Calenda - The calendar for arts, humanities and social sciences
Administrating the urban fringes of the Spanish Empire (16th-19th century)
Administrer les marges urbaines de l’empire espagnol (XVIe-XIXe siècle)
Published on lundi, mars 11, 2019
Summary
Les historiens semblent parfois partager le regard des institutions urbaines de l’Ancien Régime et du XIXe siècle sur l’espace qui s’étend au-delà des murs et des portes des villes : le monde des faubourgs demeure une terra incognita et lorsqu’ils sont abordés, les faubourgs sont la plupart du temps envisagés comme l’envers de la ville. Ils sont souvent considérés comme des espaces de relégation mal ordonnés, sales et mal lotis, espace d’illégalismes où prospèrent les activités interlopes (trafics divers, prostitution, contrebande) et le crime organisé, réservoirs à fantasmes (les bas-fonds) pour les plaisirs noctambules.
Announcement
Argumentaire
Les historiens semblent parfois partager le regard des institutions urbaines de l’Ancien Régime et du XIXe siècle sur l’espace qui s’étend au-delà des murs et des portes des villes : le monde des faubourgs demeure une terra incognita et lorsqu’ils sont abordés, les faubourgs sont la plupart du temps envisagés comme l’envers de la ville. Ils sont souvent considérés comme des espaces de relégation mal ordonnés, sales et mal lotis, espace d’illégalismes où prospèrent les activités interlopes (trafics divers, prostitution, contrebande) et le crime organisé, réservoirs à fantasmes (les bas-fonds) pour les plaisirs noctambules.
L’intention de cette rencontre est de s’éloigner de cette vision réductrice de ces espaces en suivant la piste de leur administration et leur gouvernance. Nous envisageons les faubourgs non comme de simples exutoires pour les activités polluantes et les populations indésirables mais comme des espaces de vie proprement administrés avec leurs spécificités juridiques, démographiques et économiques, ce qui pose en premier lieu le problème des termes de leur définition.
Raisonner à l’échelle de l’empire espagnol permet de travailler sur les déclinaisons variées du rapport à l’espace urbain au sein d’un même ensemble politique où les logiques du pouvoir impérial jouent selon divers modes avec l’autonomie des corporations locales et avec les différents rapports au territoire. A la diversité urbaine des royaumes péninsulaires répond celle des terres américaines, enrichie des rapports contrastés avec les villes précolombiennes (Mexico, Tlaxcala) ou l’absence de ville (Río de la Plata), et avec les circuits économiques atlantiques (Potosí, La Havane, Buenos Aires). Les nouveaux faubourgs qui éclosent aux quatre coins de l’Amérique espagnole, jusqu’aux Philippines sont distincts des barrios périphériques des villes de la péninsule. Le rapport même des villes à l’espace américain où se projette la monarchie catholique y diffère de la situation en Péninsule.
D’une part, la séparation physique avec les parties centrales matérialisée par des murs percés de portes n’existe pas dans le Nouveau Monde (à l’exception notable des ports) : comment une ville pouvait-elle se définir par rapport à son environnement rural sans muraille ? Sur quelles limites se fondait alors la distinction entre faubourgs et ville principale ?
D’autre part, le gouvernement des espaces et des habitants vivant dans les faubourgs diverge franchement de part et d’autre de l’Atlantique. Au moment où, au début du XVIIe siècle, les morisques étaient expulsés des villes péninsulaires après avoir été confinés dans des morerias, à Séville, Tolède, ou à Valence, dans les Indes occidentales, les indigènes des périphéries gagnaient progressivement le cœur des villes du Nouveau Monde, intégrant la domesticité des Palais de la traza. Dans le même temps, de petits blancs et des métis s’installaient dans les quartiers périphériques alors que les populations noires serviles ou libres fraîchement débarquées, ainsi que les nouveaux métissages auxquels ils donnaient lieu venaient compliquer le caléidoscope social. Or, ni la fiction juridique d’une séparation entre les républiques des Espagnols et des Indiens, ni la segmentation sociale de ces sociétés urbaines n’avaient « de traduction spatiale » simple et évidente : le déploiement spatial des configurations sociales et juridiques américaines constitua une des dimensions importantes du problème de l’administration des marges urbaines dans la monarchie.
Cette distinction entre péninsules européennes et terres ultramarines doit cependant être conjuguée avec l’évolution commune des logiques du gouvernement impérial qui marque parfois fortement la problématique de l’administration des marges urbaines. En premier lieu, les développements du XVIIIe siècle, de la perception aiguisée des dangers urbains après les émeutes d’Esquilache aux réformes des Bourbons, tant celle des intendants que celle des municipalités, en passant par le développement des nouvelles figures des alcaldes de barrio et des alcaldes et capitanes pedáneos dessinent une évolution du regard administratif et de la problématique du gouvernement des villes qui se construit à travers une série d’aller-retours entre les terres américaines et péninsulaires. En second lieu, les bouleversements politiques du début du XIXe devront être abordés, à défaut d’être étudiés systématiquement, sous l’angle par exemple de l’autonomisation croissante du pouvoir administratif par rapport au pouvoir judiciaire et de la traduction de cette évolution sur le gouvernement de ces espaces.
