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Récit et argumentation
Narrative and argument
Publié le vendredi 25 mars 2016
Résumé
L’objectif de ce séminaire qui a lieu tous les trois mois est de développer une réflexion interdisciplinaire. À travers la thématique « récit et argumentation », il s’agit d’appréhender comment et dans quelle mesure les diverses disciplines formulent ou ont pu formuler des savoirs et des idées au moyen des formes narratives, pour, en somme, saisir la façon dont elles ont narrativisé le réel.
Annonce
Argumentaire
L’objectif de ce séminaire qui a lieu tous les trois mois est de développer une réflexion interdisciplinaire associant différents laboratoires de l’UFR LASH de l’Université Nice Sophia antipolis et et l’école des Mines Paristech/Sophia. Les interventions se dérouleront sur les années 2015 et 2016 (calendrier en cours de constitution pour l’année 2016). Une première publication devrait avoir lieu sur une sélection de textes soumis au comité de lecture des Cahiers de Narratologie http://narratologie.revues.org/
A travers la thématique Récit et argumentation, il s’agit d’appréhender comment et dans quelle mesure les diverses disciplines formulent ou ont pu formuler des savoirs et des idées au moyen des formes narratives, pour, en somme, saisir la façon dont elles ont narrativisé le réel.
Les relations du récit avec l’argumentation sont anciennes et remontent aux origines de la littérature et des arts oratoires. En premier lieu, les approches théoriques tendent soit à subordonner le récit à l’argumentation, soit à considérer que « l’argumentation ne viendrait qu’en appui de la description des faits » (Charaudeau, 1998). Cette première opposition entre les tenants du « tout logique » et ceux du « tout narratif » en sous-tend une autre. En effet, une distinction a souvent été établie entre une argumentation directe, qui relèverait du non-narratif, de la logique et de l’ethos, et une argumentation indirecte, qui relèverait du narratif, du subjectif et du pathos. Cette distinction est sous-jacente dans le travail de Christian Salmon sur le storytelling, dont la pratique est renvoyée aux domaines des émotions et de la « fictionnalisation » du réel, (Salmon, 2007, 38-39). Cette distinction a souvent donné lieu à la condamnation du récit, d’une argumentation qui ne dirait pas son nom et s’appuierait sur le pathos.
Cependant, comme le remarque Raphaël Baroni «certes, l’intrigue est commerciale, et elle peut offrir un levier argumentatif dont il faut parfois se méfier ; certes, elle paraît artificielle lorsqu’elle donne l’illusion de recréer l’actualité d’un événement passé pour en augmenter le pathos. Mais l’intrigue et le suspense peuvent aussi se loger au cœur du quotidien, lorsque les événements restent encore ouverts sur les virtualités de l’histoire à venir. Dans une telle situation, suspense et éthique convergent et finissent par devenir indissociables : sans virtualités, sans craintes et sans espoirs, l’action responsable (encore moins l’action « héroïque ») est tout simplement impensable ». Cette réflexion sur la littérature pourrait être étendue au champ scientifique. On peut par exemple penser à l’expérience menée sur le récit historique par Anthony Rowley et Fabrice d’Almeida qui proposent, à titre expérimental, de « refaire l’histoire » en construisant à partir d’un événement contrefactuel quelques uchronies narratives qui éclairent sous un jour nouveau le récit historiographique classique (Rowley ; D’Almeida, 2011). Dans cette optique et au-delà du domaine de l’histoire, Marta Spranzi Zuber remarque que la fonction explicative du récit reste une constante dans la pratique de toutes les sciences, en particulier lorsqu’on interroge la causalité, « les récits […] sont souvent considérés comme explicatifs des événements auxquels ils conduisent, au moins au(x) sens pragmatique(s) où ils sont acceptés comme des réponses adéquates à la question “pourquoi x a-t-il eu lieu“ ; en d’autres termes, ils nous procurent une compréhension du phénomène qui constitue “leur fin naturelle“ » (Spranzi Zuber, 1998).
