AccueilLa manivelle : une histoire musclée de l’industrialisation (XVIIIe-XXIe siècle)

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La manivelle : une histoire musclée de l’industrialisation (XVIIIe-XXIe siècle)

Crank handles: A muscular history of industrialization (XVIII th -XXI th centuries)

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Publié le lundi 27 janvier 2020

Résumé

The crank handle is an apparently simple device, so simple that its historical study seems to stop when industrialization begins. Although the first industrial machines did not run on coal and steam but on muscles and cranks. The workshop aims to interrogate the persistence of the crank handle driven by human force, even as new energy sources overlap. To what extent did the cranks accompany the mechanization of production in the past and today? How did they shape contemporary industrialization? How did these crank techniques coexist with large industry? In what spaces and under what conditions does this cohabitation take place?

La manivelle est un dispositif apparemment simple, si simple que son étude historique semble devoir s’arrêter là où l’industrialisation commence. Or les premières machines industrielles ne fonctionnent pas au charbon et à la vapeur mais grâce aux manivelles. Lors de la journée d’étude, il s’agira donc de penser la persistance de la manivelle mue par la force humaine, alors même que de nouvelles sources d’énergie viennent se superposer. Dans quelle mesure les manivelles ont-elles accompagné la mécanisation de la production hier comme aujourd’hui ? Comment ont-elles façonné l’industrialisation contemporaine ? Comme ces techniques à manivelle coexistent avec la grande industrie ? Dans quels espaces et sous quelles modalités cette cohabition a-t-elle lieu ?

Annonce

Argumentaire

La manivelle est un dispositif apparemment simple, si simple que son étude historique semble devoir s’arrêter là où l’industrialisation commence[1]. Au milieu du XXe siècle, Haudricourt est l’un des rares à s’y est intéressé. Il observait que les historiens ne parlent de moteur qu’à partir de la vapeur. Mais « il est un autre moteur, dont on ne pense pas qu’il ait une histoire : il en a une cependant, et d’intérêt singulier : c’est le moteur humain. Ne croyons pas usuels dès l’origine des gestes qui nous paraissent d’une simplicité immémoriale : ils ont varié au cours des âges – et tour à tour, ils ont influencé les mécanismes qu’ils faisaient mouvoir et subi en retour l’influence de ceux-ci » (Haudricourt, 1940, p. 131-132).

Si elles mettent d’abord en mouvement des petits moulins à bras, les manivelles vont au cours des XVIIIe et XIXe siècles être appliquées à une grande diversité de procédés et de mécaniques. Les premières machines industrielles ne fonctionnent pas au charbon et à la vapeur mais grâce aux manivelles : c’est un moyen simple pour accroître le travail produit par les bras de l’homme et de la femme alors que l’industrialisation passe moins par les grandes usines que par l’intensification du travail des êtres vivants. Dans le secteur textile, la manivelle est ainsi le premier moteur de l’industrialisation, c’est elle qui actionne les petites machines à filer (celles de James Hargeaves) ou à tondre. Grâce à la manivelle on peut utiliser des agents humains sans qualification pour actionner les mécanismes, qu’il s’agisse de femmes et d’enfants. Les manivelles étaient souvent de petits moteurs actionnés par des enfants, comme celles qui étaient utilisées dans les premières filatures mécanisées[2].

L’un des partis-pris de cette journée d’étude sera d’insister sur la modernité de la manivelle au XIXe siècle et sur son rôle central dans le processus d’industrialisation. Moderne, la manivelle l’est tout d’abord, car elle profite des progrès de l’étude du mouvement, de la cinétique qui permet par exemple de calculer avec précision la taille et le poids des volants d’inertie. Moderne, elle l’est aussi car elle profite des perfectionnements de la métallurgie et de la mécanique (baisse du cout de la fonte, ajustement des engrenages, des vis sans-fin, lubrification, réduction des frottements…). Au même titre que les machines à vapeur, le moteur humain, en gagnant en efficacité, gagne en utilité et donc en opportunité d’usage.

