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Cultures en temps de conflits en Syrie : entre destructions et résistances
Cultures in times of conflict in Syria - between destruction and resistance
Journées Diderot « Culture et Politique »
Culture et Politique study days
Publié le mardi 11 décembre 2018
Résumé
Le thème des destructions patrimoniales et culturelles en temps de conflits et de guerre s’inscrit autant dans une actualité récente, celles des destructions du patrimoine perpétrées par les groupes islamistes depuis une vingtaine d’années (Afghanistan, Irak, Syrie, Mali) que dans un temps long, celui des instrumentalisations politiques et idéologiques de la culture et du patrimoine. L’objectif de cette journée d’étude et de débats est d’offrir un aperçu des relations complexes entre patrimoine, culture et conflits. Il conviendra de se pencher sur les politiques, tant publiques que privées, qui visent à supprimer des marqueurs culturels (passés et présents) ou au contraire à les protéger contre la destruction. Il s’agira aussi de s’interroger sur les discours sous-jacents dans la mesure où les destructions, résistances et recompositions qui se tissent dans ces contextes sont autant de témoignages des représentations politique et sociale de la culture et du patrimoine.
Annonce
Argumentaire
Le thème des destructions patrimoniales et culturelles en temps de conflits et de guerre s’inscrit autant dans une actualité récente, celles des destructions du patrimoine perpétrées par les groupes islamistes depuis une vingtaine d’années (Afghanistan, Irak, Syrie, Mali) que dans un temps long, celui des instrumentalisations politiques et idéologiques de la culture et du patrimoine. Si le patrimoine et la culture ont de tout temps et partout été pris à parti par ou dans les guerres, les conflits qui touchent à présent la région arabo-musulmane révèlent un phénomène nouveau, traduisant lui-même un rapport spécifique de nos sociétés post-modernes au patrimoine et à la culture. On parle ainsi de prolifération, d’engouement, voire d’abus patrimonial, ou encore de mondialisation et de marchandisation de la culture. Dans ce contexte, interroger les relations entre patrimoine et guerre, et plus largement entre culture et conflits, implique donc de revenir sur les objets même dont il est question ici, mais aussi sur les manières dont les conflits mettent en jeu le patrimoine et les cultures, qui peuvent être tantôt les éléments déclencheurs, les cibles et/ou les enjeux d’un conflit. Il ne faut pas non plus oublier que les conflits sont eux-mêmes générateurs de patrimoine et peuvent stimuler la création artistique, puisque c’est dans ces contextes que naissent bien souvent les initiatives pour protéger des biens culturels et maintenir la production artistique. La culture semble ainsi partagée entre deux pôles et soumise à deux mouvements antagonistes : un processus de valorisation des biens culturels correspondant à l’idéologie dominante des groupes en présence (la/les culture /s ser/ven/t le/la politique), et un processus de fragilisation, destruction, voire annihilation des biens et productions culturelles de « l’ennemi » (le/la politique détruit la/les culture/s). Ainsi se pose autant la question de la survie, de la résistance et de la recomposition des cultures face aux politiques de destruction, que la question du conflit entre les cultures des belligérants.
L’objectif de cette journée d’étude et de débats est donc d’offrir un aperçu des relations complexes entre patrimoine, culture et conflits. Il conviendra de se pencher sur les politiques, tant publiques que privées, qui visent à supprimer des marqueurs culturels (passés et présents) ou au contraire à les protéger contre la destruction. Il s’agira aussi de s’interroger sur les discours sous-jacents dans la mesure où les destructions, résistances et recompositions qui se tissent dans ces contextes sont autant de témoignages des représentations politique et sociale de la culture et du patrimoine. Le choix de croiser les regards sur la situation syrienne s’explique par une actualité largement médiatisée, qui suscite la réaction de tous et à différentes échelles: chercheurs, institutions internationales, professionnels de la culture et du patrimoine, artistes prennent part au débat et à l’action militante. La syrie, à l’instar des États du Moyen Orient et d’Afrique du Nord, nés de la décolonisation dans la seconde moitié du XXème siècle, présente en effet un terrain d’étude intéressant à plusieurs titres. L’histoire mouvementée de cet État jeune permet de considérer, sur le temps long, les multiples manières dont culture et patrimoine ont été instrumentalisés, autant par les acteurs locaux (le régime dominant comme les acteurs de l’opposition) que par les acteurs étrangers. Les politiques culturelles ont ainsi été profondément marquées par l’empreinte du régime mandataire, puis de régimes autoritaires successifs, en particulier le régime alaouite au pouvoir depuis 1971), dans une société elle-même multiculturelle. La Syrie reflète également des tendances partagées par les autres États de la région. Les conflits qui ont fait ou font rage dans la région, selon des temporalités et territorialités variées (Liban Irak, Afghanistan, Israël/Palestine, Syrie), et plus récemment les printemps arabes, ont modelé des conceptions patrimoniales et des expressions artistiques particulières, témoignant de la nature profondément dynamique et résiliente des cultures en conflits.
