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The odd-one-out
Intrus
Eindringling
Trajectoires journal no.13
Dossier thématique Trajectoires n°13
Themenheft Trajectoires Nr. 13
Published on vendredi, mars 01, 2019
Summary
Le présent appel pour le dossier thématique du n° 13 de la revue Trajectoires s’adresse à des jeunes chercheur·e·s (doctorant·e·s ou postdoctorant·e·s et éventuellement mastérant·e·s) en sciences humaines et sociales en les invitant à penser l’intrus et les phénomènes d’intrusion dans une perspective interdisciplinaire et franco-allemande. Les études cherchant à interroger la notion d’intrus à partir de matériaux empiriques sont particulièrement bienvenues. Trajectoires s’attachant avant tout à l’étude des mondes francophone et germanique, nous encourageons les auteur·e·s à proposer des études comparatives. Tout article contenant une dimension franco-allemande, de par son objet ou son terrain, mais également à travers les concepts mobilisés ou la bibliographie utilisée, pourra cependant faire l’objet d’une publication.
Der vorliegende Beitragsaufruf für das 13. Themenheft der Zeitschrift Trajectoires richtet sich an Nachwuchsforschende (DoktorandInnen, Postdocs und ggfs. Masterstudierende) der Geistes- und Gesellschaftswissenschaften. Er lädt zur Bearbeitung des Themas Intrus – Eindringling aus einer interdisziplinären und deutsch-französischen Perspektive ein. Arbeiten, die sich der Fragestellung auf einer empirischen Grundlage nähern, sind besonders willkommen. Da Trajectoires sich vor allem der Erforschung der deutsch- und französischsprachigen Räume widmet, begrüßen wir insbesondere vergleichende Ansätze, freuen uns aber über alle Vorschläge, die die erwünschte deutsch-französische Dimension über das Thema, das Untersuchungsfeld oder auch die theoretische und bibliografische Einordnung herstellen.
Announcement
Argumentaire
«Trouvez l’intrus ! » Nous sommes nombreux à nous être un jour pliés à cette injonction ludique, formulée initialement par Alfred Binet (1857-1911) et Théodore Simon (1873-1961) dans le cadre d’un test QI destiné à mesurer les facultés cognitives d’un enfant, et plus particulièrement ses capacités de jugement, son esprit analytique et ses compétences en logique formelle. Concrètement, il s’agit de prouver son aptitude à catégoriser, à identifier des motifs ou schémas récurrents, des signes d’appartenance, autrement dit, à percevoir ce qui fait et fonde une communauté : autant de critères qui seront implicitement ou explicitement choisis et/ou établis comme condition d’appartenance (légitime) à un ensemble. En son sein, l’intrus sera défini ex negativo comme celui qui détonne, voire celui qui défie les normes. L’intrus se prête alors à toutes sortes de détournements, plus ou moins ludiques ou malveillants selon les situations : camouflage, travestissement, imposture… Masqué ou non, l’intrus joue sur le quiproquo, interroge les identités individuelles et collectives, avec tout le potentiel comique que cela peut impliquer. Dans cette optique, le terme apparaît comme particulièrement fécond pour les sciences humaines et sociales, qui lui ont pourtant préféré les notions de l’autre ou de l’étranger (Waldenfelds, 1997 ; Bartmann et Immel, 2012). Interroger la spécificité du terme d’intrus par rapport à ces notions bien établies, étudier en quoi il est problématique et réfléchir à des possibles reformulations ou déplacements conceptuels est une des finalités de ce dossier thématique.
La notion d’intrus, à la différence de celle d’étranger, comporte une dimension d’activité. On est étranger, mais l’on fait acte d’intrusion. L’étranger peut d’ailleurs bénéficier des règles de l’hospitalité et alors ne pas nécessairement être considéré comme un intrus risquant de perturber un ordre préexistant. Mais cela à condition d’être hospes et non hostes, c’est-à-dire, selon l’étymologie latine, à condition d’être un étranger de passage (hospes) et non un hôte durable (hostes) jugé possiblement hostile. Ce dernier cas suggère que l’intrusion pourrait être la condition de possibilité de la perception de « l’étrangeté de l’étranger » (Waldenfelds, 1997). Qu’il fasse ou non acte d’intrusion, l’étranger (xenos) n’est-il pas le plus souvent perçu comme intrus, car sa présence risque d’introduire de l’instabilité, de mettre en branle un ordre antécédent ?
