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Laïcité(s) : religion et espace public
Religion and State in the public sphere
Veröffentlicht am jeudi, 06. décembre 2018
Zusammenfassung
Les relations entre les religions et l’État peuvent prendre de nombreuses formes dans le monde d’aujourd’hui. Certains pays connaissent une séparation a priori étanche comme dans le cas de la France ; d’autres accordent une place fondamentale à une religion dans l’ordre social à l’exclusion de toutes les autres ; d’autres encore connaissent une religion d’État tout en garantissant la liberté de croire ou de ne pas croire et en proscrivant toute discrimination fondée sur la croyance ou l’absence de croyance. Entre l’extrême de l’athéisme d’État, et l’autre extrême d’un système fondé explicitement sur les préceptes d’une religion, la palette des relations qui peuvent exister entre l’État et la religion est riche. L’objet du présent colloque interdisciplinaire sera de décrire et d’analyser cette diversité.
Inserat
Coorganisé par l’EA 3298 Espaces humains et interactions culturelles (EHIC) (Universités Clermont Auvergne/Limoges) et l’Oxford Center for Methodism and Church History (Oxford Brookes University).
Lieu et date du colloque : Clermont-Ferrand, 21-22 novembre 2019
Texte de cadrage
Le discours prononcé par Emmanuel Macron le 9 avril 2018 devant la conférence des évêques de France a beaucoup fait parler de lui, notamment en raison de la volonté exprimée par le président français de « réparer » « le lien entre l’Eglise [catholique] et l’Etat » selon lui « abîmé », ainsi que de son appel aux catholiques à « [s’]engager politiquement dans notre débat national et dans notre débat européen car [leur] foi est une part d’engagement dont ce débat a besoin[1] ».
Les réactions parfois hostiles à ce discours ont pu rappeler celles qui avaient accueilli le discours d’un autre président français, Nicolas Sarkozy, lorsqu’il avait estimé publiquement devant le pape Benoît XVI le 20 décembre 2007 que « [d]ans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur (…) parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d'un engagement porté par l'espérance[2] ».
Ces épisodes montrent bien la relation complexe et parfois conflictuelle qui existe (encore) en France entre les religions – et notamment le catholicisme – d’une part et la chose publique d’autre part.
On le sait, les relations entre les religions et l’Etat peuvent prendre de nombreuses formes dans le monde d’aujourd’hui. Certains pays connaissent une séparation a priori étanche comme dans le cas de la France où « la République ne reconnaît, ne salarie, ni ne subventionne aucun culte »[3] ; d’autres accordent une place fondamentale à une religion dans l’ordre social à l’exclusion de toutes les autres (c’est le cas dans les monarchies du Golfe et, dans une moindre mesure, en Algérie) ; d’autres encore connaissent une religion d’Etat (comme en Angleterre et en Ecosse) tout en garantissant la liberté de croire ou de ne pas croire et en proscrivant toute discrimination fondée sur la croyance ou l’absence de croyance.
Entre l’extrême de l’athéisme d’Etat qu’a pu connaître l’URSS et que connaissent encore Cuba et la Corée du Nord, et l’autre extrême d’un système fondé explicitement sur les préceptes d’une religion, comme c’est actuellement le cas en Iran, la palette des relations qui peuvent exister entre l’Etat et la Religion est riche. L’objet du présent colloque sera de décrire et d’analyser cette diversité.
Ces relations peuvent être regroupées au sein de trois grandes catégories que l’on pourrait dénommer, de façon nécessairement schématique :
- L’hostilité,
- La bienveillance,
- L’indifférence.
Il va sans dire que, selon la religion ou la confession considérée, les trois relations peuvent exister simultanément au sein d’un même Etat.
Plusieurs axes pourraient notamment être privilégiés dans ce cadre :
Dans le domaine juridique, on pourra s’intéresser à la façon dont la loi et la jurisprudence encadrent les interventions de la religion dans l’espace public. On pourra aussi s’intéresser, en France, au cas particulier de l’Alsace et de la Moselle depuis 1919. Les communications pourront aussi bien être comparatives que consacrées à un seul système juridique.
Dans le domaine de la civilisation américaine, les spécialistes de l’Amérique du Nord et de l’Amérique latine pourront aussi se pencher sur les évangéliques militants qui – tels le maire actuel de Rio de Janeiro, l’évangélique Marcello Crivella, ou les hommes et femmes politiques de la droite religieuse aux Etats-Unis – briguent des mandats publics et dont la foi fonde explicitement l’action.
