Calenda - Le calendrier des lettres et sciences humaines et sociales
Espaces | sexués, genrés, queer*
Sexualised, gendered and queer spaces
Une exploration des dynamiques entre les espaces, les genres et les sexualités
An exploration of dynamics among space, gender and sexuality
Publié le mardi 11 avril 2017
Résumé
Ce colloque se propose d’étudier les dynamiques entre les espaces, les genres et les sexualités — l’espace étant compris ici aussi bien dans ses dimensions sociales et mentales que comme un cadre matériel et formel.
Annonce
19-20 octobre 2017, Ecole Nationale d’architecture Paris La Villette (ENSAPLV) Amphi 11
Présentation
Ce colloque se propose d’étudier les dynamiques entre les espaces, les genres et les sexualités — l’espace étant compris ici aussi bien dans ses dimensions sociales et mentales que comme un cadre matériel et formel.
Tandis que les constructions sociales des identités des genres et des sexualités produisent des espaces (qu’ils soient projetés ou construits, représentés ou imaginés, collectifs ou privés…), les espaces eux-mêmes re-produisent ces identités, souvent fondées sur des critères hétéronormés et patriarcaux. Les études sociales et spatiales — surtout celles issues de recherches anglophones — ont mis en évidence ce potentiel révélateur et producteur de définitions et de pratiques. Espaces, genres et sexualités apparaissent ainsi comme des processus, dont le potentiel subversif rivalise avec la capacité normative.
Les études queer et des genres ont permis la remise en cause des mécanismes de production de la connaissance, de narration et de représentation, en mettant en évidence leurs présupposés à prétention universaliste. Elles ont développé de nouvelles méthodologies et épistémologies qui permettent d’affronter et d’embrasser la composante subjective des pratiques, y compris dans la recherche. Dans le cas de la production spatiale, les dynamiques top-down peuvent s’inverser, et les rôles des acteurs impliqués être mis en question. Le processus de conception est-il alors toujours un cadre ordonnateur et normalisateur, ou une spatialité queer est-elle possible — et comment ?
Il n’est donc pas anodin d’étudier les relations entre espaces, genres et sexualités dans le cadre d’une école d’architecture : il s’agit de soulever ouvertement des questions qui nous semblent latentes. C’est aussi une invitation adressée aux personnes issues de milieux extérieurs à l’architecture — et parfois étanches entre eux — à venir échanger leurs réflexions sur cette thématique partagée.
Sans prétention à l’exhaustivité, ce colloque privilégiera donc une approche transdisciplinaire. En reflétant la variété des disciplines universitaires (géographie, philosophie, sociologie et anthropologie...), des pratiques (urbanisme, architecture, aménagement...) et des intervenants (chercheur.e.s, acteur.e.s du projets, collectifs, associations...), l’objectif sera de confronter les champs disciplinaires, les outils et les échelles d’analyse permettant une analyse de l’espace sexué, par analogie avec le corps sexué.
L’approche du colloque sera également transcalaire. De l’échelle des corps à l’échelle transnationale, en passant par celles de la ville, du quartier ou du bâtiment, chacune nous semble pertinente et complémentaire. De la même manière, nous estimons que l’étude des pratiques des espaces est indissociable d’une analyse des processus de production qui les génèrent. La trame du colloque propose donc d’intégrer l’amont comme l’aval des espaces pour en comprendre les dimensions genrées, queer et sexuées.
Nous proposons les pistes suivantes, non-exhaustives, pour orienter les propositions:
- Langages et représentations
- Appropriations et réappropriations
- Intimité, domesticité et habitat
- Transnationalités, expatriations, émigrations
- Politiques institutionnelles : au-delà du gender mainstreaming
- Professions et spatialités : “féminisation” ou devenir queer ?
1 — Langages et représentations
Les études queer et des genres, de même que les mouvements féministes et LGBTQ+, travaillent depuis longtemps sur le langage comme forme de représentation et de normalisation genrée et sexuée. Comment la question du langage et de la représentation, peut-elle se lier aux caractères sexués de l’espace ? Le langage architectural et les représentations de l’espace et dans l’espace révèlent-ils la même permanence de masculinité dominante et d’hétéronormativité ?