L’intrus – ou l’intruse, plus rarement – est littéralement celui ou celle qui s’introduit illégalement dans un espace ou occupe contre le droit une fonction ou une charge, faisant ainsi acte d’intrusion. Le verbe “s’intrure”, désormais tombé en désuétude, connote l’action volontaire de l’intrus et le mouvement qui le mène dans un lieu pour lequel il n’a pas reçu d’invitation, de la même façon que ses équivalents anglais (to intrude) ou allemand (eindringen). Mais le terme intrus recouvre aujourd’hui un sens figuré plus large : l’intrus est celui à qui l’on assigne le stigmate d’une présence illégitime car on estime que sa place est ailleurs. Dans les deux cas, au sens littéral (1) comme au sens figuré (2), la notion d’intrusion implique la violation d’un ordre normatif : il peut être explicite et positif (1) ou relever d’un ensemble de représentations unissant tacitement les membres d’un groupe réel ou imaginaire (2). La notion est donc équivoque, renvoyant tour à tour à l’action de ceux qui s’intrusent et au regard posé sur ceux que l’on considère intrus. Ce dernier est, paradoxalement, indissociable de son antagoniste qui le définit comme tel : l’ensemble clos dont il transgresse les limites, sciemment ou non, et dont il menace la cohésion, la pérennité, l’existence même comme il en ébranle les fondations.
La notion d’intrus ne questionne pas uniquement les rapports d’un individu avec un groupe constitué. L’intrusion peut aussi affecter le corps propre (das mir Eigene) en tant que chair (Leib). L’expérience de la maladie (Garcia-Düttman, 1993), de la greffe (Nancy, 2005), de la prothèse (Nagenborg, 2013) ou encore de la grossesse peut être vécue sur le mode de l’intrusion. L’intrus en venant troubler le “silence des organes” perturbe ici l’ordre vivant unissant le corps et la psychè. L’imaginaire littéraire et cinématographique joue à la fois sur cette angoisse de l’hôte par rapport à ce qu’il considère comme parasite (Rosemary’s Baby, 1973 ; Alien, 1979 ; Les bonnes manières, 2017) et sur le corps propre comme réduction synecdochique du corps social.
Il importe de noter que le corps physique ou social, l’ensemble clos dont il est ici question n’est pas cantonné au rôle de ”victime” de l’intrusion. Le rapport d’intrusion est en effet parfaitement réversible. L’intrusion n’est pas forcément commise par un individu, elle peut être le fait d’un groupe d’individus, d’une personne morale ou même d’un État. On pourra ainsi s’intéresser aux formes et aux échelles les plus diverses de l’intrusion, de la sphère intime au village global, ouvrant ainsi à une réflexion sur l’étanchéité des frontières (familiales, géographiques, politiques, sociales, linguistiques, corporelles), avec en arrière-fond la question suivante : existe-t-il des récurrences processuelles, identifiables quelles que soient les modalités de l’intrusion ? Et corollairement, la figure de l’intrus a-t-elle des traits typiques, que l’on retrouverait aussi bien à l’échelle individuelle qu’étatique ? Est-il toujours le “parvenu”, l’“immigré”, la “femme” (dans les domaines majoritairement masculins), en d’autre termes, est-il forcément un représentant des “minorités” (Larrère et Lorriaux, 2018) ? Répondre à cette question implique de prendre en compte une gamme la plus large possible d’intrus.es et d’intrusions. On pourra ainsi également articuler la réflexion autour des phénomènes d’ingérence politique et/ou militaire, légitimés de différentes façons au fil de l'histoire : la religion (avec pour héraut intrusif le croisé ou le missionnaire), la science (l’explorateur, l’ethnographe), l’œuvre “civilisatrice” (le colonisateur, le colon) mais aussi, plus récemment et en particulier après 1945, la diffusion des valeurs démocratiques (la politique extérieure des États-Unis, l’ONU, les Casques bleus, l’OTAN, l’intervention humanitaire par le biais des ONG, etc.). Quid des victimes des intrus et intrusions ? Ont-elles un profil invariant ? Pourquoi le féminin “intruse” confine-t-il à l’incongruité lexicale ? Plus largement, le phénomène de l’intrusion se résume-t-il nécessairement à l’opposition dichotomique entre l’intrus et celui ou celle que l’on a peut-être un peu tôt fait de désigner comme victime ? Existe-il une performativité de l’intrusion, qui enjoindrait l’intrus à se définir comme tel – songeons au principe de plafond de verre ou encore au biais de l’observateur, bien connu des anthropologues ?
