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Fonction présence
Presence function
Symposium d'expérimentation et intensification de la présence par la pratique de l’écriture et du méta-art
Experimentation symposium and the intensification of presence through the pratices of writing and meta-art
Publicado el mardi 02 de juin de 2020
Resumen
f (p) est un dispositif de recherche-création, collectif et interdisciplinaire, qui porte sur les enjeux de la présence dans le temps de l’expérimentation, et sur la façon dont cette présence s’expérimente par les mots. Comment, par les mots, l’expérimentateur affine-t-il son propre discernement ? Comment intensifie-t-il sa présence et son attention à ses expérimentations ? Le méta-art conceptualisé par Adrian Piper (dans son article « In support of meta-art », Artforum, 1973) constituera notre point de départ pour explorer le lien entre le langage et l’expérimentation, interroger la façon dont la recherche s’écrit en se faisant, questionner la spécificité d’un langage propre à l’expérience et à la recherche en chantier, envisager la spécificité de la parole des artistes.
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25-27 novembre 2020
Enjeux
Dans un entretien avec Michael Kirby et Richard Schechner, publié dans la Tulane Drama Review en 1965, John Cage énonçait : « je me suis posé des questions sur la musique […] et j’ai décidé que je ne poursuivrais pas cette activité à moins qu’elle soit utile, à moins que je ne trouve des réponses qui me paraissent justifier d’y vouer ma vie. J’ai découvert grâce à la philosophie orientale, à mon travail avec Suzuki, que ce que nous faisons, c’est vivre, et que nous n’avançons pas pour atteindre un but mais que nous sommes pour ainsi dire, constamment au but et que nous changeons avec lui, et que l’art, s’il doit accomplir quelque chose d’utile, doit nous ouvrir les yeux à cet égard[1] ».
En art, cette action, d’« ouvrir les yeux », peut être synonyme de conscience, d’attention, de discernement ou tout simplement de qualité de présence. Elle résonne avec le méta-art conceptualisé par Adrian Piper, pour défendre une activité auto-réflexive des artistes.
Adrian Piper publia le texte « In support of meta-art » en 1973 dans Artforum. Elle y présente le méta-art comme une activité cognitive et épistémologique que les artistes peuvent mener en parallèle ou à la place de leur art. Les enjeux sont multiples. Il s’agit d’une méthode d’écriture comme exercice de connaissance. Il s’agit aussi d’exprimer la matérialité de l’activité de l’artiste : affirmer l’imbrication de l’art dans la matière, l’économique, le social, le politique, et ce faisant, reconsidérer le processus de l’activité artistique, comme un moment nécessaire à la compréhension des œuvres d’art. En défendant une prise de parole spécifique aux artistes, dans un contexte où le discours sur l’art est tenu par les théoriciens, Adrian Piper revendique le fait que l’art et les artistes doivent occuper une place centrale dans la société. Les différents textes, documents ou créations d’Adrian Piper qui entrent dans cette pratique du méta-art ont fait l’objet d’une publication en deux tomes sous le titre Out of Order, Out of Sight (MIT Press, 1996).
f (p) souhaite interroger et expérimenter collectivement le continuum entre théorie et pratique, partager des activités artistiques qui passent par l’expérience et le langage, d’une part comme outil d’observation, d’exploration, d’enquête et de discernement et d’autre part comme expérimentation des limites de ce qui fait œuvre.
Axes de recherche
Présence & désœuvrement
En « ouvrant les yeux » – pour reprendre la formule de John Cage – sur l’expérience et le cheminement, plutôt que sur ce que l’art produit, s’opère une forme de désœuvrement, qui se rapproche de la façon dont la tradition yogique pose le renoncement aux fruits des œuvres comme un des piliers de sa spiritualité et de son mode de connaissance.
Dans la troisième partie de la Bhagavad-Gîtâ[2], intitulée le « yoga de l’œuvre », Krishna énonce : « Moi-même, fils de Prithà, je n’ai rien à faire dans les trois mondes, je n’ai là aucun bien nouveau à acquérir ; et pourtant je suis à l’œuvre ». Il ajoute plus loin, dans la quatrième partie consacrée au « yoga de la science » que : « celui qui a chassé le désir du fruit des œuvres, qui est toujours satisfait et exempt d’envie ; celui-là, bien qu’occupé d’une œuvre, est pourtant en repos ». Si pour le yogi, la quête spirituelle implique une qualité d’action désintéressée de ses fruits, de la même façon, pour l’artiste, préserver ce qui fait le cœur de l’art peut passer par d’autres formes d’« être à l’œuvre », le méta-art peut en être une.