La manivelle ne s’efface donc pas avec la croissance du charbon. Au contraire : dans le monde agricole, le développement du machinisme dans la seconde moitié du XIXe siècle (hachoirs, concasseurs et autres batteuses mécaniques) repose à la fois sur les machines à vapeur (et les chevaux) et sur la force humaine. La nature très technique de la manivelle ressort d’ailleurs bien dans l’importance des grandes entreprises dans son développement : ce sont de grandes multinationales comme Ransomes ou Mc Cormick qui accaparent le marché de l’outillage agricole en Europe comme en Amérique. Avant le développement de l’électricité, énergie musculaire et énergie fossile ne s’opposent pas : les mécaniques à bras restent parfaitement compétitives dans les petites et moyennes unités productives.

Au XXe siècle encore la manivelle est loin d’avoir disparue. C’est grâce à elle que s’engage la mécanisation des travaux domestiques, qu’il s’agisse des premières machines à laver, ou des divers moulins-légumes et petits équipements domestiques comme ces appareils commercialisés par l’entreprise Moulinex au milieu du XXe siècle, tous à manivelle avant que s’opère l’électrification (Delaunay, 2003). Les ustensiles ménagers à manivelle, mixeur, moulin à grains, prolifèrent dans les sociétés de consommation. Citons encore l’exemple de la mitraillette ou  du cinéma qui, à ses débuts, recouraient massivement aux manivelles. Influencé par le mécanisme des machines à coudre, le Cinématographe Lumière utilise ainsi une manivelle actionnée à la main, et ce système résiste longtemps à l’électricité : on continue jusque dans les années 1920 à entraîner à la manivelle appareils de prise de vues et projecteurs, ce qui engendre des irrégularités de cadence.

Là où l’électricité et le moteur à explosion restent inaccessibles, la manivelle demeure longtemps une technique centrale. Sur les terrains militaires et dans les colonies le système manivelle-dynamo permet ainsi e développement de la radio en dehors du réseau électrique.

En Union Soviétique et en République populaire de Chine, la mécanisation et la technologie moderne sont censées apporter l’émancipation aux travailleurs dans la société socialiste. Or, dans la pratique, l’usage des technologies ne correspond pas à l’image véhiculée, et l’essor de la grande industrie ne signe pas la fin de la manivelle. En Union Soviétique, ces dernières sont omniprésentes dans les secteurs de la petite industrie au moins jusqu’aux années 1950. Les batteuses, les écrémeuses et d’autres machines agricoles à manivelle de fabrication artisanale locale continuent à être produites et utilisées. Si le discours officiel met le tracteur en avant, on trouve également partout des machines à manivelle. Ainsi, l’écrémeuse manuelle devient un symbole d’un futur prospère promis aux campagnes soviétiques par l’industrialisation dans le film La ligne générale de Sergei Eisenstein (1929). Les immeubles collectifs modernes, présentés comme le nouveau mode de vie rationnel, sont munis de lave-linge à manivelle. Au fur et à mesure que l’électricité se développe, la manivelle ne disparaît pas pour autant. Dans l’économie de pénurie de l’Union Soviétique, les rouets continuent à être utilisés jusqu’aux années 1990 pour filer la laine, pallier l’absence des fils industriels.

De nouvelles machines actionnées par une manivelle continuent à être utilisées et produites encore aujourd’hui. En Inde, les sites de vente en ligne proposent des petites meules en pierre individuelles, accompagnées de références ayurvédiques sur les biens-faits du dispositif pour la santé féminine. L’usage d’un moulin ancestral (traditional chakki) participe dans ce cas à inventer la tradition.

En Occident, on assiste à la prolifération d’initiatives low-tech proposant la manivelle comme une source d’énergie, en remplacement notamment de l’électricité. À l’inverse, la manivelle peut être présentée comme une innovation, s’intégrant commercialement au discours dominant. C’est par exemple la cas de la start-up néerlandaise MONONO, qui lance en 2016 un lave-linge Gentelwasher à manivelle : elle serait « de 50 à 100% plus efficace et plus rapide qu’une machine lave-linge régulière », selon le site officiel de l’entreprise. D’une manière ironique, cette machine à manivelle est proposée comme une innovation aux portoricains, indiens et malawiens qui n’ont pas accès à l’électricité, ­– retournement qui ne modifie pas la dynamique coloniale d’introduction d’une technologie depuis l’extérieur.

