AccueilL’ambiance comme enjeu de l’espace public méditerranéen contemporain

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L’ambiance comme enjeu de l’espace public méditerranéen contemporain

Ambiance as a key issue in the contemporary Mediterranean public space

Conférence internationale, Réseau International Ambiances

International Conference, International Ambiances Network

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Publié le jeudi 10 octobre 2013

Résumé

À partir du cas de la Tunisie — miniature mais dense — cette conférence internationale interroge la possibilité du partage dans les espaces publics contemporains en Méditerranée. Elle questionne le rôle joué par l’architecture et les formes de l’urbain dans la possibilité même du partage et invite à réfléchir sur les formes et les ambiances à venir, dans un contexte d’hyper-pluralité où la notion de voisinage se trouve remise en cause, et celle de marquage plus que jamais à ré-explorer.

Annonce

A propos

Depuis la chute du régime Benaliste advenue le 14 janvier 2011, on assiste en Tunisie et plus précisément dans l’espace public à ce qui pourrait être non pas un « retour de l’habitant » mais une « arrivée de l’habitant ». Les Tunisiens aujourd’hui « habitent » l’espace public, l’espace commun, l’espace en partage.

Après avoir détruit ou significativement altéré les édifices qui symbolisaient la dictature (villas et biens des proches du pouvoir, commissariats et divers bâtiments administratifs), ils s’approprient les lieux en taguant les murs et en investissant les places et les avenues par des sit-in plus ou moins longs ou des marches de contestation. Mais au-delà de cette (ré)appropriation visible que l’on pourrait qualifier de « révolutionnaire », existe-t-il une réappropriation moins visible qui prendrait la forme d’une critique plus ou moins consciente de l’espace public désormais interrogé à l’aune de sa dimension d’espace en partage ?

Cette question fera l’objet d’une série de manifestations et de rencontres sur les ambiances de l’espace public méditerranéen contemporain. Une première conférence initiée par l’ERA/ENAU (Equipe de Recherche sur les Ambiances de l’Ecole Nationale d’Architecture et d’Urbanisme de Tunis), se déroulera à Tunis, à la Cité des Sciences, les 24, 25 et 26 février 2014. Inscrite dans le cadre des séminaires et conférences annuels du Réseau International Ambiances, elle aura pour objet d’asseoir la problématique et de lancer un réseau méditerranéen de travail autour de ces questions.

Argument

La révolution, un révélateur…

« Maintenant, au contraire, on est chez soi. Mais le chez-soi ne préexiste pas… »[1]

La chute de la dictature Benaliste a révélé une Tunisie fragmentée. Les identités s’y heurtent, les modèles sociétaux s’y télescopent, les disparités socio-économiques y sont plus visibles que jamais. On y découvre qu’un peuple partageant quelques 163 610 km2 (c’est le plus petit pays du Maghreb), une histoire commune et un même climat géographique est un peuple hétéroclite aux aspirations opposées et parfois contradictoires et qui, sommé de manifester sa perception d’un même réel étant donné la situation extrêmement politisée (parce que les règles à venir se jouent maintenant), confirme son extrême pluralité.

Cette arrivée de l’Habitant (avec un grand H parce qu’il est tous les habitants) pluriel, à la fois soudaine et intense, nous a conduits à nous interroger sur la question de la possibilité de l’habitabilité plurielle de l’espace public tunisien, c’est-à-dire de son partage. Ce partage est-il possible ? L’espace public tunisien dans ses formes actuelles (conformation et formes sensibles) est-il propice au partage ? Porte-t-il les traces d’une dictature qui a aménagé d’« en haut », relayée par des architectes eux-mêmes assez sourds aux questions du partage et de la chose publique ?

La Tunisie, une Méditerranée en miniature…

C’est à partir de la situation à la fois miniature et dense de la Tunisie que nous souhaitons explorer la question des ambiances méditerranéennes.

