Calenda - Le calendrier des lettres et sciences humaines et sociales
La guerre comme zone de contact au XIXe siècle
War as Contact Zone in the Nineteenth Century
Publié le mercredi 30 mai 2018
Résumé
Cette journée d’étude se propose d’initier un débat sur les formes de la rencontre et celles des transferts en temps de guerre pendant un « long dix-neuvième siècle » (1789-1914). Nous souhaitons également travailler sur la manière dont les historiens utilisent les nouvelles méthodes numériques et transforment les études de cas de façon à rendre leurs résultats plus largement accessibles. Le choix de cette période est déterminé par la richesse de ses multiples innovations dans des domaines comme la communication, les transports de masse, l’armement, le droit international concernant la conduite de la guerre, qui ont alimenté une fructueuse réflexion sur le fait de savoir si le XIXe siècle ouvrait la voie à la totalisation de l’activité guerrière ou s’il devait être évalué en ses propres termes.
The workshop seeks to encourage further debate on the mechanics of encounter and transfer processes in war during the "long nineteenth century" (1789-1914). It wiil also explore how historians working on this subject can use new digital methods and impact case studies to make their findings accessible to the public. The choice of period is informed by this era’s manifold innovations in such fields as communication, mass transport, weaponry, international law and the conduct of war, which have generated fruitful dialogue on the question whether the nineteenth century set the path for a totalitarianisation of warfare or should instead be evaluated on their own terms.
Annonce
Presentation
Military history has come a long way in the last fifty years. Popular media such as the History Channel and the biographies of great generals on the shelves of many bookstores might suggest at first glance that the field is still dominated by ‘drum and trumpet historians’ that speak to audiences well on the right of the political spectrum. However, the ascendancy of ‘new military history’/’nouvelle histoire-bataille’ and the ‘cultural history of war’ has in fact advanced our understanding of human conflict enormously. We know more than ever before about the multilayered webs of entanglement that connect army and society, as well as the way in which soldiers and civilians experience violence. Work in this vein has shown that instead of being an exceptional state and thus marginal to society’s ‘true’ concerns, war has been implicated in some of history’s most far-reaching changes, such as the evolution of the modern idea of citizenship.
While military conflicts are undeniably destructive in terms of their human and material cost, they also have unintended creative consequences. The German historian Ute Frevert has aptly termed wars ‘inter- and transnational events par excellence’ because no other phenomenon - with the possible exception of migration - brings so many people in such close contact with each other. Napoleon may have failed to establish a lasting European empire, but the veterans of the Grande Armée could boast familiarity with all parts of Europe after having marched across the Continent for almost a quarter of a century. Of course, when such large bodies of men fuse together or interact with civilian populations, the nature of these encounters differs widely. Some manifestations are benign, including the bonds of comradeship that can blossom into ‘fictive kinship’ (Jay Winter) among soldiers, whereas atrocities and genocidal mass exterminations represent the opposite form of encounter. Both extremes of the spectrum have been the subject of extensive scholarship in recent decades, thanks to a process of analytical cross-fertilisation through interdisciplinary borrowing. Just as it is no longer good practice to write about morale and combat effectiveness without attention to sociological or anthropological theories that explain unit cohesion, investigations into the causes of war crimes have underscored the benefits that accrue from close analytical attention to the psychological triggers of violence and the spaces in which these acts take place. Finally, the fruits of transnational history and global history remind us that any attempt to explain war-as-encounter must have a firm grounding in cultural studies, especially with a view to uncovering how patterns of communication evolve and the transfer of knowledge occurs.
Building on these insights, the workshop seeks to encourage further debate on the mechanics of encounter and transfer processes in war during the ‘long nineteenth century’ (1789-1914). In a second step we wish to explore how historians working on this subject can use new digital methods and impact case studies to make their findings accessible to the public. The choice of period is informed by this era’s manifold innovations in such fields as communication, mass transport, weaponry, international law and the conduct of war, which have generated fruitful dialogue on the question whether the nineteenth century set the path for a totalitarianisation of warfare or should instead be evaluated on their own terms.