A partir de ce dispositif, l’enjeu sera donc d’interroger un monde de techniques largement invisibles en dépit de leur omniprésence, d’explorer les innovations incrémentales modestes, la persistance de mécanismes simples pour répondre à l’accroissement de la demande énergétique. Il s’agira de croiser un questionnement épistémologique sur l’écriture de l’histoire des techniques tout en éclairant ce qu'est la manivelle, à quoi elle sert, et comment elle contraint l'historien à décaler le regard par rapport aux innovations qui sont généralement au cœur de son récit. A l’âge des interrogations sur les « transitions énergétiques » et l’invention de technologies économes en ressource, la question des manivelles invite à penser une histoire désorientée des technologies.

Lors de la journée d’étude, il s’agira donc de penser la persistance de la manivelle mue par la force humaine, alors même que de nouvelles sources d’énergie viennent se superposer. Dans quelle mesure les manivelles ont-elles accompagné la mécanisation de la production hier comme aujourd’hui ? Comment ont-elles façonné l’industrialisation contemporaine ? Comme ces techniques à manivelle coexistent avec la grande industrie ? Dans quels espaces et sous quelles modalités cette cohabition a-t-elle lieu ?

Propositions d’axes de réflexion :

  • Axe 1 : La théorie de la manivelle et l’optimisation du dispositif.
  • Axe 2 :  La manivelle moderne comme somme de perfectionnements et d’innovations incrémentales.
  • Axe 3 :  La pluralité et la quantification des usages de la manivelle de la fin du XVIIIème au XXIème siècle dans le monde, dans l’atelier artisanal et industriel aussi bien que dans le monde rural et les foyers domestiques.
  • Axe 4 :  Imaginaires de la manivelle, disqualifications et réinventions.
  • Axe 5 :  La manivelle comme exemple de « symbiose énergétique ».

Modalités de soumission et calendrier

Les propositions de communication, de 500 mots environ, rédigées en français ou en anglais, accompagnées d’un bref CV sont à envoyer

avant le 1er mai 2020

aux adresses suivantes :

  • jean-baptiste.fressoz@ehess.fr
  • francois.jarrige@u-bourgogne.fr
  • anna.safronova@univ-paris1.fr

La réponse aux propositions de communications parviendra en juin 2020.

Une publication des actes est prévue en 2021.

Pour plus d’informations, vous pouvez contacter : anna.safronova@univ-paris1.fr.

Organisation

Le colloque est organisé par le Centre de recherches historiques (CRH- EHESS), le centre Georges Chevrier (UB, UMR CNRS) et l’Institut universitaire de France, à Dijon, les 16 et 17 novembre 2020.

Coordination

Projet coordonné par :

  • Jean-Baptiste Fressoz (CNRS-EHESS) jean-baptiste.fressoz@ehess.fr
  • François Jarrige (Université de Bourgogne-IUF) francois.jarrige@u-bourgogne.fr
  • Anna Safronova (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) anna.safronova@univ-paris1.fr

Bibliographie

  • Quynh Delaunay, Société industrielle et travail domestique : L'électroménager en France (XIXe-XXe siècle), L'Harmattan, coll. « Logiques sociales », 2003.
  • David Edgerton, Quoi de neuf ? Du rôle des techniques dans l'histoire globale, Paris, Seuil, coll. « L'Univers historique », 2013
  • Jean-Baptiste Fressoz, « Pour une histoire désorientée de l’énergie », Entropia, 2013, vol. 15, p. 173-187.
  • Giedon, La Mécanisation au pouvoir. Contribution à l’histoire anonyme, trad. De l’américain par Paule Guivarch, Paris, Centre Georges Pompidou, , 1980.
  • André-Géorges Haudricourt, « Les techniques : contribution à l'étude du moteur humain », Annales d’histoire sociale, 1940, vol. 2, n°2, p. 131-132
  • Irfan Habib, « Pursuing the History of Indian Technology: Pre-Modern Modes of Transmission of Powe », Social Scientist, 20(3–4), Mar–Apr 1992, 1–22.
  • Daniel Headrick, The Tentacles of progress: technology transfer in the age of imperialism, 1850-1940, New York, Oxford university press, 1988.
  • Tim Ingold, « L’Outil, l’esprit et la machine : Une excursion dans la philosophie de la « technologie » », Techniques & Culture, 54-55, 2010, p. 291-311
  • Bruno Jacomy, Une histoire des techniques, Paris, Le Seuil, 1990, p. 161.
  • François Jarrige et Alexis Vrignon, Face à la puissance. Une histoire des énergies alternatives à l’âge industriel, Paris, La découverte, 2020.
  • Benjamin Ravier-Mazzocco, « Voir et concevoir : les théâtres de machines (XVIe-XVIIIe siècle) », thèse de doctorat, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2013
  • Raphael Samuel, « Workshop of the World : steam power and hand technology in mid-Victorian Britain », in J. Hoppit et E. A. Wrigley (eds.), The Industrial revolution in Britain, Oxford et Cambridge, MA, 1994, vol. , p. 197-250.
  • Lynn White, Technologies médiévales et transformations sociales, Paris, La Haye, 1969.

