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L’anomalie en question(s)

The anomaly in question(s)

La anomalia puesta en cuestion(es)

L’anomalia in question(i)

N°26 de la revue TRANS- (2020)

TRANS- 26 (2020)

Numero 26 de la la revista TRANS-

TRANS- 26 (2020)

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Veröffentlicht am mardi, 19. novembre 2019

Zusammenfassung

Dans l’extrême liberté que possède la littérature à imaginer du nouveau, l’anomalie est sans doute l’outil le plus radical qu’elle puisse exploiter. Cependant, l’anormal a souvent été caractérisé comme l’infraction, volontaire ou involontaire, des normes et des règles, et ce concept a été rattaché à l’« anormal ». La confusion terminologique qui s’en est ensuivie a longtemps entravé toute réflexion précise sur les caractéristiques intrinsèques au concept d’anomalie. Quel cadre concevoir pour ces irrégularités ? Comment bâtir un discours qui veille à ne pas réduire l’individualité de l’écart que l’anomalie oppose – et appose – aux normes, à la normalité, sans être, pour autant, « anormal » ? Quelles ruptures produit l’irruption de l’anomalie vis-à-vis des préjugés sociaux, psychologiques et/ou artistique et des cadres établis ? Quel champ ouvre-t-elle à la limitation de notre horizon d’attente et de nos expériences ?

Inserat

Argumentaire

Lorsque Gregor Samsa et son entourage réalisent que le héros kafkaïen de La Métamorphose est devenu une blatte, leur monde n’est pas secoué parce qu’il n’est plus un homme mais parce qu’il ne peut plus aller travailler. La métamorphose de Gregor n’a donc d’intérêt pour la fiction qu’à partir du moment où l’irruption d’une nouvelle manière de percevoir les choses met en évidence les carcans d’une société emprisonnée dans des préoccupations matérielles. Il en est de même avec le sable qui monte graduellement au fil des actes dans Oh les beaux jours ! de Beckett : l’absence de réaction du personnage sur le point d’être enseveli oblige le spectateur à déplacer les questionnements existentiels soulevés par le monologue et à leur donner une signification autre, peut-être encore plus radicale. Dans les deux cas, c’est un écart par rapport à la régularité qui permet au lecteur de remettre en question le monde dans lequel il vit. Ces textes tirent leur puissance de l’anomal. Dans l’extrême liberté que possède la littérature à imaginer du nouveau, l’anomalie est sans doute l’outil le plus radical qu’elle puisse exploiter. Cependant, l’anomal a souvent été caractérisé comme l’infraction, volontaire ou involontaire, des normes et des règles, et ce concept a été rattaché à l’« anormal ». La confusion terminologique qui s’en est ensuivie a longtemps entravé toute réflexion précise sur les caractéristiques intrinsèques au concept d’anomalie.

C’est Georges Canguilhem qui, dans Le normal et le pathologique (1966), attire l’attention sur cette confusion étymologique : l’anomalie n’est pas l’antonyme de « nomos », de la norme, mais un substantif dont l’étymologie grecque, « anomalia », s’oppose donc à ce qui est régulier, égal, lisse (omalos). De ce fait, l’antonyme d’anomal ne serait pas le normal, mais ce qui est uniforme, ce qui n’a pas de sursaut, pas de perturbation, car il est régulier. L’apparition de l’anomalie bouleverse ainsi la linéarité des événements connus et reconnus, non en opposant à ceux-ci l’irruption d’une transgression des normes, mais en plaçant auprès d’eux un phénomène autre, possible certes, mais improbable.

Brisure, relief ou hiatus dans la linéarité des choses, l’anomalie pourrait aussi bien être source d’inquiétude que manifestation salutaire du « trouble qui naît à la longue de la permanence de de l’état normal ». (Canguilhem, 1966 : 216)

Aujourd’hui, il y aurait vraisemblablement deux difficultés à penser l’anomalie en tant qu’outil de réflexion ou d’analyse littéraire. La première relève de la symbiose qui s’est opérée au fil du temps avec l’« anormalité ».

