Ce dossier pour la revue Atlante de l'université de Lille vise à dresser un premier état des lieux historiographique sur ces questions dans les Amériques, dans le cadre duquel chacun des contributeurs s’efforcera de préciser le sens donné au choix d’une expression plus qu’une autre, « après-guerre », « sortie de guerre », « retour à la paix ». Nous prendrons pour borne de départ, la première mobilisation armée du XIX^e, à savoir les invasions anglaises de 1806 à Buenos Aires, jusqu’à la guerre du Chaco (1932-1935). Les articles proposés pourront aborder cette question sous l’angle du droit (traités de paix, amnisties…), du retour des exilés et des soldats, de la prise en charge des démobilisés, des veuves et orphelins, ainsi que des blessés (physiques et psychiques), mais aussi des pratiques commémoratives et de la production d’un récit consensuel, ou encore de l’incidence de la guerre sur les courants de pensée philosophie ou politique, littéraire, épistolaire ou artistique.

The Latin American countries that emerged from the disintegration of the Portuguese and Spanish empires were born in a context of independence wars that lasted years, if not decades, and whose civil character and the violence that they generated, as well as the complexity of the dynamics at work, have been understood in a new light by Latin Americanist historiography in America and Europe. Postwar experiences are quite another matter. Over the past decades in France, and more broadly in Europe, this field has expanded, as shown by innovating studies of 20th century European conflicts, as well as the wars of decolonization, whether in social, cultural or political history, or even international relations. With regards to Latin America, the period following the Cold War, characterized by military dictatorships and civil wars, has been studied in terms of democratic transitions and problems associated with human rights and transitional justice.

Argumentaire

Issues de processus de désintégration des empires européens portugais et espagnols, l’Amérique latine et les nations qui la composent ont été portées sur les fonds baptismaux dans des contextes de guerres d’indépendance de plusieurs années (voire décennies) dont le caractère civil et la violence qu’elles ont engendrée, ainsi que la complexité des dynamiques à l’œuvre, ont été appréhendés de façon renouvelée par l’historiographie latino-américaniste, tant en Amérique qu’en Europe. Il en va tout autrement des après-guerres. Depuis une vingtaine d’années pourtant, pour la France et, plus largement, l’Europe, ce champ commence à être bien balisé, comme en témoignent les enquêtes novatrices autour des grands conflits du XXème siècle européen, mais aussi sur les guerres de décolonisation, que ces problématiques relèvent de l’histoire sociale, culturelle, du politique voire des relations internationales. En ce qui concerne l’Amérique latine, la période postérieure à la guerre froide, avec ses dictatures militaires et les guerres civiles, a également été étudiée en termes de transitions démocratiques en y incluant les problèmes associés aux droits de l’homme et la justice transitionnelle.

En revanche, cette problématique de l’après-guerre, dans toute sa diversité et sa complexité, n’a pas ou très peu été travaillée jusqu’à présent pour les périodes antérieures, des guerres d’indépendance du début du XIXème aux conflits interaméricains qui secouent le continent tout au long du XIXème siècle^[1] et au cours des premières décennies du XXème, qu’il s’agisse des conflits de frontières de basse intensité, des guerres multinationales comme celles du Paraguay (1864-1870), du Pacifique (1879-1883) ou du Chaco (1932-1935), dont la dimension civile est importante. Sur le premier et le dernier de ces conflits internationaux, des travaux plus conséquents ont certes été réalisés dans le cadre de projets de recherche internationaux et de publications collectives^[2], mais dans l’ensemble, et surtout pour le XIXème, les historiens se sont encore bien peu emparés de ce champ de recherche. De même, une réflexion épistémologique poussée fait encore largement défaut sur les modalités de mises en œuvre des travaux sur ces problématiques (en fonction des angles d’approches choisis), de même que sur les sources susceptibles de mettre à jour les différentes facettes que recouvrent ces après-guerres.

Ce dossier pour la revue Atlante (https://atlante.univ-lille.fr/), qui s’inscrit dans la suite d’une journée d’études exploratoire organisée en juin 2019 à l’université de Lille, vise à dresser un premier état des lieux historiographique sur ces questions dans les Amériques, dans le cadre duquel chacun des contributeurs s’efforcera de préciser le sens donné au choix d’une expression plus qu’une autre, “après-guerre”, “sortie de guerre”, “retour à la paix”. Nous prendrons pour borne de départ, la première mobilisation armée du XIXème, à savoir les invasions anglaises de 1806 à Buenos Aires, jusqu’à la guerre du Chaco (1932-1935).

Les articles proposés pourront aborder cette question sous l’angle du droit (traités de paix, amnisties…), du retour des exilés et des soldats, de la prise en charge des démobilisés, des veuves et orphelins, ainsi que des blessés (physiques et psychiques), mais aussi des pratiques commémoratives et de la production d’un récit consensuel, ou encore de l’incidence de la guerre sur les courants de pensée philosophie ou politique (le pacifisme, par exemple), littéraire, épistolaire ou artistique (le théâtre, la musique, la peinture, la statuaire, la photographie de guerre).

Modalités de soumission

Les propositions de contributions (titre et résumé de 300 mots environ) seront à envoyer pour le 15 décembre 2019 aux adresses suivantes :

• Véronique Hébrard (Univ. Lille, EA 4074 CECILLE) veronique.hebrard@univ-lille.fr
• Edward Blumenthal (Univ. Sorbonne Nouvelle, EA 2052 CRICCAL) edward.blumenthal@sorbonne-nouvelle.fr 

1. Les décisions d’acceptation seront communiquées aux auteurs début janvier 2020.

2. 28 février 2020, fin du délai de réception de la première version des articles

3. 20 mai 2020, retour des avis des évaluateurs

4. 20 juillet 2020, Réception des textes définitifs.