[1] L’étude de la Manivelle représente en effet un problème classique de l’histoire moderne des techniques, en revanche les spécialistes de l’industrialisation et des périodes plus récentes ne lui ont accordé aucune attention. Malgré sa simplicité, ce dispositif semble avoir été peu utilisé dans l’Antiquité et ce n’est qu’avec les moulins à bras médiévaux que semble apparaître une manivelle rudimentaire, simple poignée qui permet de moudre le grain par des mouvements d’aller-retour. Les premières représentations de manivelles apparaissent aux XIe et XIIe siècles, puis leur usage s’étend et se diversifie au fur et à mesure des développements techniques et industriels des siècles suivants et de leur demande énergétique croissante. Il faut attendre la Renaissance pour observer l’essor du système bielle-manivelle, la transformation d’un mouvement circulaire en mouvement linéaire semble en effet peu naturel, d’autant qu’il existe des obstacles complexes comme le frottement des pièces. (Jacomy, 1990, p. 161 ; L. White, 1969, p. 119).

[2] Comme le notait l’anthropologue Tim Ingold, les manivelles représentent une étape décisive dans l’invention des machines et de la technologie, ce sont elles qui marquent la distinction entre outil manuel et machine.

Argument

The crank handle is an apparently simple device, so simple that its historical study seems to stop when industrialization begins[1]. In the middle of the XXth century, André-Georges Haudricourt, is one of the few to take an interest in it. He observed that historians see engines in use only when it is steam powered. But "there is another engine, whose history we ignore: the human motor, and it is of singular interest. We should not assume that gestures that appear so simple to us are immemorial: in fact, they have varied over the ages, – they have influenced the machines they were powering, and in return suffered the influence of them" (Haudricourt, 1940, pp. 131-132).

Although first cranks were powering small hand mills in order to grind grains, during the XVIIIth and XIXth centuries, they begun to be applied to an increasing variety of mechanical devices. The first industrial machines did not run on coal and steam but on muscles and cranks. The crank handle was a cost-effective way to increase the force provided by humans, and the industrialization was less about large factories than about the intensification of humans and animals’ work. In the textile sector, the crank is the first motor of industrialization, it is the one that drives the new machines such as James Hargeaves’ spinning jenny. Thanks to the crank handle, women or children with little or no experience could be put to work in factories[2].

One of the aims of this workshop will be to highlight the modernity of the crank handle in the XIXth century and its central role in the history of industrialization. The crank handle is part of modernity: it benefits from the progress of mathematical physics —which allows to calculate the optimal size and weight of flywheels for instance— and from the advances of metallurgy and engineering (reduction of the price of steel, improvement in the precision of gears, worms drive, reduction of friction, etc.). Just like steam engines, the human motor, by gaining in efficiency, gains in utility and therefore in opportunity of use. The crank does not disappear with the growing use of coal. On the contrary: in the farms of the mid XIXth century, the development of machinery (choppers, crushers and other mechanical threshers) was based on both steam engines (and horses) and human strength.  The importance of international companies such as Ransomes or Mc Cormick that dominate the agricultural machinery market in Europe and North America demonstrates the highly technical nature of the crank handle. Before the development of electricity, muscle energy and fossil fuel energy were not in opposition: the human motor remained competitive in small and medium-sized production unit.