Cette rencontre organisée par Mondes Américains et FRAMESPA envisage d’explorer le monde des faubourgs à partir de trois thématiques :
- La morphologie urbaine, les limites physiques et juridictionnelles des faubourgs et leur évolution dans le temps long (XVI-XIXe siècle).
- Policier les marges renvoie aux formes de contrôle social et policière des faubourgs.
Administrer les périphéries urbaines se centre sur la gestion quotidienne, parfois heurtée entre plusieurs juridictions, des espaces et des populations dans une dimension de gestion administrative.
Programme
Jeudi 23 mai
- 13h30 Accueil des participants
- 14h Antonio Annino (Université de Florence), conférence inaugurale, La cuestión municipal americana: problemas y definiciones
Session1/ Dans les Indes occidentales
Présidente Armelle Enders (Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis)
15h-16h20
- Pierre Ragon (Université Paris Nanterre), Les barrios indigènes de Lima, Mexico, Puebla et Cuzco à l’époque coloniale
- Carlos D. Ciriza-Mendívil (Universidad del País Vasco), Cacicazgos urbanos y de vagabundos en Quito en el siglo XVII. Tributación, control e identidades urbanas
Commentaires croisés par Aliocha Maldavsky (Université Paris Nanterre)
16h40-18h
- Arnaud Exbalin (Université Paris Nanterre), Un mur d’eau? Les réformes de la barrière fiscale de Mexico au XVIIIe siècle
- Dario Barriera (Universidad del Rosario, Buenos Aires), Gobernar los suburbios en el Río de la Plata: entre la Reforma de Intendentes y las Guerras de independencia (1782-1830)
- Commentaires croisés par Clément Thibaud (EHESS)
18h15 Sur les traces des bidonvilles. Parcours urbain par Alain Bocquet (Société d’Histoire de Nanterre)
Vendredi 24 mai
Session2/ Dans l’Italie espagnole
Président Jean-Louis Fournel (Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis)
9h30-10h50
- Michela Barbot (CNRS/ENS-Paris Saclay), Les marges urbaines au cœur de l’empire. Les faubourgs et le château de Milan entre le XVIe et le XVIIe siècles
- Brigitte Marin (Université Aix-Marseille), Ma che Borghi ? Sono tante Città’. Gérer la construction et les usages de l’espace au-delà des portes, à Naples, sous la domination espagnole
- Commentaires croisés par Alain Hugon (Université de Caen Normandie)
Session3/ Dans les colonies du XIXe siècle
Président Vincent Denis (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
10h50-12h10
- François Godicheau (Université Toulouse Jean Jaurès), Des faubourgs trop proches: gouverner l'extramuros de la Havane au temps de l'expansion du sucre (1780-1850)
- Xavier Huetz de Lemps (Université Côte d'Azur), L'inclusion conflictuelle dans les faubourgs de Manille d'une hacienda franciscaine (San Lázaro-Dulumbayan, 1860-1898)
Commentaires croisés de Geneviève Verdo (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
Session4/ Dans la capitale de l’empire
Présidente Marie Lecouvey (Université Paris Nanterre)
14h-15h20
- José Miguel García López (Universidad Autónoma de Madrid), Combatir al enemigo interior. El control del espacio urbano en Madrid a finales del Antiguo Régimen (1766-1805)
- Álvaro París Martín (Universidad de Zaragoza), Arrabales, afueras y extramuros. Sociabilidad y vigilancia policial en las periferias de Madrid (1784-1868)
- Commentaires croisés de Charlotte Vorms (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
15h20-16h
Conférence de clôture : Bernard Vincent (EHESS)
Presentación
A menudo, los historiadores parecen compartir la mirada que portaban las instituciones urbanas del Antiguo régimen y del siglo XIX hacia el espacio que se abría más allá de las puertas de las ciudades: el mundo de los suburbios sigue siendo una terra incognita y cuando se estudian, esos suburbios son concebidos mayoritariamente como el anverso de la ciudad. Muchas veces se los ve como espacios de relegación mal ordenados, sucios y anárquicamente edificados, espacios de ilegalismos donde prosperan las actividades marginales (tráficos diversos, prostitución, contrabando) y el crimen organizado; repositorios de fantasías, del imaginario de los “bajos fondos” al de los placeres nocturnos.