En effet, la situation tunisienne montre la désuétude de la notion classique de voisinage. Nous partageons un même territoire mais il n’y a pas/plus cette « contamination mimétique grâce à laquelle un modus vivendi, une manière de dessiner et de s'assurer l'espace vital se propage dans une population »[2] et qui, selon P. Sloterdijk, caractérise les voisins. Mais la question du voisinage se pose dans chaque pays de la Méditerranée et à l’échelle de la Méditerranée comme lieu supposé de voisinage.

La situation tunisienne montre que la perception collective du réel n’est pas/n’est plus structurée par le seul lieu (une même histoire, une même géographie, un même climat) mais aussi par un monde virtuel aux réseaux très différenciés. Mais cette situation n’est pas propre à la Tunisie ; elle est mondiale. Face à cette hyper-pluralité que l’on pourrait qualifier d’endogène (elle ne vient plus de l’étranger qui ne s’attend pas à trouver de la familiarité dans le pays où il arrive mais touche ce qu’on pourrait appeler les autochtones), quelles formes donner à l’espace public forcément unique et local ? Que faire pour qu’il puisse contenir tous les marquages, cette ritournelle  nécessaire qu’évoquent Deleuze et Guattari : « Maintenant, au contraire, on est chez soi. Mais le chez-soi ne préexiste pas : il a fallu tracer un cercle autour du centre fragile et incertain, organiser un espace limité. Beaucoup de composantes très diverses interviennent, repères et marques de toutes sortes. (…) Voilà que les forces du chaos sont tenues à l'extérieur autant qu'il est possible, et l'espace intérieur protège les forces germinatives d'une tâche à remplir, d'une œuvre à faire. Il y a là toute une activité de sélection, d'élimination, d'extraction, pour que les forces intimes terrestres, les forces intérieures de la terre, ne soient pas submergées, qu'elles puissent résister, ou même qu'elles puissent emprunter quelque chose au chaos à travers le filtre ou le crible de l'espace tracé. »[3]

Si l’« endogénéité » de l’hyper-pluralité caractérise plus les pays de la rive sud de la Méditerranée, l’hyper-pluralité, elle, touche également les pays de la rive nord attirant depuis de nombreuses années des populations d’émigrés. A plus ou moins long terme, ces pays pourraient bien avoir aussi à s’interroger sur l’impact des formes des espaces publics sur le sentiment du partage et les possibilités d’un vivre-ensemble harmonieux de populations forcément métissées.

La Tunisie, miniature… ou tesselle ?

Chaque pays de la Méditerranée a sa propre histoire et sa propre histoire de l’architecture et de l’urbanisme, son propre climat géographique et son propre climat politique. Chaque pays de la Méditerranée a aussi ses propres nouvelles « unités de voisinage » si l’on peut qualifier ainsi ces groupes nationaux porteurs de perceptions communes et de stratégies analogues alimentées à la fois par les lieux et les réseaux.

Les questions que soulève la Tunisie sont celles de l’espace public en général et la situation politique ne fait en réalité que les mettre au jour, comme surexposées. L’espace public contemporain en Méditerranée — espace politique et scénique — pose la question du partage et par conséquent celles du voisinage, de l’étrangéité, de la familiarité, de la porosité et de l’accessibilité. L’étude des situations en Libye et en Egypte, proches du point de vue de la situation politique actuelle et différentes du point de vue de l’histoire, ou de celles du Maroc et de l’Algérie qui n’ont pas connu les révolutions arabes et ont adopté des politiques patrimoniales différentes, permettront d’ébaucher les contours des réponses. Les études et réflexions portant sur les pays de la rive nord de la Méditerranée permettront d’identifier les différences et les similitudes qui existent entre les deux rives et de savoir s’il est possible de penser des stratégies communes pour tendre vers une harmonie dans des sociétés  hyper-plurielles.

