ville, Chinatown, Troupes d’élites, … autant de films qui montrent l’empreinte des logiques informelles voire criminelles à Naples, Los Angeles ou Rio de Janeiro. Au-delà de ces symboles, les logiques informelles mettent en évidence fonctionnements urbains et pouvoirs divers. Clientélisme, attributions obscures de marchés publics, collusion, circulation de rumeurs, formes d’organisation plus ou moins autonomes de quartier (autogestion, lynchages, comités de vigilance, contrôle de marchés par des caïds, etc.), résistances (en tant que mobilisations en dehors des champs institutionnels), rackets organisés, toutes ces pratiques renvoient au gouvernement informel de la ville. Ce numéro a pour but de comprendre le rôle et l’évolution des logiques officieuses dans le gouvernement des villes. Comment émerge et se maintient une pluralité de pouvoirs en ville de façon informelle voire illégale ? Quel rôle jouent-ils dans la production, l’administration et le contrôle de la ville ?
En appliquant la notion d’informalité, qui caractérisait jusqu’à présent davantage le champ économique, au domaine politique, cet appel à contributions vise à explorer la prégnance et le rôle des arrangements et des pratiques non officielles voire transgressives en ville, comme un envers urbain. Ainsi, la notion d’informalité politique appelle à dépasser la seule référence au cadre juridique et à sa transgression. Elle saisit plus largement les normes sociales en usage, auxquelles s'articulent les pouvoirs en ville. Cette informalité politique recouvre « les formes, les pratiques, les activités, les expressions qui, faute de bénéficier d’une reconnaissance et d’une légitimité de la part des prescripteurs et des agents les plus influents du champ, sont « rejetés » en dehors de ce champ quand bien même elles participent, pleinement ou accessoirement, à sa constitution » (Le Gall, Offerlé et Ploux, 2012, p.16).
Dans cette perspective, l’informalité propose un autre angle d’approche aux questions de l’élaboration des politiques publiques dans des contextes où ne sont souvent pris en considération que les phénomènes officiels et visibles (dispositifs participatifs, décentralisation), sans prendre en compte les pratiques sous-jacentes, plus implicites, telles que la corruption ou le clientélisme. Il s’agit ainsi d’identifier des dynamiques politiques en dehors ou en contournement des pratiques officielles du pouvoir.
Dès lors, l’étude de l’informalité politique propose aussi une enquête sur les pouvoirs urbains, dans leur diversité, à travers leurs pratiques, articulations, modes de visibilité et registres de légitimation. Elle peut révéler le rôle des habitants, des leaders, des élites politiques ou économiques, en interaction ou non. Quels arrangements, tolérances, contournements, rendent possibles ces pratiques ? Ces pouvoirs sont-ils tous articulés à un gouvernement (Etat, pouvoir décentralisé, coalition locale dominante, etc), face auquel ils se situent et avec lequel ils nouent des alliances, ou bien peuvent-ils constituer des formes autonomes ou concurrentes de pouvoir en ville, plus ou moins déconnectés des sphères les plus institutionnalisées, produisant des espaces différenciés ? Autrement dit, l’informalité politique est-elle productrice de pouvoirs et d’espaces aux normes de fonctionnement différent ?
L’objectif n’est néanmoins pas d’opposer une sphère légale dominante à des sujets marqués par des pratiques politiques informelles : il s’agit plutôt d’identifier les modalités de la construction d’espaces politiques voire du politique, soit dans les marges de l’intervention urbaine, soit par l’entrée dans les jeux politiques à partir d’enjeux urbains spécifiques ou dans la pratique quotidienne du gouvernement de la ville. De fait, l’informalité politique, qui se traduit par une variété d’arrangements, concerne aussi bien les citadins disposant de peu de ressources et d’accès aux sphères dominantes, que les intermédiaires et élites. Ces arrangements révèlent des fabriques de la ville, par leurs articulations originales à l’espace urbain.
Ce numéro se place ainsi dans un double contexte, celui des études urbaines – souvent centrées sur les seules dynamiques et politiques « officielles » – et celui des études sur l’informalité – trop souvent cantonnées aux villes du Sud et au domaine de l’économie, ou d’une criminalité instituée. Nous encourageons les articles qui mobilisent des enquêtes de terrain, dont les éléments empiriques offriront dans la composition du numéro des mises en perspective comparatives. Les articles pourront ainsi traiter des thèmes suivants (il s’agit d’une liste non exhaustive et non cloisonnée) :
1. informalité politique, pratique(s) et signification du droit en ville : les propositions peuvent examiner la façon dont la loi et les règles sont interprétées et transgressées dans la gestion quotidienne de la ville, en analysant les pratiques à l’origine de ces contournements (faveurs, clientélisme, népotisme, corruption, etc.), ainsi que les acteurs impliqués (autorités publiques et acteurs privés, entreprises, lobbys, mafias et citadins).