2 — Appropriations et réappropriations
Genres et sexualités produisent des imaginaires, des pratiques et des connaissances contre-culturelles qui imprègnent la production spatiale. À travers des actions ou des usages novateurs et re-créatifs, les espaces publics sont détournés et appropriés par et pour certaines sexualités. De l’échelle de la ville à celle des corps eux-mêmes, comment l’espace devient-il un instrument performatif ? Quelles formes de présences genrées, queer et sexuées dans l’espace public prennent une signification politique ?
3 — Intimité, domesticité et habitat
Le prisme des genres et des sexualités permet d’analyser des pratiques individuelles ou collectives qui inventent des espaces d’intimité, mais qui aspirent aussi à pouvoir en sortir. Distinguer habitat et espaces domestiques permet d’inclure aussi bien les espaces conçus pour favoriser l’intimité, que ceux qui sont détournés dans ce sens, y compris au sein des espaces publics. Comment les producteurs de l’espace appréhendent-ils cette notion ? Comment les espaces à usage intime (qu’ils soient privés ou publics) sont-ils aménagés, distingués des autres ? Comment leurs limites sont-elles tracées et à quelles revendications correspondent-elles ?
4 — Transnationalité, expatriations, émigrations
L’expérience migratoire peut être lue sous le filtre des genres et des sexualités à différentes échelles : en créant de nouvelles spatialités frontalières, mais aussi à travers les systèmes d’adaptation qui s’expriment dans les spatialités du quotidien. Comment la communauté, de genre ou d’orientation sexuelle, devient-elle une ressource pour la création d’espaces et de manières de les utiliser, au sein du pays de destination ou au cours du trajet migratoire ? Comment la sexualité affecte-elle la mobilité transnationale et ses conséquences aux échelles locales ?
5 — Politiques institutionnelles : au-delà du gender mainstreaming
À travers des politiques et des mesures réglementaires ou exécutives, comme le gender mainstreaming, les institutions de plusieurs aires métropolitaines, notamment en Europe, cherchent à faire écho aux revendications de genre. Mais à travers le gender mainstreaming qui touche les espaces publics de plusieurs aires métropolitaines, cette reconnaissance demeure problématique. Ainsi, le problème de la sécurité est crucial : conjointement avec une conception plus informée, consacrée à l’éclairage ou à la visibilité, les politiques urbaines proposent souvent une idée sécuritaire basée sur le concept d’ordre public, selon laquelle les femmes sont considérées comme des victimes potentielles. Comment peut-on dépasser cette une conception binaire dans laquelle les femmes sont considérées comme des victimes potentielles., qui instrumentalise les femmes et qui laisse de côté homosexualités, transexualités, et d’autres communautés considérées par leur genre ou leurs sexualités ? Comment saisir l’impact des politiques urbaines genrées ?
6 — Professions et spatialités : “féminisation” ou devenir queer ?
Plusieurs professions liées à la production des espaces sont touchées par un processus désigné comme une “féminisation” : un nombre croissant de femmes semble accéder à des domaines jusque-là considérés comme “masculins”. Quelles sont les limites de ce phénomène, en termes de renouvellement des pratiques (sortir d’une vision sexiste et hétéronormée des espaces) mais aussi de reconnaissance (postes ou rémunérations encore inégaux) ? Peut-on penser un dépassement de cette vision binaire pour anticiper le devenir queer de l’espace ?
Calendrier
La participation à ce colloque est ouverte aux étudiant.e.s, doctorant.e.s et chercheur.se.s mais aussi aux collectifs, militant.e.s, architect.e.s, designers, urbanist.e.s, etc.
Les personnes intéressées devront adresser par mail une proposition d’intervention (3000 signes maximum) à l’adresse <espaces.gsq@gmail.com>
avant le 30 mai 2017.
Le colloque aura lieu les jeudi 19 et vendredi 20 octobre 2017 à l’Ecole Nationale d’Architecture Paris La Villette (ENSAPLV) et alternera prises de paroles et tables rondes.
Organisation
Ce colloque est organisé par un collectif d’étudiant.e.s et de doctorant.e.s basé à l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-La Villette (ENSAPLV) en collaboration avec deux équipe de recherche, le laboratoire d’architecture et anthropologie
- Manola Antonioli, professeure (ENSAPLV, Paris)
- Pierre Chabard, maitre-assistant (ENSAPLV, Paris)
- Mina Saidi-Sharouz, maitre assistant associée (ENSAPLV, Paris)
- Giulia Custodi, doctorante (ENSAPLV-Université de Paris-I Panthéon Sorbonne / Université AlmaMater, Bologne) ;
- Hakima El Kaddioui, doctorante (ENSAPLV-Université de Paris-I Panthéon Sorbonne) ;
- Serena Olcuire, doctorante (DICEA, Sapienza Università di Roma) ;
- Martina Silvi, étudiante en Master 2 (ENSAPL V).
