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Regards croisés sur les colonies de vacances

Comparative perspectives on summer camps

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Publié le lundi 30 mars 2020

Résumé

Fait historique, social et spatial, la colonie de vacances apparait comme un prisme opérant pour lire à la fois les évolutions et l’actualité de la dialectique individu/collectif et de la mise en relation du temps et des espaces, à différentes échelles. Aussi, nous proposons de croiser des regards disciplinaires et d’échanger entre chercheurs et socioprofessionnels à l’occasion d’un colloque de deux jours qui explorera les pistes exposées ci-après. Dans cette perspective, sont attendues des communications relevant de l’histoire, de la géographie, de l’aménagement, du droit, de l’économie, de la sociologie, de la psychologie…

Annonce

Colloque organisé par le programme pluridisciplinaire EnJeu[x] Enfance et Jeunesse, les UMR TEMOS et ESO, l’UFR ESTHUA Tourisme et Culture

Argumentaire

Rapports parlementaires, journées professionnelles (colloques récurrents de l’UNAT, conférence-débat organisée en mars 2020 par l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire), volonté de labellisation, campagnes publicitaires... les années 2010 ont vu revenir sur le devant de la scène les colonies de vacances, plus d’un siècle après leur apparition. Pourtant, alors que le taux de départ des enfants et des jeunes (avec ou sans les parents) a globalement progressé pour se stabiliser autour de 75 % aujourd’hui, le départ en colonies a lui drastiquement diminué : 7,5 % des 5-19 ans partaient en séjours collectifs au début des années 2010, contre 14 % en 1995. En 2016/2017, ce sont 8,9 % des enfants de moins de 15 ans qui partent en colonies de vacances ou en camps de centres aérés, ce qui représente un peu plus d'un million d’enfants (mais plus de 40 % des enfants du même âge sont partis avec leurs grands-parents ou un membre de la famille) et on estime qu’à 18 ans, moins d’un jeune sur deux a eu la possibilité d’expérimenter le départ en séjour collectif sans ses parents (Ovlej, 2013 ; Khiati & Gitton, 2018).   

Fait historique, social et spatial, la colonie de vacances apparait comme un prisme opérant pour lire à la fois les évolutions et l’actualité de la dialectique individu/collectif et de la mise en relation du temps et des espaces, à différentes échelles. Aussi, nous proposons de croiser des regards disciplinaires et d’échanger entre chercheurs et socioprofessionnels à l’occasion d’un colloque de deux jours qui explorera les pistes exposées ci-après. Dans cette perspective, sont attendues des communications relevant de l’histoire, de la géographie, de l’aménagement, du droit, de l’économie, de la sociologie, de la psychologie…  

Mixité sociale et projet éducatif : quelle pertinence d’hier à aujourd’hui ?  

L’histoire des colonies de vacances s’est construite sur deux piliers : d’une part l’opportunité offerte à des enfants et des jeunes de milieux modestes voire très modestes de sortir de leur univers quotidien en partant à la mer, à la montagne, à la campagne ; d’autre part un idéal de microsociété au sein de laquelle vivaient pendant quelques semaines des enfants issus de milieux sociaux différents et qui ne se seraient probablement jamais côtoyés en dehors de ce temps et de cet espace (Downs 2009 ; Gardet, 2014 ; Fuchs, 2020). Aujourd’hui, chercheurs et acteurs du secteur constatent la difficulté à faire vivre un espace de brassage social, en raison à la fois d’une moindre tolérance à la mixité sociale et aux départs collectifs de la part des familles et d’une segmentation financière qui conduit à ne voir partir en colonies que les enfants des familles aisées (qui ont les moyens de financer le séjour ou qui bénéficient d’un comité d’entreprise généreux) ou les enfants des familles très modestes (qui bénéficient d’aides). Origine sociale, sexe, âge, sont aujourd’hui davantage des clés de segmentation d’un « marché » que des critères de mixité à valoriser au sein des « accueils collectifs de mineurs ». Alors « que reste-t-il de la mixité sociale des colonies de vacances ? » pour reprendre le titre d’un article du Monde en août 2017. Faut-il faire le deuil d’un modèle qui correspondrait à un moment historique dépassé aujourd’hui ? Les colonies de vacances ont pu jouer à certaines périodes un rôle d’inclusion. Qu’en est-il au moment où l’inclusion scolaire par exemple est au cœur de certaines politiques publiques ? Les colonies sont-elles appelées à devenir une extension de cette politique d’inclusion ? Qu’attendent aujourd’hui les jeunes et leurs familles de ce type de séjours ? Qu’en est-il ailleurs dans le monde ? Y a-t-il à l’étranger des modèles qui fonctionnent et dans quel type de sociétés ? 