Présence & intuition
À travers l’articulation entre l’expérimentation et le langage, il s’agit aussi d’interroger les modes d’être et de contact avec le réel : c’est dans le champ de la philosophie, ce que le philosophe Henri Bergson conceptualise avec l’idée d’« intuition ». La difficulté d’écrire l’intuition est une question qui pourra être développée dans la cadre de ce symposium.
Méta-art & pédagogie
Le méta-art énoncé par Adrian Piper est une méthode d’écriture idoine pour le travail de mémoire qui est demandé aux étudiants en art, tant dans les écoles d’art que dans les sections universitaires.
Transmettre et expérimenter des pratiques qui permettent d’apprendre à parler depuis l’intérieur de l’activité, ou encore, dans un autre registre, apprendre à construire un discours argumenté depuis sa pratique pour partager sa recherche.
Méta-art & Adrian Piper
La place des mots dans le langage plastique d’Adrian Piper fera l’objet d’un temps d’échange. Ce sera aussi l’occasion de revenir sur une des figures majeures de la première génération des artistes conceptuels, et de son inscription dans le mouvement de déconstruction des représentations qui s’est opéré à partir des années 70.
Présence & langage
Aborder les passages et les rencontres entre les mots et les arts plastiques, explorer des usages de mots et de toutes formes de langages mobilisés au moment de l’expérimentation : notes, journal, croquis, schémas, partitions, diagrammes, etc. Ces langages permettent de dresser des ponts entre les pratiques du plasticien, du performeur, du musicien, du danseur, de l’écrivain, de l’architecte, du biologiste, du technicien, etc. qu’il sera opportun de mettre en commun.
Langage comme acte anthropologique
Le méta-art est une parole d’artiste qui fait parler l’art de façon très organique depuis l’intérieur de l’art, par les artistes eux-mêmes. On peut envisager le méta-art, en tant que langage – tout comme l’est l’activité artistique – comme un acte aux fondements de l’activité humaine, comme un acte anthropologique.
Langage comme acte épistémologique
En tant qu’acte de discernement et du fait de sa dimension cognitive, le méta-art est une activité épistémologique, il ouvre la question : qu’est-ce qu’un discours qui est le fruit d’un acte intérieur à l’activité artistique dit de l’art, et que personne d’autre que l’artiste ne peut dire ? Cette interrogation pose le méta-art comme une pratique et une méthode de connaissance qui intéresse tout particulièrement la recherche en arts et en sciences humaines, elle positionne la spécificité et l’originalité de la recherche menée par les artistes, où théorie et pratique sont intimement liées comme modèle inspirant pour les sciences dites du terrain.
Épistémologie, car cette action d’« ouvrir les yeux », de présence à l’expérience, relève de l’élaboration de connaissances, d’une méthodologie propre à l’activité artistique et à toutes les activités de la recherche dite de terrain.
Présence, traduction et altérité
Le passage de l’expérience au langage écrit, est une migration entre deux champs, ce déplacement résonne avec l’activité du traducteur qui, d’une langue à l’autre, joue le rôle de passeur, sachant que tout ne passe pas ; à l’épreuve de l’altérité (La traduction et la lettre, ou l’auberge du lointain, Antoine Berman, 1991), il y a ce qui reste, ce qui résiste, et pour lequel le méta-art comme méthode d’hospitalité peut constituer une alternative.
Présence, langage et pratique élargie du méta-art
La manière dont le méta-art permet de revisiter non seulement le langage et le discours, mais aussi l’attention que chacun porte à sa pratique depuis l’intérieur, pourrait ouvrir des perspectives de recherche et d’expérimentation dans toutes les activités liées au champ de l’art. Chacun à son endroit pourrait s’interroger sur sa propre attention. De manière générale, nous pourrions questionner ce que Yves Citton appelle une culture de l’attention, car souvenons-nous que « cultus » désigne en latin l’action de prendre soin de son activité.