Conseil scientifique
- Manola Antonioli (ENSAPLV, Paris)
- Jean Didier Bergilez (ULB, Bruxelles)
- Rachele Borghi (Paris IV)
- Fabrice Bourlez (Esad, Reims)
- Pierre Chabard (ENSAPLV, Paris)
- Claire Hancock (Paris Est)
- Mina Saidi (ENSAPLV, Paris)
When : October 19th-20th 2017
Where : Ecole Nationale d’architecture Paris La Villette (ENSAPLV) Amphi 11
Presentation
This conference intends to study the dynamics between space, gender and sexuality - space being understood here both in its social and personal dimensions and as a material and formal framework. While social constructions of gender and sexual identities produce spaces (whether designed or constructed, represented or imagined, public or private), spaces themselves re-produce these identities, often based on heteronormed and patriarchal criteria.
Social and spatial studies - especially within Anglophone academic research - highlighted this potential of revelation and production of definitions and practices. Spaces, genders and sexualities thus appear as processes, whose subversive potential rivals their normative capacity. Queer and gender studies have called into question the mechanisms of production of knowledge, narration and representation, by highlighting their universalistic pretension. They have developed new methodologies and epistemologies that allow us to face and embrace the subjective component of practices, including the academic research. In the case of spatial production, the top-down dynamics can be reversed, and the involved actors’ roles can be called into question. Is the design process always an ordering and normalizing framework, or is a queer spatiality possible - and how?
It is therefore not meaningless to study the relations between spaces, genders and sexualities within the framework of a school of architecture: it is a matter of openly raising questions that seem latent to us. It is also an invitation addressed to people from outside the architecture - and sometimes tight between them - to come and exchange their thoughts on this shared theme.
Without pretentiousness to exhaustiveness, this conference will therefore favour a transdisciplinary approach. By reflecting the variety of academic disciplines (geography, philosophy, sociology, anthropology...), practices (urban planning, architecture, development...) and lecturers (researchers, project stakeholders, collectives, associations...), the objective will be to confront disciplinary fields, tools and scales of analysis allowing an investigation of the sexualised space, by analogy with the sexualised body.
The approach of the conference will also be multi-scalar. From the scale of the bodies to the transnational scale, through those of the city, the neighbourhood or the building, each of them seems relevant and complementary to us. In the same way, we consider that the study of spaces and practices is inseparable from an analysis of the production processes that generate them. The thread of the conference thus proposes to integrate the upstream as well as the downstream of spaces in order to understand its gendered, queer and sexualised dimensions.
We propose the following non-exhaustive tracks to guide the paper proposals:
- Languages and representations
- Appropriations and re-appropriations
- Intimacy, domesticity and habitat
- Transnationalities, expatriations, emigrations
- Institutional policies: beyond gender mainstreaming
- Professions and spatialities: “feminization” or becoming queer?
1 –Languages and Representations
Queer and gender studies, as well as feminist and LGBTQ+ movements, have long worked on language as a form of gendered and sexualised representation and normalisation. How can the issue of language and representation relate to the sexualised characteristics of space? Do the architectural language and the representations of space and in the space reveal the same permanence of dominant masculinity and heteronormativity?
2 - Appropriations and re-appropriations
Genders and sexualities produce counter-cultural imaginaries, practices and knowledges that permeate space production. Through innovative or re-creative actions or uses, public spaces are diverted and appropriated by and for certain sexualities. From the scale of the city to that of the bodies themselves, how does space become a performative instrument? Which forms of gendered, queer and sexualised presences in the public space take on a political significance?
3 - Intimacy, domesticity and habitat
The prism of genders and sexualities makes it possible to analyse individual or collective practices that invent spaces of intimacy, but also aspire to be able to emerge from them. Distinguishing between habitat and domestic space makes it possible to include spaces designed to promote intimacy, as well as those which are diverting in this direction, including within public spaces. How do makers of the space apprehend this notion? How are spaces for private use (whether private or public) arranged, distinguished from others?
How are their boundaries drawn and to which claims do they correspond?