Enfin, il semble pertinent d’inclure dans le spectre de questionnements les enjeux que représentent les nouvelles technologies et les réseaux sociaux. Internet et son horizontalité remet en question des codes établis en cela qu’il crée un nouvel espace, un nouvel ensemble, où les délimitations traditionnellement établies disparaissent (frontières géographiques, étatiques, culturelles, limite entre la sphère privée et la sphère publique) et où, par conséquent, les codes ne peuvent plus s’appliquer de la même manière. La question du droit et des frontières dans ce domaine a émergé tôt (Kahin et Nesson, 1997), mais n’est toujours pas résolue. Une tension persiste entre 1) la volonté de forcer l'application du droit national (souverain) dans le domaine virtuel, 2) la tentative de mettre en place une nouvelle réglementation à échelle internationale, 3) l'émergence de nouveaux acteurs, privés, extra-étatiques, ayant un contrôle important sur ce nouvel espace et cherchant à imposer leurs règles (comme les GAFA, c’est-à-dire Google, Apple, Facebook et Amazon). Au gré de ce rebattage de cartes sont ainsi apparues des formes inédites d’intrusion (hacking, stalking, collecte et exploitation de données personnelles à des fins commerciales) et des intrus du troisième type (hacker, troll, forumeur anonyme ou sous pseudonyme, enceintes domestiques et autres appareils intelligents). Le big data est d’ailleurs une source d’inspiration et de renouveau pour l’art contemporain et la fiction cinématographique (Her, 2014) et sérielle (Black Mirror, dep. 2011), dont on pourra également interroger les modalités de figuration de l’intrus.
Modalités de candidature
Le présent appel pour le dossier thématique du n° 13 de la revue Trajectoires s’adresse à des jeunes chercheur.e.s (doctorant.e.s ou postdoctorant.e.s et éventuellement mastérant.e.s) en sciences humaines et sociales en les invitant à penser l’intrus et les phénomènes d’intrusion dans une perspective interdisciplinaire et franco-allemande. Les études cherchant à interroger la notion d’intrus à partir de matériaux empiriques sont particulièrement bienvenues. Trajectoires s’attachant avant tout à l’étude des mondes francophone et germanique, nous encourageons les auteur.e.s à proposer des études comparatives. Tout article contenant une dimension franco-allemande, de par son objet ou son terrain, mais également à travers les concepts mobilisés ou la bibliographie utilisée, pourra cependant faire l’objet d’une publication.
Les propositions d’article en langue française ou allemande de 5.000 signes maximum (espaces compris) devront faire apparaître clairement la problématique, la méthode, le corpus ou le terrain, les éléments centraux de l’argumentation et la dimension franco-allemande. Elles sont à envoyer, accompagnées d’un CV scientifique, au plus tard le 31 mars 2019 en un seul document .pdf au comité de rédaction : trajectoires@ciera.fr. Les auteur.e.s sélectionné.e.s seront prévenu.e.s mi-avril et devront envoyer leur texte (25.000 à 35.000 signes, espaces, notes et bibliographie incl.) avant le 2 juin 2019. Les articles seront ensuite soumis à une double peer review. Plus d’informations à destination des futur.e.s auteur.e.s sont disponibles sur le portail journals.openedition.org : https://journals.openedition.org/trajectoires/.
Une journée d’étude consacrée au sujet du dossier thématique se tiendra le samedi 11 mai 2019 à Paris. Les auteur.e.s retenu.e.s y sont invité.e.s à présenter leur proposition d’article et/ou à commenter une autre proposition. Les frais de voyage seront pris en charge de manière forfaitaire. La participation à cette journée d’étude n’est ni nécessaire ni suffisante pour proposer un article dans le dossier thématique. Nous remercions cependant tous les potentiel.le.s contributrices et contributeurs de réserver cette date dans la mesure possible.
Comité scientifique
- Lucia Aschauer
- Jawad Daheur
- Margot Damiens
- Hélène Floréa
- Christian Gründig
- Salima Nait Ahmed
- Daniel Rakovsky
- Isabell Scheele
Bibliographie indicative
Alshiabani Abuhamoud (2010) : L'ingérence pour la démocratie en droit international, Tours [thèse].
Arendt, Hannah (2002) : Sur l’antisémitisme, trad. Micheline Pouteau, Paris.
Arendt, Hannah (2011) : Écrits Juifs, trad. Sylvie Courtine-Denamy, Paris.
Authier-Revuz, Jacqueline (1984) : Hétérogénéité(s) énonciative(s), Langages, 73, p. 98-111.