Que serait ainsi, une parole ré-inventée et attentive, depuis l’intérieur de chaque pratique théorique : philosophique, historique, critique, sociologique ? Quelles échappées discursives pourraient créer l’histoire de l’art, la philosophie de l’art, la critique d’art, la théorie de l’art ? Que seraient une méta-critique d’art, une méta-histoire de l’art, une méta-philosophie de l’art, une méta-théorie de l’art ?
Candidature
Votre proposition peut prendre la forme d’une communication, d’un atelier ou de tout autre geste performatif. Elle devra préciser l’axe de recherche dans lequel vous souhaitez l’inscrire. Nous en avons proposé neuf, mais nous laissons ouverte la possibilité d’en ouvrir de nouveaux ; dans ce cas, si vous en proposez un dixième, nous vous invitons à le définir clairement.
Votre proposition sera rédigée selon le protocole suivant : un titre provisoire, un résumé de 2500 signes maximum, une note biographique de 500 signes accompagnée de vos coordonnées (nom, lieu d’attache, numéro de téléphone et courriel).
Envoyez votre proposition de communication ou d’atelier
avant le 21 juin 2020
à : symposiumfonctionpresence@gmail.com.
Les réponses seront transmises avant le 8 juillet 2020.
Intendance
Les logements des participants (Village vacance des trois rivières : http://www.mairie-de-casseneuil.com/fr/village-vacances/village-gites-les-3-rivieres.html) se trouve à 500 mètres de notre lieu de travail (La maison pour tous).
Les repas seront pris sur place, à la Maison pour tous de Casseneuil.
Chaque participant assumera ses frais de déplacement et participera aux frais d’hébergement et de repas (120 euros pour les trois jours de symposium).
Les ateliers et les propositions performatives peuvent se tenir en intérieur ou en extérieur, au bord de la rivière ou sur l’eau (un bateau à moteur de 5 places sera à notre disposition).
N’hésitez pas à nous contacter pour tout complément d’information.
Contact : symposiumfonctionpresence@gmail.com.
Comité scientifique du symposium f(p)
- Pierre Baumann (Artiste, professeur, CLARE/ARTES, UBM)
- Barbara Bourchenin (PRAG, Doctorante MICA, UBM)
- Anne-Claire Cauhapé (Docteure, ingénieur d’études, ALTER, UPPA)
- Céline Domengie (Artiste et docteure, chercheuse associée CLARE/ARTES, UBM)
- Marie Escorne (Maître de conférence, CLARE/ARTES, UBM)
- Corinne Melin (Docteure, École Supérieure d’Art des Pyrénées Pau-Tarbes)
- Pierre Vilar (Maître de conférence, ALTER, UPPA)
Informations complémentaires
Les Arts au mur, artothèque de Pessac, présenteront une sélection d’œuvres de leur collection en résonnance avec les enjeux soulevés par ce symposium. Le choix et les modalités de présence sont en cours de réflexion.
Notes
[1] John Cage, « entretien avec John Cage, Michael Kirby et Richard Schechner », Tulane Drama Review, Les Presses du réel, p.76.
[2] Incluse dans l’épopée du Mahabharata, la Bhagavad-Gîtâ (Le Chant du Seigneur, env. IIIe siècle avant JC), se présente sous la forme d’un dialogue entre le héros Arjuna et le dieu Krishna. La Bhagavad-Gîtâ est un poème philosophique et religieux qui montre aux hommes ce que doit être leur conduite pour atteindre le divin.
Categorías
- Epistemología y métodos (Categoría principal)
- Pensamiento y Lenguaje > Representaciones > Estudios visuales
Lugares
- Casseneuil, Francia (47)
Fecha(s)
- dimanche 21 de juin de 2020
Palabras claves
- art, méta-art, adrian piper, expérimentation, langage
Contactos
- Céline Domengie
courriel : symposiumfonctionpresence [at] gmail [dot] com
URLs de referencia
Fuente de la información
- Céline Domengie
courriel : symposiumfonctionpresence [at] gmail [dot] com
Para citar este anuncio
« Fonction présence », Convocatoria de ponencias, Calenda, Publicado el mardi 02 de juin de 2020, https://calenda-formation.labocleo.org/781189