Program
Thursday, 28 June
Institut d'études avancées de Paris
- 15h30 - 15h40 Welcoming words Gretty Mirdal (Directrice de l’IEA Paris) and Stefan Martens (Directeur adjoint de l’IHA)
- 15h40 - 16h10 Introduction Jasper Heinzen, Mareike König, Odile Roynette
16h15 - 17h45 Session 1: Rencontres rapprochées entre ennemis
Chair: Odile Roynette
- When soldiers met the locals: the Balkan Wars as a contact zone among combatants and non-combatants, Panagiotis Delis (Athens/Burnaby)
- Confrontation of “formless” formations? Thinking and making physical contact on the post-Franco-Prussian War “modern” battlefield, Jean-Philippe Miller-Tremblay (Paris)
17h45 - 18h00 Break
18h - 19h10 Keynote: War as contact zone: a useful concept of analysis? Jasper Heinzen
Friday, 29 June
Institut historique allemand
9h00 - 10h30 Session 2: Souffrances partagées en temps de guerre
Chair: Mareike König
- Rencontres entre militaires blessés et civils à l’époque napoléonienne, Nebiha Guiga (Paris)
- Les hôpitaux maritimes français pendant la guerre de Crimée : Des espaces de contacts (1854-1856), Benoît Pouget (Aix-Marseille)
10h30 - 11h00 Break
11h00 - 12h30 Session 3 : Mobiliser une société pour la guerre : le cas italien
Chair: Jürgen Finger
- Defeat as opportunity. The debate on the need for a militarised society in Italy from the Risorgimento to the First World War, Marco Mondini (Trient)
- The armée comes to town. Social problems of military presence and barracks supplying in the Napoleonic Kingdom of Italy (1805-1814), Vittoria Princi (Oxford)
12h30 - 14h00 Lunch Break
14h00 - 15h30 Session 4: Rencontres asymétriques dans la guerre impériale
Chair: Jasper Heinzen
- Inter-imperial contact zones and military occupations in Boxer-War China: Beijing and Baoding (1900 – 1901), Dominique Biehl (Basel)
- Closing Pandora’s Box? Anglo-French cooperation to contain the sinews of war in the Caribbean, 1803–1810, Flavio Eichmann (Bern)
15h30 - 16h00 Break
16h00 - 17h00 Roundtable
Présentation
L’histoire militaire a accompli un long chemin depuis les cinquante dernières années. Une chaîne de télévision populaire, comme History Channel, ainsi que les biographies des grands généraux présentes dans les rayons de nombreuses librairies, pourraient faire croire, à première vue, que ce domaine est toujours accaparé par des historiens fascinés par leur objet et tournés vers un public majoritairement conservateur. Cependant, l’émergence de la nouvelle histoire-bataille et celle de l’histoire culturelle de la guerre ont considérablement enrichi notre compréhension du phénomène guerrier. Nous connaissons aujourd’hui beaucoup mieux que naguère la multiplicité des liens qui relient l’armée et la société, tout comme les modalités de la confrontation des soldats et des civils à la violence. Nous savons qu’au lieu d’être une situation exceptionnelle et marginale, la guerre constitue un des facteurs les plus puissants d’évolution à l’intérieur d’une société. Il suffit de prendre un seul exemple marquant venu des temps modernes : celui de la conscription. L’introduction du service militaire universel depuis la fin du XVIIIe siècle n’a pas seulement transformé la manière dont les sociétés occidentales ont expérimenté leur rapport à la nation, elle a aussi construit une vision qui excluait les femmes des affaires de la cité, dans la mesure où, incapables d’accomplir leur service, elles ne pouvaient accéder aux avantages de la citoyenneté. De même, l’émergence de l’État providence est impensable si on ne prend pas en considération les revendications adressées dans le sillage des campagnes militaires par les soldats-citoyens blessés et démunis à leur gouvernement
Alors que les conflits armés sont indéniablement destructeurs sur le plan humain et matériel, ils ont également eu des répercussions positives inattendues. L’historienne allemande Ute Frevert a judicieusement qualifié les guerres « d’événement inter et transnationaux par excellence » dans la mesure où aucun autre phénomène – à l’exception des migrations – ne met en contact aussi étroit un aussi grand nombre d’individus. Napoléon a échoué à fonder un Empire européen durable, mais les vétérans de la Grande Armée ont pu se vanter d’avoir acquis une familiarité avec toute l’Europe après avoir marché sur tout le continent pendant un quart de siècle. Bien entendu, quand de telles quantités d’hommes entrent en contact ou interagissent avec les civils, la nature de ces rencontres diffère profondément. Certaines peuvent être pacifiques et propices à la formation d’une connivence qui peut se transformer en « fictive kinship » (Jay Winter) entre soldats, tandis que les atrocités et les exterminations de masse se situent à l’autre extrémité du phénomène. Les deux bouts du spectre ont fait l’objet de nombreux travaux pendant les dernières décennies, grâce à un processus de fertilisation croisée des approches interdisciplinaires. Il n’est par exemple plus pensable d’aborder le moral et l’efficacité des troupes au combat sans se référer aux approches sociologiques et anthropologiques qui expliquent l’esprit de corps. De même, les recherches concernant les crimes de guerre ont souligné l’utilité d’une analyse précise des facteurs psychologiques à l’origine de la violence et d’une prise en compte du rôle joué par l’espace dans lequel elle se déploie. Enfin, les apports de l’histoire transnationale et globale nous rappellent que toute lecture de la guerre en terme de rencontre doit s’appuyer sur un solide soubassement en l’histoire culturelle, tout particulièrement afin de cerner l’évolution des formes de la communication et de transferts de connaissance.