Dans le domaine de la civilisation britannique, on pourra partir de la situation très diverse qui existe au Royaume-Uni : deux de ses quatre nations (l’Angleterre et l’Ecosse) ont une Eglise d’Etat, et deux n’en ont pas ; par ailleurs, depuis le XVIe siècle, les évêques et archevêques de l’Eglise d’Angleterre sont nommés par le souverain et 26 d’entre eux siègent au Parlement. On pourra se pencher sur les contestations et les justifications, à travers les siècles, qu’a provoqué cet état de fait de la part des croyants et des non-croyants. On pourra aussi s’interroger sur le rôle de la Secular Society ou de Humanists UK qui se prononcent régulièrement en faveur d’un espace public totalement neutre religieusement.
Dans le domaine théologique, on pourra s’intéresser à la façon dont les Eglises et les religions considèrent l’Etat, ainsi que les différentes théories pouvant exister sur les liens que peuvent ou que doivent entretenir Eglise et Etat. On pourra aussi se pencher sur la pensée sociale de l’Eglise catholique qui postule que la foi rend nécessaire d’intervenir dans l’espace public, comme l’écrivait en 2013 le pape François : « Personne ne peut exiger de nous que nous reléguions la religion dans la secrète intimité des personnes, sans aucune influence sur la vie sociale et nationale, sans se préoccuper de la santé des institutions de la société civile, sans s’exprimer sur les évènements qui intéressent les citoyens »[4].
Cette liste de disciplines et de sujets est purement indicative, et des propositions de chercheurs ou de praticiens venus d’autres domaines sont vivement souhaitées.
Modalités de soumission
Les propositions (entre 250 et 350 mots), accompagnées d’une courte présentation biobibliographique sont à envoyer
avant le 15 janvier 2019
à Jérôme Grosclaude, jerome.grosclaude@uca.fr
Une publication est envisagée.
Les communications se feront en français ou en anglais.
Sélection
- Jérôme Grosclaude (Université Clermont Auvergne)
- Peter S. Forsaith (Oxford Brookes University).
Références
[1] « Transcription du discours du Président de la République devant les Evêques de France », http://www.elysee.fr/declarations/article/transcription-du-discours-du-president-de-la-republique-devant-les-eveques-de-france/. Voir aussi « Macron veut ‘réparer le lien’ entre l’Eglise catholique et l’Etat », Le Monde, 10/4/2018, http://www.lemonde.fr/religions/article/2018/04/10/macron-veut-reparer-le-lien-entre-l-eglise-catholique-et-l-etat_5283135_1653130.html#5Eok7ZvSFaEDY85x.99
[2] « Déclaration de M. Nicolas Sarkozy, président de la République, sur les racines chrétiennes de la France et sur sa conception de la laïcité », http://discours.vie-publique.fr/notices/077003995.html Nicolas Sarkozy avait paru ensuite faire marche arrière vis-à-vis de cette déclaration en 2012 : « Pour Nicolas Sarkozy le discours du Latran a été ‘sorti de son contexte’ », La Croix, 27/2/2012, https://www.la-croix.com/Actualite/France/Pour-Nicolas-Sarkozy-le-discours-du-Latran-a-ete-sorti-de-son-contexte-_NG_-2012-02-27-772678
[3] Article 2 de la loi du 9/12/1905 « concernant la séparation des Eglises et de l'Etat ».
[4] Pape François, exhortation apostolique Evangelii Gaudium (24/11/2013), § 183, http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/apost_exhortations/documents/papa-francesco_esortazione-ap_20131124_evangelii-gaudium.html. Le pape François s’inscrivait ici dans la lignée de plusieurs de ses prédécesseurs, tels Pie XI qui avait en 1927 parlé du « champ le plus vaste de la charité, la charité politique », et Jean-Paul II dans l’encylique Centesimus Annus (1/5/1991).
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Orte
- Maison des sciences de l'homme de Clermont-Ferrand - 4 rue Ledru
Clermont-Ferrand, Frankreich (63)
Daten
- mardi, 15. janvier 2019
Schlüsselwörter
- religion, laïcité, société
Kontakt
- Jérôme Grosclaude
courriel : jerome [dot] grosclaude [at] uca [dot] fr
Informationsquelle
- Jérôme Grosclaude
courriel : jerome [dot] grosclaude [at] uca [dot] fr
Zitierhinweise
« Laïcité(s) : religion et espace public », Beitragsaufruf, Calenda, Veröffentlicht am jeudi, 06. décembre 2018, https://calenda-formation.labocleo.org/514267