A partir de ces éléments, quatre axes de réflexion sont proposés :
1) Les interactions du récit et de l’argumentation
Dans une perspective générale, quelles constructions de sens autorisent l’irruption de la narration dans l’argumentation et/ou l’argumentation narrative ? Comment raconte-t-on en argumentant et comment argumente-t-on en racontant ? Le récit est-il condamné à rester du côté du pathos et toute argumentation relève-t-elle uniquement de l’ethos ? Plus spécifiquement, eu égard aux séminaires précédents ayant réuni les laboratoires LIRCES et I3M sur le storytelling, il s’agit de savoir si cette forme représente un usage majeur du récit dans les médias ou s’il en est une pratique limite ?
2) Les lieux de l’argumentation
Quels sont les lieux à partir desquels se déploient les approches argumentatives et narratives ? Des contributions sur les pratiques discursives issues de différentes sphères sociales et institutionnelles pourront être présentées, comme par exemple sur les sciences et les techniques et leur rapport avec la narration, sous forme de rapports, d’enquête, d’aide à la décision, dans les domaines du climat, du risque, etc… Un questionnement du même type pourrait être engagé sur des topoï tels que la famille, les organisations marchandes, les leaders et mouvements politiques, les médias traditionnels et numériques…
3) Dispositifs, techniques et usages de l’argumentation
Interroger les interactions et les lieux de l’argumentation narrative peut nous conduire à un questionnement sur l’articulation des techniques et des usages à un dispositif que l’on pourrait qualifier de socio-langagier. Quelle valeur sociale est-elle accordée aux formes discursives de l’argumentation, de la narration ? Peut-on parler d’un antagonisme de la narration et de l’argumentation voire d’une lutte pour la prépondérance d’une forme discursive sur une autre dans l’utilisation éducative, scientifique, performative, politique du récit et de l’argumentation qui vise leur institutionnalisation ? Quelle « organisation discursive » pour quel espace public ? En d’autres termes, quels sont les enjeux, les techniques, les stratégies, et les publics visés (dont il s ’agirait encore de prescrire les usages), d’une articulation du récit et de l’argumentation dans une ambition de construction sociale du sens ?
4) La formation à l’argumentation
Comment est organisée la formation scolaire, universitaire aux techniques argumentatives et/ou aux pratiques narratives ? En quel sens narration et argumentation peuvent-elles alors faire l’objet d’une appropriation culturelle par les (futurs) citoyens ? Comment distinguer et concilier ce ferment de la rationalité occidentale qu’est le bon usage de l’argumentation dans les débats publics et une approche narrative accessible et « maîtrisable » par un public plus large ? Parlera-t-on d’éducation, d’apprentissage ou d’accompagnement vers l’exposition et l’expression de soi dans l’espace public ?
Programme 2015
Journée 1, le 10 mars 2015
- Entre réel et fiction : l'argumentation dans le récit littéraire et médiatique (intervenants : Daniel Bougnoux, Université de Grenoble ; Céline Masoni-Lacroix, I3M, université de Nice).
Journée 2, le 28 mai 2015
- Récit, argumentation, éducation (intervenants I3DL, Université de Nice : Nicole Biagioli, Serge Quilio).
Journée 3, le 2 octobre 2015
- Genèse et usages des récits (intervenants : Raphaël Baroni, université de Lausanne, Alessandro Leiduan, université de Toulon).
Journée 4, le 13 novembre 2015
- Les sciences du récit à l’usage des sciences du risque (intervenants : Aïssame Afrous et Aurélien Portelli, École des Mines, Paris-Tech / Sophia).
Programme 2016
Écrire l’Histoire : Des choix du récit historique à l’uchronie, 17 mars 2016
- Ugo Bellagamba (U. de Nice), « Le récit uchronique offre-t-il une argumentation sur l'Histoire ? » ;
- Audrey Millet (Université Lille 3, Charles-de-Gaulle, UMR 8533, CNRS (IDHES), Université Paris 8) « Pour un récit sans crise : l’écriture historique adoptative. L'historien et le journal du dessinateur Henri Lebert (1794-1862) ».