2. informalité politique et gouvernements urbains : le gouvernement urbain peut-il être relu au prisme de l’informalité politique ? Comment se forment et se maintiennent des collectifs d’habitants, des coalitions d’acteurs publics et privés ou de partis ? L’Etat lui-même a-t-il recours à des registres informels dans la gestion de la ville ?
3. informalité politique et citadins en résistance : au-delà des sphères institutionnelles de la mobilisation et contestation politique, quelles pratiques informelles constituent des remises en cause des pouvoirs urbains établis ? Quels sont les registres d’action politique des citadins dépourvus de droits politiques reconnus ?
4. les espaces au fonctionnement informel : Certains espaces relèvent de fonctionnements informels, tenus par des pouvoirs alternatifs, éventuellement d’origine criminels. Comment se maintiennent-ils, s’articulent-ils aux pouvoirs établis, et construisent-ils, sinon leur légitimité, du moins leur acceptation auprès des citadins ?
5. la place des savoirs pratiques dans l’informalité politique : Quels savoirs pratiques sont mobilisés dans la conduite d’arrangements informels ou le contournements de règles ? Comment des rumeurs, légendes, constituent aussi une dimension essentielle de l’informalité politique ?
6. arrangements et temporalités : y a-t-ildes moments favorables au développement de ces arrangements, des lieux privilégiés pour les négocier, les conclure ou les remettre en cause. Ils sont menés à partir de contextes, de représentations de la ville et s’appuient sur des réseaux parfois changeants. Quelle est donc la possibilité de leur pérennité ?
Conditions de soumission
Les articles (60 000 signes maximum, espaces et bibliographie comprises) sont à adresser à Sébastien Jacquot (sebastien.jacquot@univ-paris1.fr), Alexis Sierra (a.alexis.sierra@gmail.com) et Jérôme Tadié (jerome.tadie@ird.fr)
avant le 15 décembre 2015.
Normes de mise en page : http://espacepolitique.revues.org/1302
La publication est prévue en 2016
Responsables scientifiques
- Sébastien Jacquot, Maître de conférences en géographie, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, Eirest, associé à l'UMR 8586 Prodig
- Alexis Sierra, Maître de conférences HDR en géographie, Université de Cergy-Pontoise, UMR 8586 Prodig
- Jérôme Tadié, Chargé de recherche IRD, UMR Urmis
Argument
Hands Over the City, Chinatown, The Elite Squad… these and many other films depict the influence of informal or even illegal practices in cities such as Naples, Los Angeles or Rio de Janeiro. Beyond the symbolic dimension of these cities, these include informal ways of urban governance, which emerge together with the diversity of power controls. Cronyism, lack of transparency in the granting of public contracts, collusion, circulation of rumours, more or less autonomous forms of governance of neighbourhoods (such as self-management, lynching, vigilantes or control of markets by thugs), resistance (defined as mobilisation of citizens outside institutional spheres), organised racket: all of these practices can be viewed as modes of informal governance of the city. This issue of L’Espace politique aims at understanding the roles and meanings of informal practices in city governance and urban life. How does the diversity of urban power structures emerge and consolidate, in informal and sometimes illegal ways? What influence does it have on the production, administration and control of urban space?
By applying the notion of informality – which is usually encountered in economics – to the political realm, this call for proposals seeks to explore the importance of arrangements and informal (even transgressive) practices in cities – or what we may call the other side of city governance. The notion of political informality extends beyond the reference to the legal framework and to its transgression. It points more broadly to common social norms in relation with power structures. Thus, political informality encompasses the “forms, practices, activities and expressions which, because they are not benefiting from recognition and legitimacy from the prescribers and most influential agents of the field, are ‘rejected’ outside of this field even though they partake, fully or incidentally, in its constitution” (Le Gall, Offerlé and Ploux, 2012, p.16).
From this perspective, informality calls for another type of approach to the analysis of public policies, moving away from the usual perspectives, which tend to only take into account official and visible policies (participative programs, decentralisation). We need to consider implicit underlying practices such as corruption or clientelism for example. In the practice of power and governance, informality invites us to take into account ‘political’ dynamics outside or beyond overt practices.