5. Automne 2020, Révision des articles.

6. Printemps 2021, Publication du numéro.

Les articles pourront être rédigés en français, espagnol, italien ou portugais. Ils devront être accompagnés de maximum dix mots-clés et respecter les normes de présentation d’Atlante (https://atlante.univ-lille.fr/procedure.html)

Références

^[1] Signalons toutefois des travaux récents, notamment sur l’espace néo-grenadins et le Rio de la Plata, en particulier ceux d’Alejandro Rabinovich, auteur d’un ouvrage qui posait les prémisses de cette problématique, Alejandro Rabinovich, La société guerrière. Pratiques, discours et valeurs militaires dans le Rio de la Plata, 1806-1852, Rennes, PUR, 2013. Et, plus récemment, Juan Carlos Chaparro Rodríguez, ¡ Desmilitarizar las repúblicas!: ideario y proyecto político de los civilistas neogranadinos y venezolanos, 1810-1858. Editorial Universidad del Rosario, 2017; Carlos Camacho, Margarita Garrido, et Daniel Gutiérrez, (ed.), Paz en la república. Colombia Siglo XIX., Bogotá, U. Externado de Colombia, 2019.

^[2] Voir notamment cet ouvrage coordonné par trois des meilleurs spécialistes du Paraguay Nicolas Richard ; Luc Capdevila ; Capucine Boidin (sous la direction de), Le Paraguay à l’ombre de ses guerres. Actes du colloque international, París, 17-19 novembre 2005, París, Colibris, 2007.

Presentation

The Latin American countries that emerged from the disintegration of the Portuguese and Spanish empires were born in a context of independence wars that lasted years, if not decades, and whose civil character and the violence that they generated, as well as the complexity of the dynamics at work, have been understood in a new light by Latin Americanist historiography in America and Europe. Postwar experiences are quite another matter. Over the past decades in France, and more broadly in Europe, this field has expanded, as shown by innovating studies of 20th century European conflicts, as well as the wars of decolonization, whether in social, cultural or political history, or even international relations. With regards to Latin America, the period following the Cold War, characterized by military dictatorships and civil wars, has been studied in terms of democratic transitions and problems associated with human rights and transitional justice.

On the other hand, the postwar problem it all of its diversity and complexity has been little studied for previous periods, whether concerning the wars of independence at the beginning of the 19th century^[1] or the inter-American conflicts that shook the continent throughout the 19th and the beginning of the 20th centuries. Civil wars, low intensity border wars, multinational wars such as the Paraguay (1864-1870), the Pacific (1879-1883) or the Chaco (1932-1935) wars, whose civil dimensions are important, were nonetheless common. With regards to the Paraguay and Chaco wars, the most consequential work has been done in the framework of international research projects and edited volumes^[2], but historians have not taken up the mantle of these studies. At the same time an epistemological reflection is still lacking on the implementation of this type of study (in accordance with the chosen methodological approach) or on the sources likely to illuminate the different facets of postwar experiences.

This edited volume for the journal Altante (https://atlante.univ-lille.fr/), which follows a workshop on the theme that was organized in June 2019 at the Université de Lille, aims to draw up an historiographical appraisal of these questions in the Americas, taking a starting point the first armed mobilizations of the 19th century such as the English invasions of Buenos Aires in 1806 up to the Chaco war. The articles might look at this question from the perspective of law (peace treaties, amnesties…), the return of exiles and soldiers, benefits granted to demobilized soldiers, widows and orphans as well as the injured (whether physically or psychologically) as well as the commemorative practices and the production of consensual narratives and the impact of war on currents of philosophical or political thought (pacifism, for example), literature, epistolary exchange or artistic expression (theatre, music, painting, statues, war photography).

Submission Guidelines

The proposals, with an abstract and a brief CV, should be sent to

• veronique.hebrard@univ-lille.fr and
• edward.blumenthal@sorbonne-nouvelle.fr

Deadline: Dec 15, 2019

• Véronique Hébrard (Univ. Lille, EA 4074 CECILLE)
• Edward Blumenthal (Univ. Sorbonne Nouvelle, EA 2052 CRICCAL)

Notes

^[1] Several recent studies on the Neo Granadian and Rioplatense spaces have raised these issues. Alejandro Rabinovich, La société guerrière. Pratiques, discours et valeurs militaires dans le Rio de la Plata, 1806-1852, Rennes, PUR, 2013. Juan Carlos Chaparro Rodríguez, ¡ Desmilitarizar las repúblicas!: ideario y proyecto político de los civilistas neogranadinos y venezolanos, 1810-1858. Editorial Universidad del Rosario, 2017; Carlos Camacho, Margarita Garrido, et Daniel Gutiérrez (ed.), Paz en la república. Colombia Siglo XIX., Bogotá, U. Externado de Colombia, 2019.

^[2] See in particular the volume edited by three top specialists of Paraguay on the subject. Nicolas Richard ; Luc Capdevila ; Capucine Boidin (sous la direction de), Le Paraguay à l’ombre de ses guerres. Actes du colloque international, París, 17-19 novembre 2005, París, Colibris, 2007.