En toute rigueur sémantique, anomalie désigne un fait, c’est un terme descriptif, alors que anormal implique référence à une valeur, c’est un terme appréciatif, normatif ; mais l’échange des bons procédés grammaticaux a entraîné une collusion des sens respectifs d’anomalie et d’anormal. Anormal est devenu un concept descriptif et anomalie est devenue un concept normatif. (Canguilhem, 1966 : 81).

Il aurait donc un travail à faire pour penser l’anomalie comme indépendante en tant qu’expérience extrême en soi, confrontée aux limites du cadre où elle surgit, dans le but de mettre en avant la perception épistémique renouvelée du monde qui se dégage.

La seconde difficulté, résultante de la première, serait celle d’établir un cadre explicatif critique permettant l’application du concept d’anomalie en littérature d’une manière qui ne soit pas restrictive. Or, il arrive souvent que les « irrégularités », en littérature, soient incluses dans des catégories qui appartiennent aux « écarts » attendus par les discours et les croyances expliquant le monde, à moins d’être l’élément d’une « disruptivité » dans l’ordre de la narration (Raphaël Baroni ou Jean-Michel Adam). L’anomalie a ainsi été intégrée dans des genres spécifiques qui, d’après la critique, comportent leurs propres « irrégularités régulières », tels le fantastique (Todorov dans son Introduction à la littérature fantastique), le merveilleux ou le magique (par exemple avec les variantes du « réel merveilleux » ou du « réalisme magique », présentes dans la littérature du Boom latino-américain au siècle dernier) : cases du discours officiel qui amenuisent et qui déminent le côté problématique – et problématisant – du surgissement même de l’anomal au sein d’un imaginaire (qui finit, lui, par voler en éclats).

Quel cadre concevoir pour ces irrégularités ? Comment bâtir un discours qui veille à ne pas réduire l’individualité de l’écart que l’anomalie oppose – et appose – aux normes, à la normalité, sans être, pour autant, « anormal » ? Quelles ruptures produit l’irruption de l’anomalie vis-à-vis des préjugés sociaux, psychologiques et/ou artistique et des cadres établis ? Quel champ ouvre-t-elle à la limitation de notre horizon d’attente et de nos expériences ?

Modalités de soumisison

Les propositions d’article (3000 signes), accompagnées d’une brève bibliographie et en comportant uniquement le titre, doivent être envoyées

au 6 janvier 2020 au plus tard

en fichier .DOC ou .RTF à l’adresse lgcrevue@gmail.com.

En fichier séparé, le/la collaboratrice enverra sa présentation personnelle. Les articles retenus seront à envoyer pour le mercredi 25 mars 2020. Nous rappelons que la revue de littérature générale et comparée TRANS- accepte les articles rédigés en français, anglais, espagnol et italien.

Le Comité évalue les propositions selon leur pertinence par rapport à l’appel, l’originalité de leur corpus, leur approche comparatiste ou leur qualité de réflexion théorique sur le thème proposé. Les articles ayant fait l’objet d’une publication antérieure (article, ouvrage, chapitre d’ouvrage), y compris dans une autre langue, ne seront pas retenus. Une feuille de style détaillant les normes de présentation des propositions est disponible sur notre site.

Comité scientifique

  • Yen-Mai TRAN-GERVAT, maître de conférences en Littérature générale et comparée, université Sorbonne Nouvelle – Paris 3
  • Philippe DAROS, professeur de Littérature générale et comparée, directeur de l’Ecole Doctorale 120 – Littérature française et comparée, université Sorbonne Nouvelle – Paris 3
  • Joaquin MANZI, maître de conférences en Littératures et cinémas de l’Amérique Latine, université Paris-Sorbonne – Sorbonne Université
  • Nathalie PIEGAY-GROS, professeur de Lettres modernes, université Paris Diderot – Paris 7
  • Tiphaine SAMOYAULT, professeur de Littérature générale et comparée, université Sorbonne Nouvelle – Paris 3