Questioning political informality also implies that we analyse the structure of urban power: its diversity, its everyday forms, its articulations and visibility, as well as the mechanisms, which legitimise it. Such an inquiry can focus on the residents, the leaders, the political or economic elites of a city, whether they interact or not. What are the conditions for informal practices to become possible? What are the arrangements, margins of tolerance or circumventing strategies that characterize them? Are informal power centres articulated on the official forms of government (the State, decentralised powers, dominant local coalitions, etc.)? What relationships do they entertain with one another? Do they build alliances? Are they autonomous? Do they compete with one another? Are they related or disconnected? Are they at the source of urban differentiation? In other words, does political informality produce new power structures and new regimes of spatial ordering?
The aim here is not to oppose, in a binary way, a dominant legal sphere to subjects characterised by their informal political practice. We wish rather to identify the modalities of the construction of political spaces – if not of politics – either on the margins of urban intervention – when informal actors play a political game in order to reach specific urban goals – or in the practice of everyday city governance. City residents with few resources or little access to the dominating spheres, intermediary social groups as well as elites, are all concerned with political informality. Through their original articulation with urban space, their arrangements transform the fabric of the city.
This special issue is at the junction of two academic traditions: urban studies – which often focus on official policies and dynamics – and the studies on informality – which are too often restricted to the cities of the global South and to the fields of economy or crime studies. We encourage contributions based on fieldwork in cities, which will be the basis for comparison between several local case studies. They can relate to the following topics (this list is non-exhaustive and with overlapping boundaries):
1. Political informality, everyday practices and the meaning of law in the city: proposals can examine the ways in which laws and rules are interpreted and transgressed in the everyday governance of the city. They can analyse how neglecting or circumventing those rules leads to reshape them (through favours, cronyism, nepotism, corruption...), as well as the roles and attitudes of the actors involved (public authorities, private actors, businesses, lobbies, mafias, city dwellers…).
2. Political informality and urban governance: can urban governance be analysed through the lens of political informality? How do groups of residents, coalitions of public or private actors or political parties emerge and maintain themselves? Does the State itself use informal repertoires in urban governance?
3. Political informality and the resistance of residents: beyond the spheres of institutionalised mobilisation and political contestation, what are the informal practices contesting established urban power structures? What are the repertoires of political action for the residents deprived of recognised political rights?
4. Spaces of informal organisation: certain spaces are governed through informal practices, by alternative, and sometimes criminal, structures. How do they maintain themselves? What are their relationships – if any – with the State or the government? How do they build their legitimacy or make themselves accepted by the residents?
5 The role of practical knowledge: what types of knowledge are used in the conduct of informal arrangements or the circumvention of rules? How are rumours, legends, etc. articulated on political informality?
6. Arrangements and temporality: are there favourable moments or privileged spaces in the constitution, negotiation, conduct or contestation of such arrangements? As they are based on different contexts and representations of the city, as well as on sometimes ephemeral networks, how can they be stabilized and become permanent?
Submission guidelines
Contributions (60 000 signs max. – notes and bibliographic references included) should be sent to Sébastien Jacquot (sebastien.jacquot@univ-paris1.fr), Alexis Sierra (a.alexis.sierra@gmail.com) and Jérôme Tadié (jerome.tadie@ird.fr)
before December 15, 2015.
Instructions for authors : http://espacepolitique.revues.org/2756
Publication : 2016
Scientific editors
- Sébastien Jacquot, Maître de conférences en géographie, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, Eirest, associé à l'UMR 8586 Prodig
- Alexis Sierra, Maître de conférences HDR en géographie, Université de Cergy-Pontoise, UMR 8586 Prodig
- Jérôme Tadié, Chargé de recherche IRD, UMR Urmis
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Datas
- mardi, 15 de décembre de 2015
Palavras-chave
- informalité politique, études urbaines, pouvoirs urbains
Contactos
- Sébastien Jacquot
courriel : sebastien [dot] jacquot [at] univ-paris1 [dot] fr - Jérôme Tadié
courriel : jerome [dot] tadie [at] ird [dot] fr - Alexis SIERRA
courriel : a [dot] alexis [dot] sierra [at] gmail [dot] com
Urls de referência
Fonte da informação
- Sébastien Jacquot
courriel : sebastien [dot] jacquot [at] univ-paris1 [dot] fr
Para citar este anúncio
« Informalité politique, pouvoirs et envers des espaces urbains », Chamada de trabalhos, Calenda, Publicado lundi, 31 de août de 2015, https://calenda-formation.labocleo.org/337786