Balibar, Étienne (2016) : Des Universels. Essais et conférences, Paris.
Bartmann, Sylke et Oliver Immel (dir.) (2012) : Das Vertraute und das Fremde. Differenzerfahrung und Fremdverstehen im Interkulturalitätsdiskurs, Bielefeld.
Bell, Peter, Dirk Suckow et Gerhard Wolf (dir.) (2010) : Fremde in der Stadt. Ordnungen, Repräsentationen und soziale Praktiken (13.‒15. Jahrhundert), Frankfurt a.M.
Berrada, Taïeb (2016) : La figure de l’intrus. Représentations postcoloniales maghrébines, Paris.
Chatterjee, Arnab (2018) : Is the Personal beyond Private and Public? New Perspectives in Social Theory and Practice, Los Angeles.
Diaz, Delphine (2014) : Un asile pour tous les peuples ? Exilés et réfugiés étrangers en France au cours du premier XIXe siècle, Paris.
Eva Esslinger (dir.) (2010) : Die Figur des Dritten: Ein Kulturwissenschaftliches Paradigma, Frankfurt a.M.
Garcia Düttman, Alex (1993) : Uneins mit Aids. Wie über einen Virus nachgedacht und geredet wird, Frankfurt a.M.
Huebert, Ronald (2016) : Privacy in the Ages of Shakespeare, Toronto/Buffalo/London.
Husserl, Edmund (2012) : Cartesianische Meditationen: Eine Einleitung in die Phänomenologie, Hamburg.
Kahin, Brian et Charles Nesson (dir.) (1997) : Borders in Cyberspace: Information Policy and the Global Information Infrastructure, Cambridge, Mass.
Küntzel, Astrid (2008) : Fremde in Köln. Integration und Ausgrenzung zwischen 1750 und 1814, Köln/Weimar/Wien.
Kurmeyer, Christine et al. (2018) : Fremde Heimat. Migration und Integration, Bonn.
Larrère, Mathilde et Aude Lorriaux (2018) : Des intrus en politique : femmes et minorités : dominations et résistances, Paris.
Lazare, Bernard (2012) : L’antisémitisme, son histoire et ses causes, Paris.
Levinas, Emmanuel (1990) : Totalité et infini. Essai sur l’extériorité, Paris.
Michael Nagenborg et al. (2013) : Der Fremdkörper, Aspekte der Medizinphilosophie, vol. 6, Bochum/Freiburg.
Nancy Jean-Luc (2005) : L’intrus, Paris.
Niggemann, Ulrich (2016) : Migration in der Frühen Neuzeit. Ein Literaturbericht, Zeitschrift für Historische Forschung 43, p. 293-321.
Platon (2017) : Apologie de Socrate, Paris.
Platon (2018) : Gorgias, Paris.
Polet, François (dir.) (2012) : (Re-)construire les États, nouvelle frontière de l'ingérence, Paris.
Ritter, Martina (2008) : Die Dynamik von Privatheit und Öffentlichkeit in modernen Gesellschaften, Wiesbaden.
Rousseau, Jean-Jacques (2011) : Les Confessions, Paris.
Rousseau, Jean-Jacques (2011) : Les rêveries du promeneur solitaire, Paris.
Sartre, Jean-Paul (1954) : Réflexions sur la question juive, Paris.
Sartre, Jean-Paul (1976) : L’être et le néant, Paris.
Schmidt, Dorothee (2016) : Reisen in das Orientalische Indien. Wissen über fremde Welten um 1600, Köln/Wien.
Tsaousis, Georgios (2014) : Le difficile équilibre entre sécurité et protection des données : comparaison des cadres juridiques français et grec sous l'influence du droit européen, Dijon [thèse].
Waldenfelds, Bernard (1997) : Topographie des Fremden: Studien zur Phänomenologie des Fremden, Frankfurt a.M.
Zamuna, Abdolhakim (1998) : Ingérence humanitaire et droit international, Nice [thèse].