En définitive, cette journée visera à favoriser le dialogue entre les acteurs de la culture, les professionnels et les chercheurs de manière à saisir toute la complexité des rapports qui se tissent entre le politique, le social et le culturel, dans la lignée des précédentes journées Diderot.
La journée alternera des présentations par des chercheurs confirmés, des interludes où des poèmes seront chantés, en écho aux thématiques abordées, et des tables rondes.
Programme
Accueil dès 9h00
Conférence introductive (9h30 – 11h00)
9h30-11h00 : Table ronde n°1
Regards interdisciplinaires et croisés sur le patrimoine et la culture en conflits en Syrie : destructions/résistances/recompositions
- Présidence : Catherine Coquio (professeur de littérature comparée, membre du CERILAC, Université Paris 7)
- Annie Sartre (historienne et archéologue, Professeur émérite à l’Université d’Artois)
- Nabil Beyhum (sociologue, enseignant-chercheur à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture Paris Val-de-Seine)
- Hala Kodmani (journaliste à Libération)
11h-11h10 Poésie syrienne chantée : Intissar Maatig
11h15 - 12h45 : Table ronde 2
Dégradations, destructions, disparitions
Les intervenants aborderont diverses questions à partir de leur propre expérience et/ou travaux de recherche. Il s’agira d’interroger les raisons de la destruction ciblée de la culture et du patrimoine, et la question des responsabilités (régime dominant, oppositions, groupes islamistes, acteurs étrangers), de manière à souligner la complexité des enjeux et les multiples formes que prend la relation entre culture et conflit : conflits interculturels, cultures conflictuelles, cultures au cœur des conflits sont autant de facettes d’une telle relation. Il s’agira donc de poser un regard interdisciplinaire et de croiser les points de vue internes et externes.
- Présidence : Laurence Gillot (maître de conférences, Université Paris 7)
- Sophie Cluzan (archéologue et historienne spécialiste du Proche-Orient)
- Manar Hammad (architecte, sémioticien et archéologue)
- Cécile Hennion (journaliste au Monde)
- Ziad Majed (politologue et essayiste, professeur à l’Université américaine de Paris)
Projection du film sur l’exposition « al-Athâr » de Lara Scarlett-Gervais
13h-14h00 Pause déjeuner
14h15-15h45 : Table ronde n°3
Poésie, cinéma et résistances : paroles d’artistesPrésidence : Laurent Fleury (professeur à l’Université Paris Diderot), Madeleine Lungu et Clara Lange (étudiantes du master 2 « Politiques culturelles », Université Paris Diderot)
- Hala Alabdalla (réalisatrice, productrice et formatrice)
- Julie Brochen (comédienne et metteur en scène)
- Intissar Maatig (musicienne)
- Mohanad Al-Jaramani (musicien)
- Mohamad al-Roumi (photographe, réalisateur)
15h50-17h20 Table ronde n°4
Résistances, mutations, reconstructions
Présidence : Ziad Majed (professeur à l’Université américaine de Paris)
- Delphine Minoui, écrivaine
- Elisabeth Longuenesse (sociologue, chercheure associée à l’Institut français duProche-Orient, membre du Laboratoire Printemps à l’UVSQ)
- Rania Samara (professeure de littérature et de traduction, chercheure associée àl’IISMM/EHESS)
- Lara Scarlett-Gervais (photographe, présidente de l’Association Héritage etCivilisation)
17h20-17h30 Poésie syrienne chantée : Mohanad al-Jaramani
17h30-19h00 Buffet syrien
à l’amphithéâtre Buffon Université Paris Diderot 15 Rue Hélène Brion, 75 013 Paris
Entrée gratuite sur inscription obligatoire à l’adresse suivante https://urlz.fr/8jkO
Catégories
- Études du politique (Catégorie principale)
- Espaces > Asie > Proche-Orient
- Esprit et Langage > Représentations
- Sociétés > Sociologie > Sociologie de la culture
Lieux
- Amphithéâtre Buffon, Université Paris Diderot - 15 rue Hélène Brion
Paris, France (75013)
Dates
- vendredi 14 décembre 2018
Fichiers attachés
Mots-clés
- patrimoine, conflit, résistance, mutation, reconstruction, dégradation, destruction, disparition
Contacts
- Comité d'histoire du ministère de la Culture
courriel : comitehistoire [at] culture [dot] gouv [dot] fr
URLS de référence
Source de l'information
- agathe de legge
courriel : agathe [dot] de-legge [at] culture [dot] gouv [dot] fr
Licence
Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la CC0 1.0 Universel.
Pour citer cette annonce
« Cultures en temps de conflits en Syrie : entre destructions et résistances », Journée d'étude, Calenda, Publié le mardi 11 décembre 2018, https://calenda-formation.labocleo.org/519766