The crank does not disappear in the XXth century neither. It powers the mechanization of domestic work, whether it be the first washing machines, or the various domestic appliances such as those marketed by the French company Moulinex in the middle of the XXth century, all with cranks before electrification took place (Delaunay, 2003). Crank powered mixers, mills, graters and choppers proliferate in the kitchens of the rich world in the 1950s. Let us also mention the example of the machine gun or the cinema, which, in its early days, made massive use of cranks. Influenced by the mechanism of sewing machines, the Cinématographe Lumière used a hand-operated crank.

In places where electricity or the internal combustion engine remain inaccessible or too expensive, the crank handle remains central. On military grounds and in the colonies, the crank coupled with a dynamo allowed the development of radio communication outside the power grid. In the Soviet Union and in Communist China, where steam, oil and electricity were supposed to bring emancipation to workers, the crank handle was in fact omnipresent in the small industry sectors at least until the 1950s. Artisanal threshing machines, skimmers and other agricultural crank powered machines continued to be produced and used. In the countryside while the official propaganda highlights the tractor, there were crank powered machines everywhere. In Sergei Eisenstein's film The General Line (1929), the manual skimmer even became a symbol of a prosperous future for the Soviet countryside. In the Soviet city, apartment buildings, presented as the modern urban way of life, were equipped with communal laundries with crank-powered washing machines. And even as electricity developed, the crank did not disappear. In the shortage economy of the Soviet Union, spinning wheels continued to be used until the 1990s to spin wool, so as to compensate for the lack of industrial yarns.

Today, new crank-operated machines continue to be used and produced. In India, online sales sites offer small individual stone wheels, accompanied by Ayurvedic references on the benefits of the device for women's health. The use of an ancestral mill (traditional chakki) helps in this case to invent tradition. In the West, there is a proliferation of « low-tech » initiatives proposing the crank as an alternative to electricity. In 2016 the Dutch start-up MONONO even applied the dominant discourse of innovation to a crank powered washing machine which would supposedly be "50 to 100% more efficient and faster than a regular washing machine". Ironically, this crank machine is proposed as an innovation to Puerto Ricans, Indians and Malawians who do not have access to electricity: « low tech » does not change the colonial dynamics of introducing a technology from the outside.

This workshop on the history of the crank will therefore shed light on a technology largely invisible despite its omnipresence in the global history of production. It aims to explore modest, incremental innovations, the persistence and renewal of simple mechanisms and their capacity to meet the increase of energy demand. It will raise questions about writing the history of technical development while shedding light on what the crank handle is, what it is used for, and how it forces the historian to shift his gaze in relation to the innovations that are generally at the heart of his story. At a time when questions are being asked about "energy transitions" and the invention of resource-efficient technologies, the question of handwheels invites us to think about a disoriented history of technologies.

During the workshop, it will therefore be a question of thinking about the persistence of the crank handle driven by human force, even as new energy sources overlap. To what extent did the cranks accompany the mechanization of production in the past and today? How did they shape contemporary industrialization? How did these crank techniques coexist with large industry? In what spaces and under what conditions does this cohabitation take place?

The workshop will consider the following areas of inquiry:

  • Crank handle theory in mechanics and the optimization of the device.
  • The modern crank handle as the sum of improvements and incremental innovations.
  • The plurality and quantification of the uses of the crank handle from the end of the 18th to the 21st century, in the workshops, in large and small businesses, as well as in the rural world and domestic households.
  • The discourses on the crank handle, disqualifications and reinventions.
  • The crank handle as an example of "energy symbiosis".

Organisation

The workshop will be held at the University of Burgundy, in Dijon, on 16 and 17 November 2020. It is organized in partnership between the Center of Historical Studies (CRH - EHESS), the Center George Chevrier, University of Burgundy (UB, UMR CNRS) and the Academic Institute of France (IUF). The local organizing committee covers accommodation and meals.

  • Jean-Baptiste Fressoz (CNRS-EHESS) jean-baptiste.fressoz@ehess.fr
  • François Jarrige (Université de Bourgogne-IUF) francois.jarrige@u-bourgogne.fr
  • Anna Safronova (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) anna.safronova@univ-paris1.fr

Submission procedures

The proposals for papers (400-500 words, one-page) must include a title, an abstract and the affiliation of the author. Abstracts should be written in French or English and should be sent along with a brief CV

by May 1, 2020 at the latest

  • to: francois.jarrige@u-bourgogne.fr
  • jean-baptiste.fressoz@ehess.fr
  • anna.safronova@univ-paris1.fr

The response will be given to participants in June 2020. The authors will be invited to submit their paper for publication in a collective book, planned for 2021.

