Dans quelques mois, les événements de Mai 68, qui constituent l’un des plus importants mouvements sociaux du XX^e siècle en France, auront cinquante ans. À cette distance et à l’échelle de la durée d’une vie d’adulte, la distinction faite par le sociologue Maurice Halbwachs entre histoire et mémoire collective prend tout son sens. L’histoire, écrit-il, « ne commence qu’au point où finit la tradition, au moment où s’éteint ou se décompose la mémoire sociale » (Halbwachs, 1950). Un demi-siècle après ces événements, s’ouvre donc cette période-charnière entre le temps des témoins, qui va bientôt « fuir », et le temps de l’histoire, laquelle a vocation à prendre le relais de la mémoire lorsqu’elle commence, sinon à défaillir, du moins à faire des choix de plus en plus exclusifs dans ce qui mérite ou non d’être conservé comme souvenir et comme objet d’analyse.

Argumentaire

Dans quelques mois, les événements de Mai 68, qui constituent l’un des plus importants mouvements sociaux du XX^e siècle en France, auront cinquante ans. À cette distance et à l’échelle de la durée d’une vie d’adulte, la distinction faite par le sociologue Maurice Halbwachs entre histoire et mémoire collective prend tout son sens. L’histoire, écrit-il, « ne commence qu’au point où finit la tradition, au moment où s’éteint ou se décompose la mémoire sociale » (Halbwachs, 1950). Un demi-siècle après ces événements, s’ouvre donc cette période-charnière entre le temps des témoins, qui va bientôt « fuir », et le temps de l’histoire, laquelle a vocation à prendre le relais de la mémoire lorsqu’elle commence, sinon à défaillir, du moins à faire des choix de plus en plus exclusifs dans ce qui mérite ou non d’être conservé comme souvenir et comme objet d’analyse. En cette période charnière, comme le souligne Paul Ricœur, « la mémoire tant personnelle que collective s’enrichit du passé historique qui devient progressivement le nôtre » (Ricoeur, 2000). En effet, on s’apprête à passer du temps de la « rumination mémorielle » de 68 au temps proprement historique, distancié et soumis à l'analyse de générations n’ayant pas vécu les événements de 68 – même si, à certains égards, ils peuvent en être les héritiers ou s’en sentir les héritiers (Nora, 1997). Alors, précisément, par quelles voies et au travers de quelles représentations ce « passé historique » s’offre-t-il à la mémoire des générations actuelles ? Quels souvenirs de Mai 68 innervent encore la mémoire collective, le corps social en 2018 ? Voici deux des questions qui président à ce colloque. 

• M. Halbwachs, La Mémoire collective, Paris, Albin Michel, 1997 (1950).
• P. Ricœur, La Mémoire, l’histoire, l’oubli, Paris, Editions du Seuil, 2000.
• P. Nora (dir.), Les Lieux de mémoire 2, Paris, Gallimard, édition Quarto, 1997.

Responsables scientifiques

• Jean-Philippe Melchior (Le Mans Université, laboratoire Espaces et Sociétés (ESO) – UMR6590.)
• Philippe Tétart (Le Mans Université, laboratoire Violences, Innovations, Politiques, Socialisations & Sports (VIPS2) – EA4636).

Programme

• 8h30 Accueil
• 9h-9h30 Ouverture de la journée
• 9h30-10h Conférence introductive Christian Bougeard (Université de Bretagne occidentale) : Mai 1968 : regards sur la construction de l'historiographie de cette période en France

10h-11h30 Effets sociaux et culturels I

Modérateur Jean-Philippe Melchior (Le Mans Université – ESO)

• Jules Hermelin et Jean-Philippe Martin (EHESS) : Mémoires et héritages des contestations paysannes des années 1968
• Séverine Misset (Université de Nantes, Centre nantais de sociologie) : L’empreinte de mai 68 chez les militants paysans de Loire-Atlantique
• Yvan Gastaut (Université de Nice) :68 et la question migratoire d’hier à aujourd’hui

Pause

11h45-12h45 Commémorations audiovisuelles

Modérateur Philippe Tétart (Le Mans Université – VIPS2)

• Audrey Leblanc (EHESS) : Une amnésie médiatique paradoxale : Mai 68 en couleur
• Isabelle Veyrat-Masson (CNRS, Laboratoire Communication et politique) : Comment commémore-t-on mai 68 à la télévision ?

Buffet

14h-15h30 Traces politiques

Modérateur Stéphane Tison (Le Mans Université – TEMOS)

• Jérôme Pozzi (Université de Lorraine) : Mai 68 à travers les mémoires et les discours des dirigeants gaullistes : permanences et évolutions
• Anna Trespeuch-Berthelot (Centre d’Histoire Sociale, Université Paris I) : L’Internationale situationniste : les fortunes posthumes d’une pensée 68
• Jean-Philippe Legois (Centre d’histoire de Sciences Po) : Etudiants des années 68 : 50 nuances de mémoires collectives

Pause

15h45-17h15 Effets sociaux et culturels II

Modérateur Sylvain Villaret (Le Mans Université – VIPS2)

• Sylvette Denèfle (Université de Tours) : La CGT et le mouvement étudiant en Mai 68 : vécus de deux militantes
• Thibault Tellier (Institut d’Études Politiques de Rennes) : Faire ou défaire la ville ? Les impensés de 68 dans la politique de la ville
• Christian Lacombe (Bibliothèque nationale de France) : Mai 68, prémisses d’une sexualité postmoderne ?

Pause

17h30-19h, Table ronde Mémoires d’acteurs

• Françoise Douay (Université d’Aix-Marseille), François Marzorati (Préfet retraité), Jean-Luc Painaut (Enseignant retraité, Le Mans), Marie-Claude Rousseau (Enseignante retraitée, Le Mans)

Plus de renseignements et inscription (6,50 € - tarif unique) sur le site https://memoires68.sciencesconf.org

Contact : 02 43 83 36 01 ou marie.mansalier@univ-lemans.fr