Präsentation
„Was gehört nicht dazu?“ Wer hat nicht schon einmal diese spielerische Anweisung befolgt und somit sein Urteilsvermögen, sein analytisches Denken und seine Kompetenzen in formeller Logik unter Beweis gestellt? Ursprünglich von Alfred Binet (1857–1911) und Théodore Simon (1873–1961) im Rahmen eines Intelligenztests entworfen, dient diese Übung der Überprüfung der kognitiven Fähigkeiten eines Kindes. Konkret sollte hier getestet werden, ob Kinder wiederkehrende Motive oder Schemata, also Kennzeichen der Zugehörigkeit identifizieren können, anders gesagt, ob sie wahrnehmen, was eine Gemeinschaft ausmacht und schafft. Anhand der somit herausgearbeiteten Kriterien werden dann Bedingungen von (legitimer) Zugehörigkeit zu einem Ganzen implizit oder explizit bestimmt und umgesetzt. Innerhalb dieses Ganzen wird der Eindringling ex negativo als derjenige definiert, der fehl am Platze ist oder sich gar über die Normen hinwegsetzt. In diesem Sinne eignet sich der Eindringling für allerlei, je nach Situation mehr oder weniger spielerische bzw. böswillige Umgehungen, indem er sich tarnt, verkleidet oder schwindelt. Er schafft, sei es mit oder ohne Maske, die Möglichkeit einer Verwechslung und hinterfragt damit individuelle und kollektive Identität – was bisweilen durchaus komisches Potential hat. In dieser Hinsicht erscheint der Begriff des Eindringlings als ausgesprochen fruchtbar für die geistes- und sozialwissenschaftliche Forschung. Wenn ihm bislang allerdings die Konzepte des Anderen oder des Fremden vorgezogen wurden (Waldenfelds, 1997; Bartmann und Immel, 2012), so liegt das sicherlich auch an seiner eindeutig negativen Konnotation. Die produktive Kritik, Hinterfragung und Neubesetzung des Begriffs des Eindringling (bzw. des intrus auf Französisch) ist somit auch eines der Ziele des geplanten Themenhefts.
Im Unterschied zum Fremden wird der Eindringling aktiv definiert. Man ist fremd, aber man dringt ein. Der Fremde kann dementsprechend in den Genuss einer Willkommenskultur kommen, ohne zwangsläufig als Eindringling angesehen zu werden, der die bestehende Ordnung stören könnte. Dafür darf er allerdings kein hostes, also kein dauerhafter, als potentiell feindselig eingestufter Gast sein, sondern muss als hospes, als ein weiterziehender Fremder gelten. Aus diesem Beispiel mag man folgern, dass das Eindringen als eine mögliche Bedingung für die Wahrnehmung der „Fremdheit des Fremden“ betrachtet werden kann (Waldenfelds, 1997). Jedenfalls wird der Fremde (xenos), auch wenn er nicht eindringt, oft als Eindringling wahrgenommen, mit dem Argument, dass seine bloße Präsenz Instabilität mit sich bringen und die bestehende Ordnung in Frage stellen könnte.
Im engeren Sinne ist der Eindringling eine Person, die illegal in einen Raum dringt oder widerrechtlich zu einem Amt bzw. einer Würde gelangt. Im Französischen bezeichnet das inzwischen veraltete Verb „s'intrure“, übrigens genauso wie sein englisches (to intrude) und deutsches Äquivalent (eindringen), das willentliche Handeln des Eindringlings sowie das ungebetene Drängen in einen Ort. Heute hat der Begriff jedoch einen breiteren, mehrheitlich übertragenen Sinn: Der Eindringling ist der-, die- oder dasjenige, die oder dem das Stigma einer illegitimen Präsenz aufgedrückt wird, in der Auffassung, dass sein oder ihr Platz woanders sei. In beiden Fällen, also im engeren (1) wie auch im übertragenen Sinne (2) impliziert die Intrusion einen Verstoß gegen eine normative Ordnung, die explizit und positiv sein (1) oder aber auf stillschweigenden Repräsentationen beruhen kann, welche die Mitglieder einer realen oder imaginären Gruppe vereinen (2). Der Begriff ist folglich mehrdeutig: Er verweist sowohl auf die Handlung derjenigen, die eindringen, als auch auf den Blick, der auf den als Eindringling betrachteten geworfen wird. Paradoxerweise ist der Eindringling also mit seinem Gegenspieler, der ihn als solchen definiert, sowie mit dem geschlossenen Ganzen, dessen Grenzen er bewusst oder unbewusst überschreitet, und dessen Kohäsion, Fortdauer und sogar Existenz er in Frage stellt, untrennbar verbunden.