Repenser l’espace public

Cette réflexion nous a menés vers plusieurs interrogations :

  1. Qu’est-ce qui structure la perception du sujet percevant et plus particulièrement sa perception des espaces publics de son pays ou de son lieu de vie ? La structuration de cette perception est-elle liée à un climat géographique, à un climat politique, à des besoins socio-économiques ? Perçoit-on en fonction de son bien-être ou mal-être ? Perçoit-on un espace en fonction de ce que l’on en attend ? Quel est le poids du lieu dans cette structuration face à l’ubiquité que donnent les réseaux virtuels à l’Habitant ?
  2. Les espaces publics contemporains en Méditerranée, s’ils sont des lieux en partage, sont-ils des lieux de partage ? Est-il possible de les classer selon leur degré de « partageabilité » ? Qu’est-ce qui favorise cette « partageabilité » ? La « partageabilité » se mesure-t-elle sur l’axe familiarité versus étrangéité ? Ou plutôt selon l’accessibilité ou l’hospitalité si l’on peut qualifier ainsi une capacité à accueillir l’Autre, son corps et ses corps dans leur co-présence et leurs interactions ? N’est-ce pas cette capacité à accueillir tous les marquages, à les contenir ou à les estomper qui fait la « partageabilité » ? N’est-ce pas de cela que parle Jacques Ferrier lorsqu’il écrit dans La possibilité d’une ville : « Porosité de la ville aux temps de chacun, au jour et à la nuit, au fil des saisons, aux climats, aux usages … »[4] ?
  3. Dans quelle mesure l’architecture des espaces publics et les formes de l’urbain conditionnent-elles le partage sensible de ces espaces ? Quelles formes architecturales et urbaines peuvent favoriser aujourd’hui ce partage  des ambiances ? De quoi relèvent-elles ? De tracés urbains, du style architectural, du gabarit des édifices, d’aménagements (facteurs d’aménité), etc. ?
  4. Si l’architecture, dans la mesure où elle contribue à donner forme à l’urbain, est un facteur de partage dans l’espace public, quelle architecture concevoir ? La solution se trouve-t-elle du côté d’un nouveau style international plus amène focalisé sur la question de la durabilité par exemple (avec tous les ajustements locaux qu’elle suppose) ou au contraire du côté d’un environnement aux formes nourries des spécificités locales ? L’espace public consensuel est-il un espace qui se veut neutre, « lavé » de toute appartenance ou un espace charriant dans sa contemporanéité des fragments choisis d’une histoire commune de l’architecture et de l’urbanisme ? L’espace public doit-il être un espace pour un corps sensoriel en action — une ville sensuelle telle que la décrit Jacques Ferrier — ou un espace pour un corps sensible ? Les identités doivent-elles s’y évaporer, s’y juxtaposer ou s’y composer ?
  5. Quelles leçons peut-on tirer des expériences du passé ? C’est dans cette mesure que les études ambiantales portant sur les expériences architecturales et urbaines « alternatives » (ou hybrides) deviennent intéressantes (en Tunisie, nous évoquerons par exemple les palais transformés avant et pendant le Protectorat, la Reconstruction et d’autres tentatives post-modernistes) mais également celles portant sur les opérations modernistes (Cité Olympique, Sidi El Béchir, Sfax, etc.). Dans quelles mesures les expériences architecturales — plus nombreuses que les expériences urbaines — hybridant patrimoine et modernité peuvent-elles alimenter une réflexion sur la conception des espaces publics ?

 

Appel à communications

Envoi des propositions

Les propositions de communication sont à envoyer

avant le 25 novembre 2013

par courrier électronique à Olfa Meziou : olfa.meziou2014@gmail.com

Les propositions comporteront entre 2500 et 3000 signes et pourront être rédigées en français ou en anglais. Elles indiqueront précisément :

  • · l'identité et l'affiliation du ou des auteurs,
  • · le titre de la communication proposée,
  • · le ou les thèmes de la communication,
  • · le résumé de la communication.

Les propositions de communication seront soumises à l’approbation d’un comité scientifique qui donnera sa réponse aux auteurs avant le 20 décembre 2013.

Les communications acceptées seront intégrées dans le programme du colloque.

Publication

Les résumés des conférences et communications seront publiés sur le site du réseau Ambiances. Certains articles développés pourront être soumis dans Ambiances, Revue internationale sur l'environnement sensible, l'architecture et l'espace urbain.