Narration et didactique de l’argumentation, 21 avril 2016
- Denise Orange, PR 70 didacticienne des sciences (Theodile-CIREL, Université Lille 3), « Récits des élèves et récits des scientifiques dans les sciences de la nature ».
- Sylvain Doussot, MCF 70, didacticien de l'Histoire (CREN, Université de Nantes) « Le récit et le modèle : éléments en didactique de l’histoire ».
Récit, argumentation, cinéma, 19 mai 2016
- Pierre Quiviguer (CRHI, U. de Nice), « Godard, l'Ecriture et l'écriture cinématographique - Récit et calvinisme » ; Elsa Grasso (CRHI, U. de Nice)
Bibliographie indicative
- Baroni, Raphaël, « La tension narrative à travers les genres, enjeux éthiques et esthétiques du suspense », in Marti, Marc et Pélissier, Nicolas, Tension narrative et storytelling, Paris, L’Harmattan, 2013, pp. 17-36.
- Charaudeau, Patrick, « L’argumentation n’est peut-être pas ce que l’on croit », Le français aujourd’hui, n°123, Association Française des Enseignants de français, Paris, 1998. http://www.patrick-charaudeau.com/L-argumentation-n-est-peut-etre,74.html
- D’Almeida, Fabrice et Rowley, Anthony, Et si on refaisait l’histoire, Paris, Odile Jacob, 2011.
- Habermas Jürgen, (2013), De l’éthique de la discussion, traduit par M. Hunyadi, Paris, Flammarion, 202 pages.
- Migozzi, Jacques, Arraga, Loïc, dir., « Récits journalistiques et culture médiatique », revue A contrario, 2012/2, n°9, http://www.cairn.info/revue-a-contrario-2009-2.htm
- Salmon, Christian, Storytelling, la machine à fabriquer des histoires et à formater les esprits, Paris, La Découverte, 2007.
- Spranzi Zuber, Marta, « Le récit comme forme d’explication, science et histoire », Littérature, n°109, 1998, pp. 46-58.
- http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/litt_0047-4800_1998_num_109_1_2460
- Young, I. M., 1996, « Communication et altérité. Au-delà de la démocratie délibérative. » in Girard (C.), Le Goff (A.) dir., La Démocratie Délibérative Anthologie de textes fondamentaux, Paris, Hermann, 2010.
- https://hal-univ-diderot.archives-ouvertes.fr/NARRATIVE_MATTERS
- Kidedi Varga, Discours, récit, image, Paris, Mardaga, 1989.
Structures d'organisation
CRHI, I3DL, I3M, LIRCES, Ecole des Mînes Paristech/Sophia
Comité scientifique
- Nicole Biaggioli (I3DL)
- Marc Marti (LIRCES)
- Nicolas Pelisser (I3M)
Catégories
- Langage (Catégorie principale)
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- Esprit et Langage > Langage > Linguistique
- Esprit et Langage > Langage > Littératures
- Esprit et Langage > Information
- Sociétés > Histoire
- Esprit et Langage > Représentations
Lieux
- Salle du Conseil (bâtiment A, 1er étage) - Faculté des Lettres, Arts et Sciences Humaines, 98 boulevard Edouard Herriot
Nice, France (06)
Dates
- jeudi 17 mars 2016
- jeudi 21 avril 2016
- jeudi 19 mai 2016
- vendredi 13 novembre 2015
- vendredi 02 octobre 2015
- jeudi 28 mai 2015
- mardi 10 mars 2015
Fichiers attachés
Mots-clés
- récit, argumentation
Contacts
- Marc Marti
courriel : Marc [dot] Marti [at] univ-cotedazur [dot] fr - Nicole Biaggioli
courriel : Nicole [dot] BIAGIOLI [at] unice [dot] fr - Nicolas Pelisser
courriel : nicolas [dot] pelisser [at] unice [dot] fr
Source de l'information
- Solen Cozic
courriel : solen [dot] cozic [at] univ-cotedazur [dot] fr
Licence
Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la CC0 1.0 Universel.
Pour citer cette annonce
« Récit et argumentation », Séminaire, Calenda, Publié le vendredi 25 mars 2016, https://calenda-formation.labocleo.org/361589