Der Begriff des Eindringlings hinterfragt jedoch nicht unbedingt nur die Beziehungen eines Individuums zu einer bestehenden Gruppe, sondern kann auch das Eindringen in das mir Eigene als Leib bezeichnen. So können Krankheit (Garcia-Düttman, 1993), Transplantation (Nancy, 2005), Prothesen (Nagenborg, 2013) und Schwangerschaft als eine Intrusion erlebt werden. Indem der Eindringling das „Schweigen der Organe“ stört, bringt er die Körper und Psyche vereinende Lebensordnung durcheinander. Literarische und kinematografische Fiktionen spielen sowohl mit dieser Angst des Wirtes vor dem Parasiten (Rosemary’s Baby, 1973; Alien, 1979; Les bonnes manières, 2017), als auch mit der Vorstellung des Körpers als pars pro toto des Sozialgefüges.
Dabei lässt sich dieses Sozialgefüge nicht auf die passive Opferrolle beschränken, und das Eindringen wiederum ist nicht zwangsläufig die Tat eines Individuums. Die Beziehung, die hier stattfindet, lässt sich leicht in ihr Gegenteil umkehren, und die Intrusion kann von einer Gruppe von Individuen ausgehen, von einer juristischen Person oder sogar von einem Staat. Verschiedenste Formen und Ebenen der Intrusion, von der Intimsphäre bis zum globalen Dorf, können also im Rahmen dieses Themenhefts untersucht werden und dabei eine Reflektion über die Durchlässigkeit der (geografischen, politischen, sozialen, linguistischen oder körperlichen) Grenzen anstoßen. Im Hintergrund steht dabei die Frage, ob sich jenseits der Unterschiede wiederkehrende, funktionale und identifizierbare Charakteristika des Eindringens bzw. des Eindringlings herausarbeiten lassen. Kann man aus den unterschiedlichen Intrusionsphänomenen typische Züge dieser Figur ableiten, die sich sowohl auf der individuellen als auch auf der staatlichen Ebene wiederfinden? Entspricht der Eindringling immer dem ‚Neureichen‘, dem ‚Einwanderer‘, ‚der‘ Frau (in überwiegend männlichen Bereichen), anders gesagt, entstammt er immer einer ‚Minderheit‘ (Larrère und Lorriaux, 2018)? Um diese Frage zu beantworten, möchte das Themenheft ein möglichst breites Spektrum von Eindringlingen und Formen des Eindringens behandeln. So könnten etwa politische bzw. militärische Eingriffe thematisiert werden, die im Laufe der Geschichte unterschiedlich legitimiert wurden, etwa mittels der Religion (Kreuzfahrer oder Missionare als intrusive Vorreiter), der Wissenschaft (Entdecker, Ethnographen), der ‚Kulturarbeit‘ (Kolonisten, Siedler), später und insbesondere nach 1945 aber auch anhand der Verbreitung demokratischer Werte (Außenpolitik der USA, UNO, Blauhelme, NATO, humanitäre Interventionen durch NGOs, usw.).
Was lässt sich zu den ‚Opfern‘ dieser Eindringlinge herausstellen, haben sie womöglich ebenfalls ein typisches Profil? Wieso ist die weibliche Form intruse im Französischen bislang nur eine lexikalische Merkwürdigkeit, wie ließe sich im Deutschen eine weibliche Form des Eindringlings ausdrücken (Eindringende, Eingedrungene)? Darüber hinaus soll allgemein danach gefragt werden, ob sich das Phänomen des Eindringens zwangsläufig auf den dichotomischen Gegensatz zwischen dem Eindringling und demjenigen bezieht, der sich selbst vielleicht etwas übereilig als Opfer bezeichnet. Ferner stellt sich die Frage nach der performativen Dimension des Eindringens, in dem der Eindringling sich selbst als solchen bezeichnen muss (man denke zum Beispiel an das Prinzip der gläsernen Decke oder an den unter AnthropologInnen wohlbekannten Versuchsleitererwartungseffekt).