El objetivo de este encuentro consiste en alejarse de esa visión reductora de esos espacios siguiendo la pista de su administración y su gobernación. Queremos mirar los suburbios no como simples salidas para las actividades contaminantes y gentes indeseadas, sino como espacios de vida específicos administrados desde sus características propias, jurídicas, demográficas y económicas, lo que plantea en primer lugar el problema de su definición.
Razonar desde la escala del imperio español permite pensar las distintas declinaciones de la relación con el espacio urbano en el seno de un mismo conjunto político donde las lógicas del poder imperial juegan de modo variado con la autonomía de las corporaciones locales y con las diferentes maneras de enmarcarse en el territorio. La diversidad urbana es una realidad tanto en los reinos peninsulares como en tierras americanas, desde las relaciones contrastadas con las ciudades precolombinas (México, Tlaxcala) hasta la ausencia de ciudades (Río de la Plata), y con los circuitos económicos atlánticos (Potosí, La Habana, Buenos Aires). Los nuevos suburbios que nacen en la geografía de la América española y en Filipinas son distintos de los barrios periféricos de la Península ibérica. Hasta la misma relación de las ciudades con el espacio americano en el cual se proyecta la monarquía católica difiere de la experiencia peninsular.
Por una parte, la separación física con el núcleo urbano, materializada por murallas y puertas no existe en el Nuevo Mundo (salvo en el caso notable de los puertos): ¿cómo puede definirse una ciudad respecto al hinterland rural sin muralla? ¿Cuáles eran los límites que permitían distinguir entonces entre suburbio y ciudad principal?
Por otra parte, el gobierno de los espacios y habitantes de los suburbios difiere sensiblemente entre una orilla del Atlántico y la otra. En el momento en que, a principios del XVII, se expulsaba a los moriscos de las ciudades peninsulares después de confinarlos en las morerías en Sevilla, Toledo o en Valencia, las ciudades de las Indias occidentales veían la penetración progresiva de los indígenas desde las periferias, hasta la domesticidad de los Palacios de la Traza. Al mismo tiempo, blancos pobres y mestizos se instalaban en los barrios periféricos y unos grupos negros, libres y esclavos - y los mestizajes que con ellos se multiplicaban - abrían aún más el caleidoscopio social. Ahora bien: ni la ficción jurídica de una separación entre repúblicas de españoles y repúblicas de indios ni la segmentación social de esa sociedades urbanas tenían “traducciones espaciales” sencillas y evidentes: el despliegue espacial de las configuraciones sociales y jurídicas americanas fue una dimensión importante del problema de la administración de los márgenes urbanos en la monarquía.
Esta distinción entre penínsulas europeas y tierras ultramarinas debe conjugarse sin embargo con la realidad de una evolución común de las lógicas del gobierno imperial que pesa a veces fuertemente en la problemática administrativa de los márgenes urbanos. En primer lugar, los desarrollos del siglo XVIII, desde la percepción agudizada de los peligros urbanos después de los motines de Esquilache hasta las reformas borbónicas, tanto la de los intendentes como la de los municipios, pasando por el desarrollo de las nuevas figuras de los alcaldes de barrio y alcaldes y capitanes pedáneos remiten a una evolución de la mirada administrativa y de la problemática del gobierno de las ciudades que se construye a través de una serie de idas y vueltas entre tierras americanas y peninsulares. En segundo lugar, los trastornos políticos de principios del siglo XIX tendrán que ser abordados, a despecho de poder estudiarlos sistemáticamente, bajo el ángulo por ejemplo de la autonomización creciente del poder administrativo respecto del poder judicial y de la traducción de esa evolución en el gobierno de esos espacios.
Este encuentro organizado por Mondes Américains y FRAMESPA quiere explorar el mundo de los suburbios a través de tres problemáticas:
- La morfología urbana, los límites físicos y jurisdiccionales de los suburbios y su evolución en la larga duración (siglos XVI-XIX)
- La policía de los márgenes y las formas de control social de los suburbios
- El gobierno cotidiano y muchas veces conflictivo de espacios y poblaciones entre diversas jurisdicciones en su dimensión administrativa
Subjects
- History (Main subject)
Places
- Bâtiment Salle Weber, salle des conférences, Rdc, Université Paris Nanterre - 200 Avenue de la République
Nanterre, France (92)
Date(s)
- jeudi, mai 23, 2019
- vendredi, mai 24, 2019
Attached files
Keywords
- ville, monarchie, catholicisme, faubourg, administration, empire
Contact(s)
- Arnaud Exbalin
courriel : arnaud [dot] exbalin [at] parisnanterre [dot] fr
Information source
- Arnaud Exbalin
courriel : arnaud [dot] exbalin [at] parisnanterre [dot] fr
To cite this announcement
« Administrating the urban fringes of the Spanish Empire (16th-19th century) », Conference, symposium, Calenda, Published on lundi, mars 11, 2019, https://calenda-formation.labocleo.org/579355