Organisation

Accueil des participants

La conférence se tiendra à la Cité des Sciences de Tunis les 24, 25 et 26 février 2014. L’inscription sera gratuite. Les repas des communicants, pendant la conférence, seront pris en charge par les organisateurs.

Responsables scientifiques

  • · Olfa Meziou, ERA, ENAU Tunis
  • · Alia Ben Ayed, ERA, ENAU Tunis

Comité d’organisation

  • · Mohsen Bel Haj Salem, ERA, ENAU Tunis
  • · Alia Ben Ayed, ERA, ENAU Tunis
  • · Noha Saïd Gamal, CRESSON, ENSA Grenoble
  • · Faten Hussein, ERA, ENAU Tunis
  • · Hind Karoui, ERA, ENAU Tunis
  • · Olfa Meziou, ERA, ENAU Tunis
  • · Jean-Pierre Péneau, ERA Tunis et CERMA, ENSA Nantes
  • · Daniel Siret, CERMA, ENSA Nantes
  • · Jean-Paul Thibaud, CRESSON, CNRS, Grenoble

Comité scientifique

  • · Mohamed Afifi, Université du Caire
  • · Pascal Amphoux, ENSA Nantes et Contrepoint Projets urbains, Lausanne
  • · Azeddine Belakehal, Ecole d’Architecture de Byskra
  • · Samuel Bordreuil, LAMES, CNRS, Aix en Provence
  • · Nadir Boumaza, PACTE, Université Pierre Mendes France, Grenoble
  • · Marc Breviglieri, EHESS, HES Genève
  • · Chantal Jabeur, SEDET, Université Paris Diderot
  • · Jean-Pierre Péneau, ERA Tunis et CERMA, Nantes
  • · Pascale Pichon, Université Jean Monnet, Centre Max Weber, Saint-Etienne
  • · Nora Semmoud, Université François Rabelais, Tours
  • · Jean-Paul Thibaud, CRESSON, CNRS, Grenoble

Discutants invités

  • · Pascal Amphoux, ENSA Nantes et Contrepoint Projets urbains, Lausanne
  • · Azeddine Belakehal, Ecole d’Architecture de Byskra
  • · Chantal Jabeur, SEDET, Université Paris Diderot
  • · Nora Semmoud, Université François Rabelais, Tours

Conférenciers invités

  • · Mohamed Afifi, Université du Caire
  • · Marc Breviglieri, EHESS, HES Genève

Cinéastes invités

  • · Mahmoud Ismaïl, Egypte
  • · Hichem Ben Ammar, Tunisie

Soutiens

  • · Réseau International Ambiances
  • · Fondation Hanns Seidel
  • · ENAU, Tunis
  • · Ecole Doctorale SIA, Tunis

Site web


[1]. Gilles Deleuze et Félix Guattari, Mille plateaux (11 – 1837, De la ritournelle), Paris, Les éditions de Minuit, 1980, 648 p.

[2]. P. Sloterdijk, Sphères III. Écumes. Sphérologie plurielle, traduit de l'allemand par Olivier Mannoni, Paris, M. Sell, 2005. p. 229-230

[3]. Gilles Deleuze et Félix Guattari, op. cit.

[4]. Jacques Ferrier, La Possibilité d’une ville. Les cinq sens et l’architecture, Paris, Arléa, 2012, 130 p.

Lieux

  • Cité des Sciences de Tunis - Boulevard Mohamed Bouazizi 1082
    Tunis, Tunisie (1004)

Dates

  • lundi 25 novembre 2013

Mots-clés

  • ambiances, Méditerranée, espace public, architecture, aménagement urbain

Contacts

  • Daniel Siret
    courriel : daniel [dot] siret [at] cerma [dot] archi [dot] fr
  • Olfa Meziou
    courriel : olfa [dot] meziou [at] hotmail [dot] fr

Source de l'information

  • Daniel Siret
    courriel : daniel [dot] siret [at] cerma [dot] archi [dot] fr

Licence

Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« L’ambiance comme enjeu de l’espace public méditerranéen contemporain », Appel à contribution, Calenda, Publié le jeudi 10 octobre 2013, https://calenda-formation.labocleo.org/261594

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