Schließlich sollen jene Herausforderungen miteinbezogen werden, die neue Medien und soziale Netzwerke für die konzeptuelle Konturierung des Eindringlings darstellen. Durch seine Horizontalität stellt das Internet etablierte Kodizes in Frage; es schafft einen neuen Raum, ein neues Ganzes, in dem traditionelle Grenzen verschwinden (geografische, staatliche, kulturelle Grenzen sowie die Abgrenzung von Privatsphäre und Öffentlichkeit) und in dem herkömmliche Verhaltensregeln folglich oft nicht mehr gelten. In diesem Bereich sind Rechtsfragen und Fragen zu Grenzen schon sehr früh aufgeworfen worden (Kahin und Nesson, 1997), aber noch längst nicht gelöst. Noch immer besteht eine Spannung zwischen 1) dem Willen, das nationale (souveräne) Recht durchzusetzen, 2) dem Versuch, eine neue Reglementierung auf internationaler Ebene einzuführen, 3) dem Aufkommen von privaten, außerstaatlichen Akteuren (etwa die Internetriesen Google, Apple, Facebook und Amazon), die versuchen, ihre eigenen Regeln durchzusetzen. Infolge dieser bedeutsamen Veränderungen sind neuartige Formen der Intrusion (Hacking, Stalking, Sammeln und Ausbeutung von persönlichen Daten zu kommerziellen Zwecken) und Eindringlinge der dritten Art entstanden (Hacker, Trolls, anonyme bzw. unter einem Pseudonym schreibende Nutzer von Internetforen, Smart Speaker und andere intelligente Apparate). Die Frage der Big Data ist für die zeitgenössische Kunst sowie für AutorInnen von Filmen (Her, 2014) und TV-Serien (Black Mirror, seit 2011) eine Erneuerungs- und Inspirationsquelle, deren Darstellungen des Eindringlings ebenfalls untersucht werden könnten.
Bewerbungsmodalitäten
Der vorliegende Beitragsaufruf für das 13. Themenheft der Zeitschrift Trajectoires richtet sich an Nachwuchsforschende (DoktorandInnen, Postdocs und ggfs. Masterstudierende) der Geistes- und Gesellschaftswissenschaften. Er lädt zur Bearbeitung des Themas Intrus – Eindringling aus einer interdisziplinären und deutsch-französischen Perspektive ein. Arbeiten, die sich der Fragestellung auf einer empirischen Grundlage nähern, sind besonders willkommen. Da Trajectoires sich vor allem der Erforschung der deutsch- und französischsprachigen Räume widmet, begrüßen wir insbesondere vergleichende Ansätze, freuen uns aber über alle Vorschläge, die die erwünschte deutsch-französische Dimension über das Thema, das Untersuchungsfeld oder auch die theoretische und bibliografische Einordnung herstellen.
Beitragsvorschläge können auf Deutsch oder Französisch verfasst werden (max. 5000 Zeichen inkl. Leerzeichen) und sollten die Fragestellung, die gewählte Methode, die Quellen und den Gegenstand ebenso klar benennen, wie die Kernelemente der Argumentation und den deutsch-französischen Bezug. Wir bitten um Zusendung der Beitragsvorschläge zusammen mit einem wissenschaftlichen Lebenslauf in einem PDF-Dokument bis zum 31. März 2019 an folgende Adresse: trajectoires@ciera.fr.
Die ausgewählten AutorInnen werden Mitte April informiert und anschließend gebeten, ihren fertigen Text (max. 25 000 Zeichen inkl. Leerzeichen) bis zum 2. Juni 2019 einzureichen. Die Artikel unterliegen anschließend einem zweifachen peer review-Verfahren und werden nach erfolgreicher Begutachtung Ende 2019 veröffentlicht. Weitere Informationen für interessierte AutorInnen befinden sich auf der Homepage von Trajectoires: https://journals.openedition.org/trajectoires/.
Ein Workshop zum Thema Intrus – Eindringling wird am Samstag, den 11. Mai 2019 in Paris stattfinden. Die AutorInnen erhalten im Rahmen dieses Workshops die Möglichkeit, ihren geplanten Beitrag für Trajectoires vorstellen. Die Reisekosten werden pauschal erstattet. Die Teilnahme an diesem Workshop ist weder notwendig noch ausreichend, um einen Artikel im Themenheft von Trajectoires zu publizieren. Den interessierten AutorInnen danken wir jedoch im Voraus dafür, sich das genannte Datum – nach Möglichkeit – freizuhalten.
Wissenschaftlicher Beirat
- Lucia Aschauer
- Jawad Daheur
- Margot Damiens
- Hélène Floréa
- Christian Gründig
- Salima Nait Ahmed
- Daniel Rakovsky
- Isabell Scheele
Bibliografie (Auswahl)
Alshiabani Abuhamoud (2010): L'ingérence pour la démocratie en droit international, Tours [Diss.].
Arendt, Hannah (2002): Sur l’antisémitisme, übersetzt v. Micheline Pouteau, Paris.
Arendt, Hannah (2011): Écrits Juifs, übersetzt v. Sylvie Courtine-Denamy, Paris.
Authier-Revuz, Jacqueline (1984): Hétérogénéité(s) énonciative(s), Langages 73, S. 98–111.
