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Prouver et raconter : généalogies et filiation au XVIIe siècle

Proving and telling - genealogies and filiation in the 17th century

Revue « XVIIe Siècle »

XVIIe Siècle journal

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Publié le mardi 13 juin 2017

Résumé

La science des généalogies, qui était encore en gestation à la fin du XVIe siècle, connut, on le sait, un formidable essor au siècle suivant, en raison des enquêtes lancées par la monarchie pour vérifier la noblesse des familles privilégiées. L’arbre généalogique, instrument qui disait et faisait voir le pouvoir, devenait de surcroît un mode de représentation et de justification de la noblesse. Accaparée par des professionnels, cette discipline d’une grande technicité n’a pas empêché l’essor de pratiques amateures, d’une littérature de plus en plus abondante, usant de procédés relativement peu élaborés, visant à perpétuer telle ou telle mémoire familiale. On assiste alors à une extension et à une diversification des pratiques généalogiques. Il s’agit principalement de rendre compte de cette extension et de cette diversification, du point de vue de l'histoire comme de la littérature.

Annonce

Argumentaire

La science des généalogies, qui était encore en gestation à la fin du XVIe siècle, connut, on le sait, un formidable essor au siècle suivant, en raison des enquêtes lancées par la monarchie pour vérifier la noblesse des familles privilégiées. L’arbre généalogique, instrument qui disait et faisait voir le pouvoir (Léopold Génicot), devenait de surcroît un mode de représentation et de justification de la noblesse. Accaparée par des professionnels, cette discipline d’une grande technicité n’a pas empêché l’essor de pratiques amateures, d’une littérature de plus en plus abondante, usant de procédés relativement peu élaborés, visant à perpétuer telle ou telle mémoire familiale. On assiste alors à une extension et à une diversification des pratiques généalogiques. Il s’agit principalement de rendre compte de cette extension et de cette diversification. On a dit (André Bruguière) que l’essor des généalogies était inséparable de la crise d’identité affectant alors la noblesse. Face à une bourgeoisie robine conquérante, la noblesse se ressource dans une idéologie lignagère puissamment agnatique. Mais si les généalogies patrilinéaires dominent la production de l’époque, d’autres types de généalogies subsistent qui indiquent la complexité sociale de la parenté nobiliaire et son caractère cognatique (Elie Haddad). Les généalogies ne sont de surcroît qu’une modalité d’expression possible, parmi plusieurs, disant la filiation et l’alliance. On connait en particulier l’importance et la richesse du discours héraldique (Michel Nassiet). Les historiens ont identifié les fins, distingué les formes et les usages de la généalogie, expliqué que toute généalogie était « discours en situation », instrument mis au service de stratégies. Il n’y a pas de transmission matérielle ni même symbolique qui ne puisse être articulée à des fins pratiques. Il vaut la peine d’enrichir ces analyses en les croisant avec les études littéraires. En effet, le XVIIe siècle voit l’essor de l’écriture mémorialiste, qui n’est pas sans incidence sur le développement du genre romanesque, où la question généalogique, ou plus largement celle de la lignée, constitue un motif obligé. Se constitue ainsi un corpus généalogique polymorphe, qui vient s’agréger à un ensemble déjà riche et varié, tant dans les écrits biographiques que dans la fiction. La revue souhaite pour cette raison procéder à un réexamen des signes - récits généalogiques, fictions, armoiries, anthroponymie - par lesquels différentes conceptions de la parenté s’affirmaient, par lesquels s’affichaient des liens et se délimitaient des espaces d’action. La revue souhaite ensuite revenir sur la signification de cette exubérance généalogique, en l’appréhendant dans son articulation aux sphères économiques, politiques et littéraires, en ne négligeant pas les univers a priori moins réceptifs qu’étaient la notabilité bourgeoise - robe ou négoce - ou bien encore les élites rurales. Il s’agit enfin de relier l’entreprise généalogique aux discours tenus sur la filiation et l’alliance.

Axes thématiques

Sans viser à l’exhaustivité, les pistes de travail pourraient être les suivantes :

Transmissions symboliques

  • La généalogie, ou l’art de composer le récit lignager ?
  • Signe et expression de la filiation

Que peut-on dire de la généalogie comme outil et support fixant un imaginaire de la domination sociale et politique, comme instrument de revendication de l’appartenance à un groupe ? Comment articule-t-on la généalogie aux autres signes qu’étaient le patronyme, le nom de baptême et le blason (armoiries) ?

  • Discours et scénarisations fictionnelles

Si l’on envisage la généalogie comme discours établissant une filiation et une légitimation, peut-on articuler, et comment, son ancrage dans l’histoire familiale et/ou nationale et son ancrage dans des images-matrices, narratives ou descriptives, structurant des filiations imaginaires, d’ordre symbolique ou fictionnel ?

 Stratégies et stratagèmes

  • Comment et pourquoi  les familles qui appartenaient aux élites, qu’il s’agisse de nobles ou de roturiers, ont-elles construit et manipulé leurs identités ?
  • Compétition sociale et pratique généalogique

Les généalogies ont une fonction tantôt défensive – dans les procès et litiges mêlant différentes branches familiales ; dans le cadre des vérifications de noblesse des années 1661 à 1672, lorsque la lignée risque de tomber en quenouille par défaut de fils – tantôt offensives – la polarisation sur une lignée dominante productrice de hiérarchie intra-lignagère, la revendication d’un rang ou d’un statut. Quels sont les présents et les absents dans le matériel généalogique, si une inflexion patrilignagère se manifeste et de quelle façon ? Les généalogies données à voir et à lire correspondent-elles à la parenté pratique et vécue ?

  •  Stratégies rhétoriques

La caractérisation générique des généalogies, selon qu’elles soient autonomes ou qu’elles intègrent un genre littéraire préalablement constitué, invite à penser les différents niveaux de contagions, d’emprunts et de transferts. Il s’agit de s’interroger sur les formes empruntées par la généalogie, et sur les valeurs persuasives qu’elles soutiennent. Quelles réceptions programment-elles ? Pour quels lecteurs ?

Modalités pratiques d'envoi des propositions

Les propositions d’articles (500-700 mots), assorties d’une courte notice bio-bibliographique, sont à envoyer aux trois coordinateurs du numéro :

  • Yohann Deguin (yohann.deguin@univ-lorraine.fr),
  • Anne-Elisabeth Spica (anne-elisabeth.spica@univ-lorraine.fr)
  • Jérôme Viret (jerome.viret@univ-lorraine.fr)

d’ici le 25 septembre 2017.


Dates

  • vendredi 15 septembre 2017

Fichiers attachés

Mots-clés

  • généalogie, filiation, identité, lignée, transmission

Contacts

  • Anne-Elisabeth Spica
    courriel : anne-elisabeth [dot] spica [at] univ-lorraine [dot] fr
  • Jérôme VIRET
    courriel : jerome [dot] viret [at] univ-lorraine [dot] fr
  • Yohann Deguin
    courriel : yohann [dot] deguin [at] univ-lorraine [dot] fr

Source de l'information

  • Yohann Deguin
    courriel : yohann [dot] deguin [at] univ-lorraine [dot] fr

Licence

Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Prouver et raconter : généalogies et filiation au XVIIe siècle », Appel à contribution, Calenda, Publié le mardi 13 juin 2017, https://calenda-formation.labocleo.org/407907

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