Sur un autre plan, on pourra également s’interroger sur les conséquences de la diversité du secteur sur la connaissance que l’on peut en avoir. Il y a quelques années, le rapport Ménard pointait les faiblesses du système statistique dédié au tourisme et aux vacances des enfants et des jeunes (Ménard, 2013). Plus généralement, à partir des années 1990, la connaissance statistique des départs en vacances des Français.es est devenue de plus en plus difficile : les enquêtes étant de moins en moins suivies pour n’être aujourd’hui que des enquêtes irrégulières qui donnent lieu à des éclairages ponctuels. Dans le récent dossier consacré par la revue Espaces aux colonies de vacances, le géographe Luc Greffier note encore la grande disparité des sources à mobiliser pour tenter de connaître les vacances des enfants et des jeunes (Espaces, 2019). Dans ces conditions, comment accéder à une connaissance fine à la fois des acteurs et des publics des colonies de vacances ? 

Quels modèles et quels systèmes d’acteurs ?  

Un paradoxe est régulièrement mis en avant : affichées comme essentielles dans la construction subjective des enfants, leur sociabilité et leurs relations aux autres, les colonies de vacances ne cesseraient de perdre de leur popularité auprès des parents (voir le Rapport Conseil de l’Enfance et de l’Adolescence - HCFEA (2018), faisant la synthèse de différentes études). Outre les inquiétudes de plus en plus prégnantes face aux risques (accident sanitaire ou physique, harcèlement, pédophilie) et l’évolution de la morphologie des familles (divorce et garde alternée par exemple), les coûts des séjours sont avancés pour expliquer cette désaffection. Mais le secteur n’est pas homogène, historiquement plusieurs types d’acteurs ont organisé des colonies de vacances : des collectivités, des associations, des comités d’entreprises (aujourd’hui comités sociaux et économiques), des entreprises qui se spécialisent sur le secteur. Toutes coexistent aujourd’hui en connaissant des bonheurs divers. Au-delà de la simple opposition secteur social / secteur lucratif, quels modèles économiques et managériaux ces différentes organisations mettent-elles en place ? Avec quelles conséquences sur le jeune public accueilli et sur les propositions faites ? Quelle place aujourd’hui pour les acteurs historiques du secteur, bousculés par l’arrivée de nouveaux venus ? Assiste-t-on aujourd’hui à de nouvelles formes de conflits idéologiques ou politiques (à l’instar de ceux qui ont pu catégoriser les colonies « catholiques », « neutres » ou « laïques » naguère) ?

Quel(s) espace(s) pour les colonies de vacances ?  

Le patrimoine des colonies de vacances a fondu comme peau de chagrin (Boussion et Gardet, 2010). Les acteurs historiques se séparent de leurs bâtiments, par choix ou sous la contrainte de normes dénoncées comme trop nombreuses et coûteuses (accessibilité des bâtiments, sécurité, hygiène…), tandis que les nouveaux venus n’ont souvent aucune propriété foncière. Au-delà de la problématique du coût de ce patrimoine, celui-ci peut-il constituer une ressource pour le territoire ?

Qu’elles soient tributaires d’un parc immobilier qu’elles doivent faire vivre ou qu’elles puissent proposer des séjours partout dans le monde, quel modèle d’organisation spatiale développent les colonies de vacances aujourd’hui ? Alors que les durées de séjour diminuent et que les aides publiques sont de plus en plus orientées vers des séjours de proximité, comment a évolué la carte des colonies de vacances ? Quels types de distances peut-on lire entre les espaces de vie des enfants et des jeunes et les lieux de séjours ? Il est aussi intéressant de s’intéresser à la place du camping dont la réglementation de plus en plus stricte a entraîné la disparition des « villages de tentes ». Alors que les équipements et le matériel ont été modernisés, les espaces où les planter ont en effet été très réduits.

On pourra aussi s’interroger sur les modèles spatiaux à l’échelle locale. Quelles relations entre le territoire d’implantation du centre (le quartier, la commune…) et les jeunes ? Ces relations ont-elles une traduction matérielle, symbolique (architecture des bâtiments, cheminements…) ? Mais aussi quelles relations entre le territoire d’accueil et les autres acteurs que les jeunes (c’est-à-dire les organisateurs, les animateurs, les prestataires mobilisés…) 

Informations pratiques et modalités de sélection

Le colloque se déroulera les mercredi 4 et jeudi 5 novembre 2020 à l’Université d’Angers, sur le campus Saint-Serge (centre-ville). La langue du colloque sera le français, ou l’anglais pour faciliter les propositions permettant des comparaisons internationales.

Les propositions de communication sont à adresser avant le 1er juin 2020

à colloque.colo.2020@contact.univ-angers.fr

Chaque proposition de 1500 signes maximum devra présenter la problématique, les sources et la méthodologie utilisée, les terrains explorés (des communications portant sur des terrains autres que la France sont les bienvenues). Un court CV (1 page maximum) est également attendu. Un retour sera fait aux auteurs pour le 20 juin. 

