À partir du XVI^e siècle, la saisie par Européens de territoires de plus en plus vastes dans la Caraïbe et en Amérique est allée de pair avec le déploiement de l’autorité des monarchies occidentales. Certaines de ces monarchies, comme la Castille ou l’Angleterre, avaient déjà pris en charge, le plus souvent par la violence, la gestion de territoires peuplés de populations très différentes de celles sur lesquelles elles régnaient ordinairement, mais les discontinuités territoriales, les différences administratives et les écarts culturels n’avaient jamais été aussi forts. Il en est résulté, pour tous les États engagés dans la colonisation, en particulier dans la Caraïbe et dans les Amériques, la mise en place d’une gouvernance impériale marquée par l’apparition, plus ou moins rapide, d’organes centraux, par la mise en place d’institutions locales, en particulier administratives et judiciaires, ainsi que par l’organisation, plus ou moins maîtrisée, d’une circulation des principes, des pratiques et des agents de l’action politique.

Argumentaire

A partir du XVIe siècle, la saisie par Européens de territoires de plus en plus vastes dans la Caraïbe et en Amérique est allée de pair avec le déploiement de l’autorité des monarchies occidentales. Certaines de ces monarchies, comme la Castille ou l’Angleterre, avaient déjà pris en charge, le plus souvent par la violence, la gestion de territoires peuplés de populations très différentes de celles sur lesquelles elles régnaient ordinairement, mais les discontinuités territoriales, les différences administratives et les écarts culturels n’avaient jamais été aussi forts. Il en est résulté, pour tous les Etats engagés dans la colonisation, en particulier dans la Caraïbe et dans les Amériques, la mise en place d’une gouvernance impériale marquée par l’apparition, plus ou moins rapide, d’organes centraux, par la mise en place d’institutions locales, en particulier administratives et judiciaires, ainsi que par l’organisation, plus ou moins maîtrisée, d’une circulation des principes, des pratiques et des agents de l’action politique. Or, en dépit d’une historiographie qui tend souvent à séparer les colonies de la métropole, ces évolutions n’ont jamais été déconnectées des transformations des monarchies occidentales durant les XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles. Les espaces coloniaux n’ont jamais été simplement le théâtre du déploiement d’un « Etat » qui aurait été pensé en métropole, pas plus qu’elles n’ont été le lieu de l’apparition d’un mode original de gouvernement. Au contraire, les colonies ont été un des terrains parmi d’autres sur lesquels s’est jouée la transformation des Etats monarchiques occidentaux, et où se sont affrontés factions curiales ou partis politiques. C’est donc à une réinsertion des systèmes de pouvoir coloniaux dans l’histoire de l’ « Etat » en Europe qu’appelle cette journée d’études à travers une approche comparée des empires ibériques et de l’empire français.

Programme

Lundi 30 novembre

La souveraineté impériale : principes et gouvernances au regard de l’expérience coloniale américaine (14h-17h)

• Pedro Cardim (Université Nouvelle de Lisbonne), « Condition et identité politique  : le statut des territoires américains dans le monde ibérique aux XVI^e et XVII^e siècles »
• Helen Dewar (Boston College), « Les espaces interconnectés : les contestations de l’autorité en France et en Nouvelle-France au début du XVII^e siècle »
• Ana Díaz Serrano (Université de Murcie), « Castillos roqueros de las Indias. Indigenous peoples and their institutions in the Spanish America, 16^th-18^th centuries »
• Andrea Daher (Université Fédérale de Rio de Janeiro), « Les singularités de la France équinoxiale : l’expérience ‘mysthique’ de la mission capucine dans le projet colonial français au Brésil (1612-1615) »

Mardi 1^er décembre

Administrer l’empire : structures et instruments de la police impériale (9h30-12h30)

• María Teresa Calderón (Université Externado de Colombie), « Le Gouvernement des juges, de la monarchie espagnole aux républiques américaines »
• Philippe Castejon (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), « La mobilité des magistrats des audiencias des Indes dans le dernier tiers du XVIII^e siècle »
• Marie-Eve Ouellet (Université du Québec à Trois-Rivières), « L’exercice du pouvoir entre Ancienne et Nouvelle France. L’exemple de l’intendant de justice, police et finances (1700-1750) »
• Guida Marques (École des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Centre de Recherches sur le Brésil Colonial et Contemporain), « De Salvador de Bahia à Luanda, en passant par Goa : les déclinaisons du gouvernement impérial portugais au XVII^e siècle »

Mardi 1^er décembre

Bricolages impériaux : acteurs systémiques et agents périphériques (14h30-17h30)

• Céline Mélisson (Centre Roland Mousnier, Université Paris-Sorbonne-CNRS), « Un administrateur au service de Louis XIV  : Jean-Baptiste Patoulet »
• Emmanuelle Perez-Tisserant (École des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Mondes Américains), « Un cas de colonisation à la fois tardive et précoce : la Haute-Californie de l'empire espagnol à l'empire et à la république du Mexique (1769-1848) »
• Yann Lignereux (Université de Nantes, CRHIA), « Gouverner un empire d’étrangers avec de drôles de sujets ? Affiliation, adoption et créolisation en Nouvelle-France (XVII^e-XVIII^e siècles) »
• Clément Thibaud (Université de Nantes, CRHIA, STARACO), « Gouverner les confins d’empire en temps de révolution : l’exemple de la Caraïbe espagnole, 1793-1823 »

 Atelier historiographique organisé par

• Yann Lignereux (Université de Nantes),
• François-Joseph Ruggiu (Université Paris-Sorbonne)
• Clément Thibaud (Université de Nantes)

Avec le concours de l’Université de Nantes, du CRHIA, du programme STARACO et de la MSH Ange Guépin.