Comité de lecture

  • Philippe DAROS, professeur de Littérature générale et comparée, directeur de l’Ecole Doctorale 120 – Littérature française et comparée, université Sorbonne Nouvelle – Paris 3
  • Florence OLIVIER, professeur de Littérature générale et comparée, université Sorbonne Nouvelle – Paris 3
  • Nadja DJURIC, enseignante à l’Université de Belgrade, doctorante en Littérature générale et comparée à l’université Sorbonne Nouvelle – Paris 3
  • Marcos EYMAR, maître de conférences au département d’Espagnol de l’université d’Orléans
  • Fiona MCINTOSH VARJABEDIAN, Professeur des universités, université Lille 3
  • Julia PESLIER, maître de conférences en Littérature comparée à l’université de Franche-Comté.
  • Yen-Mai TRAN-GERVAT, maître de conférences en Littérature générale et comparée, université Sorbonne Nouvelle – Paris 3

Comité de rédaction

Rédacteur en chef : Iván SALINAS ESCOBAR, docteur en Littérature générale et comparée de l’université Sorbonne Nouvelle – Paris 3, enseignant au Lycée Claude Monet

  • Ninon CHAVOZ, ancienne élève de l’Ecole Normale Supérieure et agrégée de lettres modernes, doctorante contractuelle en Littérature francophone et chargée de cours à l’université Sorbonne Nouvelle – Paris 3
  • Antoine DUCOUX, ancien élève de l’ENS de Lyon, agrégé de lettres modernes et doctorant contractuel en Littérature générale et comparée, université Sorbonne Nouvelle – Paris 3
  • Guillermo HECTOR, doctorant en Littérature générale et comparée, université Sorbonne Nouvelle – Paris 3
  • A’icha KATHRADA, doctorante et chargée de cours en Littérature générale et comparée, université Sorbonne Nouvelle – Paris  3
  • Marie KONDRAT, doctorante en Littérature générale et comparée, université Sorbonne Nouvelle – Paris 3, en cotutelle avec l’Université de Genève
  • Adeline LIEBERT, docteur en Littérature générale et comparée, université Sorbonne Nouvelle – Paris 3, enseignante en CPGE au lycée Thuilliers à Amiens
  • Francesca MAMBELLI, doctorante à l'EHESS, Centre de Recherche sur les Arts et le Langage (CRAL)
  • Matilde MANARA, doctorante contractuelle en Littérature générale et comparée, université Sorbonne Nouvelle – Paris 3
  • Amanda MURPHY, doctorante et chargée de cours en Littérature générale et comparée, université Sorbonne Nouvelle – Paris 3, et lectrice d’anglais à l’université Panthéon Sorbonne – Paris 1
  • Sana M’SELMI, doctorante en Littérature générale et comparée, université Sorbonne Nouvelle – Paris 3
  • Naomi NICOLAS KAUFMAN, doctorante en Littérature générale et comparée, université Sorbonne Nouvelle – Paris 3
  • Cécile ROUSSELET : doctorante en Littérature générale et comparée, dont la thèse est financée par la Fondation pour la Mémoire de la Shoah
  • Victor TOUBERT, doctorant contractuel en Littérature générale et comparé, université Sorbonne Nouvelle – Paris 3
  • Francesca TUMIA, docteure en Littérature française et francophone et chargée de cours à l’UFR de Littérature et Linguistique Française et Latine de l’université Sorbonne Nouvelle – Paris 3

Daten

  • lundi, 06. janvier 2020

Schlüsselwörter

  • comparative literature, anomaly, littérature comparée, anomalie, Canguilhem

Kontakt

  • Ivan Salinas Escobar
    courriel : lgcrevue [at] gmail [dot] com

Informationsquelle

  • Ivan Salinas Escobar
    courriel : lgcrevue [at] gmail [dot] com

Zitierhinweise

« L’anomalie en question(s) », Beitragsaufruf, Calenda, Veröffentlicht am mardi, 19. novembre 2019, https://calenda-formation.labocleo.org/705145

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