Une publication regroupant une sélection de communications est envisagée à l’issue du colloque. L’attention des contributeurs est attirée sur le fait que le texte définitif de leur communication avant évaluation scientifique devra être remis dans sa version définitive au plus tard 15 jours après le colloque, soit le 20 novembre. 

Comité scientifique

  • Yves Denéchère, histoire, Université d’Angers-UMR TEMOS 
  •  Anya Diekmann, géographie, Université Libre de Bruxelles 
  • Laura Lee Downs, histoire, European University Institute,
  • Florence Philippe Duhamel, géographie, Université d’Angers-UMR ESO
  • Julien Fuchs, histoire, Université de Bretagne Occidentale
  • Mathias Gardet, histoire, Université Paris 8  
  • Louis Jolin, droit, Université du Québec à Montréal 
  • Laurence Moisy, géographie, Université d’Angers-UMR ESO

Comité d’organisation

Yves Denéchère, Laurence Moisy et Hélène Desaivre-Maillard, coordinatrice du programme pluridisciplinaire EnJeu[x] Enfance et jeunesse. 

Orientations bibliographiques

Boussion S., Gardet M. (dir.), 2010, Les Châteaux du social, Paris, Beauchesne.

Brault P., Drouet P., 2012, Quelles colos pour 2020 ? Vers une vision renouvelée des vacances pour enfants et adolescents, Actes du colloque organisé par l'UNAT, le 23 novembre 2012, UNAT. 

Chauvin J., 2008, Les colonies de vacances : domaine privilégié de l'éducation populaire, Editions L’Harmattan, collection Tourisme et Société. 

Chovaux O., 2008, Des colonies de vacances à l'économie sociale : histoire de l'UFCV (1907-2007), Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire.

Conseil de l’Enfance et de l’Adolescence, 2018, Les temps et les lieux tiers des enfants et des adolescents hors maison et hors scolarité, Rapport du Haut Conseil de la Famille, de l’Enfance et de l’Age (HCFEA).

Downs, L. L., 2009, Histoire des colonies de vacances de 1880 à nos jours, Paris, Perrin. 

Downs, L. L., 2002, Childhood in the Promised Land. Working Class Movements and the colonies de vacances in France, 1880-1960, Durham, Duke University Press. 

Fuchs J., 2020, Le temps des jolies colonies de vacances. Au cœur de la construction d'un service public, 1944-1960, Septentrion.

Gardet M., 2014, Les colonies de vacances, Paris, Le Cherche Midi. 

Greffier L., 2019, « Les vacances des enfants dans leurs parents. Un enjeu de mobilité contemporaine », in Colonies de vacances et autres séjours collectifs de mineurs, un enjeu de société, Cahier Espaces, 350, septembre-octobre 2019.

Greffier L., Ducatez N., 2019,  Les vacances et les loisirs des enfants et des jeunes. 20 ans d’observation des pratiques et des acteurs, OVLEJ.

Khiati A, Gitton F. P., 2018, « Les enfants réalisent un tiers de leurs voyages sans leurs parents », Le 4 Pages DGE, n°80.

Ménard M., 2013, Rapport de la Commission des affaires culturelles et de l’éducation sur l’accessibilité des jeunes aux séjours collectifs et de loisirs

Observatoire des vacances et des loisirs des enfants et des jeunes (Ovlej), 2013, Le départ en vacances des enfants et des adolescents aujourd'hui : progression des inégalités et resserrement autour de la familleBulletin de l’Ovlej, n°41  

Observatoire des vacances et des loisirs des enfants et des jeunes (Ovlej), 2013, Les colos aujourd'hui : un modèle de vacances socialement partagé qui perdure et se transforme, Bulletin de l’Ovlej, n°42

Toulier, B., 2008, « Les colonies de vacances en France, quelle architecture ? », In Situ, n°9, p. 1-44. - UNAT, actes des colloques consacrés aux colonies de vacances (2013, 2014, 2014, 2015, 2016, 2017).  

Lieux

  • Campus Saint-Serge, 7, allée François Mitterrand
    Angers, France (49)

Dates

  • lundi 01 juin 2020

Mots-clés

  • colonie, vacance, enfant, jeune, tourisme, loisir, territoire

Contacts

  • Yves DENECHERE
    courriel : yves [dot] denechere [at] univ-angers [dot] fr
  • Hélène DESAIVRE-MALLARD
    courriel : helene [dot] desaivre-mallard [at] univ-angers [dot] fr
  • Laurence MOISY
    courriel : laurence [dot] moisy [at] univ-angers [dot] fr

URLS de référence

Source de l'information

  • Mireille Loirat
    courriel : mireille [dot] loirat [at] univ-angers [dot] fr

Licence

Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Regards croisés sur les colonies de vacances », Appel à contribution, Calenda, Publié le lundi 30 mars 2020, https://calenda-formation.labocleo.org/767291

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