Balibar, Étienne (2016): Des Universels. Essais et conférences, Paris.
Bartmann, Sylke et Oliver Immel (Hg.) (2012): Das Vertraute und das Fremde. Differenzerfahrung und Fremdverstehen im Interkulturalitätsdiskurs, Bielefeld.
Bell, Peter, Dirk Suckow et Gerhard Wolf (Hg.) (2010): Fremde in der Stadt. Ordnungen, Repräsentationen und soziale Praktiken (13.‒15. Jahrhundert), Frankfurt a.M.
Berrada, Taïeb (2016): La figure de l’intrus. Représentations postcoloniales maghrébines, Paris.
Chatterjee, Arnab (2018): Is the Personal beyond Private and Public? New Perspectives in Social Theory and Practice, Los Angeles.
Diaz, Delphine (2014): Un asile pour tous les peuples ? Exilés et réfugiés étrangers en France au cours du premier XIXe siècle, Paris.
Eva Esslinger (Hrsg.) (2010): Die Figur des Dritten: Ein Kulturwissenschaftliches Paradigma, Frankfurt /M.
Garcia Düttman, Alex (1993): Uneins mit Aids. Wie über einen Virus nachgedacht und geredet wird, Frankfurt a.M.
Huebert, Ronald (2016): Privacy in the Ages of Shakespeare, Toronto/Buffalo/London.
Husserl, Edmund (2012): Cartesianische Meditationen: Eine Einleitung in die Phänomenologie, Hamburg.
Kahin, Brian et Charles Nesson (Hrsg.) (1997): Borders in Cyberspace: Information Policy and the Global Information Infrastructure, Cambridge, Mass.
Küntzel, Astrid (2008): Fremde in Köln. Integration und Ausgrenzung zwischen 1750 und 1814, Köln/Weimar/Wien.
Kurmeyer, Christine et al. (2018): Fremde Heimat. Migration und Integration, Bonn.
Larrère, Mathilde et Aude Lorriaux (2018): Des intrus en politique: femmes et minorités: dominations et résistances, Paris.
Lazare, Bernard (2012): L’antisémitisme, son histoire et ses causes, Paris.
Levinas, Emmanuel (1990): Totalité et infini. Essai sur l’extériorité, Paris.
Michael Nagenborg et al. (2013): Der Fremdkörper, Aspekte der Medizinphilosophie, vol. 6, Bochum/Freiburg.
Nancy Jean-Luc (2005): L’intrus, Paris.
Niggemann, Ulrich (2016): Migration in der Frühen Neuzeit. Ein Literaturbericht, Zeitschrift für Historische Forschung, 43, S. 293-321.
Platon (2017): Apologie de Socrate, Paris.
Platon (2018): Gorgias, Paris.
Polet, François (Hg.) (2012): (Re-)construire les États, nouvelle frontière de l'ingérence, Paris.
Ritter, Martina (2008): Die Dynamik von Privatheit und Öffentlichkeit in modernen Gesellschaften, Wiesbaden.
Rousseau, Jean-Jacques (2011): Les Confessions, Paris.
Rousseau, Jean-Jacques (2011): Les rêveries du promeneur solitaire, Paris.
Sartre, Jean-Paul (1954): Réflexions sur la question juive, Paris.
Sartre, Jean-Paul (1976): L’être et le néant, Paris.
Schmidt, Dorothee (2016): Reisen in das Orientalische Indien. Wissen über fremde Welten um 1600, Köln/Wien.
Tsaousis, Georgios (2014): Le difficile équilibre entre sécurité et protection des données: comparaison des cadres juridiques français et grec sous l'influence du droit européen, Dijon.
Waldenfelds, Bernard (1997): Topographie des Fremden. Studien zur Phänomenologie des Fremden 1, Frankfurt a.M.
Zamuna, Abdolhakim (1998): Ingérence humanitaire et droit international, Nice.
Subjects
- Europe (Main subject)
- Society > Sociology
- Society > Geography
- Society > History
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Date(s)
- dimanche, mars 31, 2019
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Keywords
- intrus, autre, étranger, Eindringling, Fremde, Andere
Contact(s)
- Lucia Aschauer
courriel : trajectoires [at] ciera [dot] fr
Information source
- Nathalie Faure
courriel : nathalie [dot] faure [at] sorbonne-universite [dot] fr
To cite this announcement
« The odd-one-out », Call for papers, Calenda, Published on vendredi, mars 01, 2019, https://calenda-formation.labocleo.org/585214