4 - Transnationality, expatriations, emigrations
The migratory experience can be read under the filter of gender and sexualities at different scales: by creating new frontier spatialities, but also through the systems of adaptation that express themselves in everyday spaces. How does the commonality of gender or sexual orientation, become a resource for the creation of spaces and ways of using them, within the country of destination or during the migration route? How does sexuality affect transnational mobility and its consequences at local scales?
5 - Institutional policies: beyond gender mainstreaming
Through policies and regulatory or executive measures, such as gender mainstreaming, institutions of several metropolitan areas, particularly in Europe, seek to echo gender claims. But through gender mainstreaming affecting public spaces, this recognition remains problematic. For example, the security problem is crucial: in conjunction with a more informed design, focusing on lighting or visibility, urban policies often propose a securitarian idea based on the concept of public order, according to which women are considered as potential victims. How can we overcome this binary conception, which instrumentalizes women and leaves aside homosexualities, transexualities, and other communities considered for their gender or sexualities? How to comprehend the impact of urban gender policies?
6 - Professions and Spatialities: “feminization” or becoming queer?
A process reported as “feminization” affects several professions dealing with the production of spaces: a growing number of women seem to have access to domains previously considered “masculine”. Which are the limits of this phenomenon, in terms of the renewal of practices (coming out of a sexist and heteronormative view of spaces) but also of recognition (jobs or remunerations that are still unequal)? Can we think of surpassing this binary vision to anticipate the queer becoming of space?
Deadlines
Participation in this conference is open to students, PhD students and researchers, but also to collectives, activists, architects, designers, planners, etc.
Interested persons should send their paper proposal by e-mail (max. 3000 signs) to <espaces.gsq@gmail.com>
before May 30th, 2017.
The colloquium will take place on Thursday 19 and Friday 20 October 2017 at the École nationale supérieure d’architecture de-Paris La Villette (ENSAPLV) and will alternate speeches and round tables.
Organization
This conference is organized by a collective of students and PhD students based at the the École nationale supérieure d’architecture de Paris-La Villette (ENSAPLV) in collaboration with two research groups: the LAA (Laboratoire Achitecture et Anthropologie), UMR 7218 LAVUE CNRS, and the AHTTEP (Architecture, Histoire, Transport, Territoire, Patrimoine), UMR 3329 AUSser CNRS.
Members:
- Manola Antonioli, professeure (ENSAPLV, Paris)
- Pierre Chabard, maitre-assistant (ENSAPLV, Paris)
- Mina Saidi-Sharouz, maitre assistant associée (ENSAPLV, Paris)
- Giulia Custodi, doctorante (ENSAPLV-Université de Paris-I Panthéon Sorbonne / Université Alma Mater, Bologne) ;
- Hakima El Kaddioui, doctorante (ENSAPLV-Université de Paris-I Panthéon Sorbonne) ;
- Serena Olcuire, doctorante (DICEA, Sapienza Università di Roma) ;
- Martina Silvi, étudiante en Master 2 (ENSAPL V).
Scientific Council
- Manola Antonioli (ENSAPLV, Paris)
- Jean Didier Bergilez (ULB, Bruxelles)
- Rachele Borghi (Paris IV)
- Fabrice Bourlez (Esad, Reims)
- Pierre Chabard (ENSAPLV, Paris)
- Claire Hancock (Paris Est)
- Mina Saidi-Sharouz (ENSAPLV, Paris)
Catégories
- Études urbaines (Catégorie principale)
- Sociétés > Géographie > Migrations, immigrations, minorités
- Esprit et Langage > Pensée
- Sociétés > Géographie > Géographie urbaine
- Sociétés > Sociologie > Étude des genres
- Sociétés > Ethnologie, anthropologie > Anthropologie politique
- Espaces > Europe
- Esprit et Langage > Représentations
Lieux
- Amphi 11 - 144 avenue de flandre
Paris, France (75018)
Dates
- mardi 30 mai 2017
Fichiers attachés
Mots-clés
- espace, architecture, urbanisme, genre, sexualité, féminisme, queer
Contacts
- Comité d'organisation du colloque Espaces | sexués, genrés, queer*
courriel : espaces [dot] gsq [at] gmail [dot] com
URLS de référence
Source de l'information
- Giulia Custodi
courriel : espaces [dot] gsq [at] gmail [dot] com
Licence
Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la CC0 1.0 Universel.
Pour citer cette annonce
« Espaces | sexués, genrés, queer* », Appel à contribution, Calenda, Publié le mardi 11 avril 2017, https://calenda-formation.labocleo.org/402557