For further information or any question, please contact Anna Safronova at anna.safronova@univ- paris1.fr

References

  • Quynh Delaunay, Société industrielle et travail domestique : L'électroménager en France (XIXe-XXe siècle), L'Harmattan, coll. « Logiques sociales », 2003.
  • David Edgerton, Quoi de neuf ? Du rôle des techniques dans l'histoire globale, Paris, Seuil, coll. « L'Univers historique », 2013
  • Jean-Baptiste Fressoz, « Pour une histoire désorientée de l’énergie », Entropia, 2013, vol. 15, p. 173-187.
  • Giedon, La Mécanisation au pouvoir. Contribution à l’histoire anonyme, trad. De l’américain par Paule Guivarch, Paris, Centre Georges Pompidou, , 1980.
  • André-Géorges Haudricourt, « Les techniques : contribution à l'étude du moteur humain », Annales d’histoire sociale, 1940, vol. 2, n°2, p. 131-132
  • Irfan Habib, « Pursuing the History of Indian Technology: Pre-Modern Modes of Transmission of Powe », Social Scientist, 20(3–4), Mar–Apr 1992, 1–22.
  • Daniel Headrick, The Tentacles of progress: technology transfer in the age of imperialism, 1850-1940, New York, Oxford university press, 1988.
  • Tim Ingold, « L’Outil, l’esprit et la machine : Une excursion dans la philosophie de la « technologie » », Techniques & Culture, 54-55, 2010, p. 291-311
  • Bruno Jacomy, Une histoire des techniques, Paris, Le Seuil, 1990, p. 161.
  • François Jarrige et Alexis Vrignon, Face à la puissance. Une histoire des énergies alternatives à l’âge industriel, Paris, La découverte, 2020.
  • Benjamin Ravier-Mazzocco, « Voir et concevoir : les théâtres de machines (XVIe-XVIIIe siècle) », thèse de doctorat, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2013
  • Raphael Samuel, « Workshop of the World : steam power and hand technology in mid-Victorian Britain », in J. Hoppit et E. A. Wrigley (eds.), The Industrial revolution in Britain, Oxford et Cambridge, MA, 1994, vol. , p. 197-250.
  • Lynn White, Technologies médiévales et transformations sociales, Paris, La Haye, 1969.

[1] The study of the crank handle is indeed a classic problem in the modern history of technology, but the specialists on industrialization and on more recent periods have not paid any attention to it. Despite its simplicity, this device seems to be of little use in Antiquity. A rudimentary crank that moves a hand-wheel appears only with medieval windmills, grinding the grain by back and forth movements. The first representations of cranks emerge in the XIth and XIIth centuries, and the use of this device expands and diversifies along with the technical and industrial developments of the following centuries, accompanying the growing energy demand. It was not until the Renaissance that the use of crankshaft is being diffused. Nevertheless, the transformation of a circular movement into a linear one seems unnatural, especially as there existed complex obstacles such as the friction of the parts. (Jacomy, 1990, p. 161; L. White, 1969, p. 119).

[2] As the anthropologist Tim Ingold has noted, the hand crank is the decisive stage towards the invention of machines and technology. It is the crank that marks the frontier between a manual tool and a machine.

Lieux

  • Centre Georges Chevrier - Université de Bourgogne
    Dijon, France (21)

Dates

  • vendredi 01 mai 2020

Mots-clés

  • technic, industrialization, energy, low-tech, technique, industrialisation

Contacts

  • Safronova Anna
    courriel : anna [dot] safronova [at] univ-paris1 [dot] fr

Source de l'information

  • Safronova Anna
    courriel : anna [dot] safronova [at] univ-paris1 [dot] fr

Licence

Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« La manivelle : une histoire musclée de l’industrialisation (XVIIIe-XXIe siècle) », Appel à contribution, Calenda, Publié le lundi 27 janvier 2020, https://calenda-formation.labocleo.org/730548

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