Fondés sur ces présupposés, cette journée d’étude se propose d’initier un débat sur les formes de la rencontre et celles des transferts en temps de guerre pendant un “long dix-neuvième siècle” (1789-1914). Dans un deuxième temps, nous souhaitons travailler sur la manière dont les historiens utilisent les nouvelles méthodes numériques et transforment les études de cas de façon à rendre leurs résultats plus largement accessibles. Le choix de cette période est déterminé par la richesse de ses multiples innovations dans des domaines comme la communication, les transports de masse, l’armement, le droit international concernant la conduite de la guerre, qui ont alimenté une fructueuse réflexion sur le fait de savoir si le XIXe siècle ouvrait la voie à la totalisation de l’activité guerrière ou s’il devait être évalué en ses propres termes.
Inscription gratuite obligatoire
Programme
Jeudi 28 juin
Institut d'études avancées de Paris
- 15h30 - 15h40 Mots de bienvenue, Gretty Mirdal (Directrice de l’IEA Paris) et Stefan Martens (Directeur adjoint de l’IHA)
- 15h40 - 16h10 Introduction Jasper Heinzen, Mareike König, Odile Roynette
16h15 - 17h45 Séance 1 : Rencontres rapprochées entre ennemis
Présidente : Odile Roynette
- When soldiers met the locals: the Balkan Wars as a contact zone among combatants and non-combatants, Panagiotis Delis (Athens/Burnaby)
- Confrontation of “formless” formations? Thinking and making physical contact on the post-Franco-Prussian War “modern” battlefield, Jean-Philippe Miller-Tremblay (Paris)
17h45 - 18h00 Pause
- 18h - 19h10 Keynote : War as contact zone: a useful concept of analysis? Jasper Heinzen
Vendredi 29 juin
Institut historique allemand
9h00 - 10h30 Séance 2 : Souffrances partagées en temps de guerre
Présidente : Mareike König
- Rencontres entre militaires blessés et civils à l’époque napoléonienne, Nebiha Guiga (Paris)
- Les hôpitaux maritimes français pendant la guerre de Crimée : Des espaces de contacts (1854-1856), Benoît Pouget (Aix-Marseille)
10h30 - 11h00 Pause
11h00 - 12h30 Séance 3 : Mobiliser une société pour la guerre : le cas italien
Président : Jürgen Finger
- Defeat as opportunity. The debate on the need for a militarised society in Italy from the Risorgimento to the First World War, Marco Mondini (Trient)
- The armée comes to town. Social problems of military presence and barracks supplying in the Napoleonic Kingdom of Italy (1805-1814), Vittoria Princi (Oxford)
12h30 - 14h00 Pause déjeuner
14h00 - 15h30 Séance 4 : Rencontres asymétriques dans la guerre imperiale
Président : Jasper Heinzen
- Inter-imperial contact zones and military occupations in Boxer-War China: Beijing and Baoding (1900 – 1901), Dominique Biehl (Basel)
- Closing Pandora’s Box? Anglo-French cooperation to contain the sinews of war in the Caribbean, 1803–1810, Flavio Eichmann (Bern)
15h30 - 16h00 Pause
16h00 - 17h00 Discussion finale
Catégories
- Histoire (Catégorie principale)
- Périodes > Époque contemporaine > XIXe siècle
- Esprit et Langage > Représentations
- Sociétés > Études du politique > Guerres, conflits, violence
Lieux
- Institut historique allemand - 8 rue du Parc Royal
Paris, France (75003)
Dates
- jeudi 28 juin 2018
- vendredi 29 juin 2018
Mots-clés
- guerre, war, contact zone, zone de contact, culture, échanges, military conflicts, conflits armés, military history, histoire militaire
Contacts
- IEA Paris Information
courriel : information [at] paris-iea [dot] fr
URLS de référence
Source de l'information
- Élodie Saubatte
courriel : elodie [dot] saubatte [at] paris-iea [dot] fr
Licence
Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la CC0 1.0 Universel.
Pour citer cette annonce
« La guerre comme zone de contact au XIXe siècle », Colloque, Calenda, Publié le mercredi 30 mai 2018, https://calenda-formation.labocleo.org/442702

