L'enfance, l'âge adulte et la vieillesse ont été étudiés par les sciences historiques sous divers angles d'approche et en relation avec des corpus de sources variés. À l'intersection de ces champs de recherche, l'approche sociale et culturelle a permis d'étudier la vie quotidienne, la construction des savoirs et les relations au corps qui jouent tous d'une manière ou d'une autre un rôle dans la conceptualisation des « âges ». Afin de dépasser les discours normatifs sur la maturité croissante de l'enfant ou le vieillissement des adultes, ce numéro spécial veut aborder trois problématiques théoriques et méthodologiques : Comment le développement de l'être humain se conçoit-il par étapes au cours de la vie en fonction de divers contextes culturels et historiques ? De quelle manière les structures sociales accompagnent-elles ces différents âges ? Comment les individus négocient-ils leurs insertions dans ces multiples contraintes normatives et institutionnelles ?

Argumentaire

Depuis la fin du 19ème siècle, la psychologie du développement s'est progressivement constituée comme une branche scientifique autonome qui étudie les étapes de la vie humaine. Toutefois, cette préoccupation contemporaine n'épuise guère l'étude des parcours de vie: les différents âges de la vie – également désignés par « l'échelle des âges » – représentent une source importante d'inspiration pour les arts et la littérature dans l'histoire moderne. Le classement des âges remplit une fonction normative qui crée des effets de standardisation des étapes de la vie humaine: selon les conceptions des âges, les trajectoire de vie (curriculum vitae) s'uniformisent et se normalisent. C'est pourquoi ce numéro de traverse souhaite interroger le processus de « production des âges », en déconstruisant notamment les discours, les contraintes institutionnelles et les pratiques sociales. Les significations des âges sont essentiellement contingentes: la délimitation par âges peut-elle réellement constituer des groupes homogènes en regard de la diversité des expériences individuelles? En fonction des catégories d'âge, de multiples discours se déploient sous forme d'injonctions socialement négociées: à quel âge est-on le plus heureux ou les plus productif? Diverses institutions sociales, de l'Eglise à l'école en passant par les établissements de soins, ne se limitent pas à moduler leurs interventions en fonction des âges, elles participent par leurs objectifs et leurs programmes à la fabrication des étapes de la vie. Enfin, les pratiques conformes ou légales selon les âges ne cessent de devoir s'ajuster à l'évolution constante des changements sociaux, ce qui obligent les frontières entre les âges à se renégocier sans cesse.

L'enfance, l'âge adulte et la vieillesse ont été étudiés par les sciences historiques sous divers angles d'approche et en relation avec des corpus de sources variés. A l'intersection de ces champs de recherche, l'approche sociale et culturelle a permis d'étudier la vie quotidienne, la construction des savoirs et les relations au corps qui jouent tous d'une manière ou d'une autre un rôle dans la conceptualisation des « âges ». Afin de dépasser les discours normatifs sur la maturité croissante de l'enfant ou le vieillissement des adultes, ce numéro spécial veut aborder trois problématiques théoriques et méthodologiques:

1. Comment le développement de l'être humain se conçoit-il par étapes au cours de la vie en fonction de divers contextes culturels et historiques?

2. De quelle manière les structures sociales accompagnent-elles ces différents âges?

3. Comment les individus négocient-ils leurs insertions dans ces multiples contraintes normatives et institutionnelles?

L'analyse des âges de vie entretient un rapport étroit avec les préoccupations inhérentes aux stades de développement de chaque être humain. Bien que ces étapes du parcours de vie renvoie à des changements contingents ou historiques, les notions d'âges ne sont pas indépendantes d'un état matériel du corps humain vieillissant qui a sa propre histoire – une histoire cependant ni universelle, ni arbitrairement déterminée. Les contributions qui seront retenues devront articuler l'âge comme catégorie historique en interrogeant ses liens possibles avec d'autres catégories sociales comme le « genre », la « classe » ou « l'ethnie ». La normalité d'un parcours de vie typique représente un modèle normatif qui doit être vigoureusement problématisé: l'homme blanc n'est pas seulement surreprésenté dans les représentations iconographiques de l'enfance ou de la vieillesse, mais il est également considéré par la science moderne comme l'archétype du vieillissement naturel. 

Les questions suivantes sont fondamentales:

• Selon les contextes culturelles et historiques, quels sont les discours dominant sur les parcours de vie et comment les changements historiques les affectent-ils?
• Quels concepts iconographiques, métaphoriques et scientifiques priment dans les représentations synchroniques et diachroniques (« Zeitzeichen ») de l'enfance, de l'âge adulte et de la vieillesse?
• Quels effets normatifs et disciplinaires produisent les notions d'étapes de vie et les paradigmes associés au vieillissement de l'être humain?
• Quelles interactions se nouent entre les âges et certains espaces sociaux? Quels lieux sont affectés à quels âges?
• Comment les classes d'âges sont-elles mises en pratique par les institutions et les secteurs sociaux (famille, éducation, école / formation professionnelle, sécurité sociale)?
• Comment l'âge et le vieillissement sont-ils envisagés lors des transitions des étapes de vie? Quelle perception subjective du temps est associée au vieillissement?
• Quels comportements sont associés aux âges légaux ou institutionnels (par exemple l'âge de la retraite)? Quelles pratiques spécifiques se développent lors du vieillissement?

Dernières question mais non la moindre:

• Comment les conceptions actuelles de l'âge et les attitudes selon les âges interférent-elles sur la recherche historique?

Modalités pratiques d'envoi des propositions

Les contributions, en français et en allemand, paraîtront dans le numéro 24, 2, 2017 de traverse – Revue d’histoire/Zeitschrift für Geschichte. D’une longueur de 30 000 signes environ, elles devront parvenir au comité de rédaction jusqu’au 1 octobre 2016.

Des propositions de toutes périodes et toutes disciplines historiques sont les bienvenues, notamment celles qui intègrent une réflexion méthodologique. Un résumé de 2 500 signes environ ainsi qu’un bref CV (adresse postale incl.) sont à envoyer, jusqu'au

28 février 2016

à sonja.matter@revue-traverse.ch, anja.rathmann@revue-traverse.ch, dominique.dirlewanger@unil.ch ou matthias.ruoss@hist.unibe.ch.

Coordination

• Dominique Dirlewanger (Lausanne),
• Sonja Matter (Wien),
• Anja Rathmann-Lutz (Basel),
• Matthias Ruoss (Bern)

Comité scientifique de la Revue Traverse

http://www.revue-traverse.ch/index.php?id=5&lang=fr 

• Tina Asmussen Dr. des.
• Andreas Behr Dr. des.
• Karine Crousaz Dr. phil.
• Bertrand Forclaz PD Dr. phil.
• Marc Gigase Dr. phil.
• Gisela Hürlimann Dr. phil.
• Katja Hürlimann Dr. phil.
• Michael Jucker PD Dr. phil.
• Mario König Dr. phil.
• Daniel Krämer Dr. phil.
• Matthieu Leimgruber Dr. phil.
• Sonja Matter Dr. phil.
• Malik Mazbouri Dr. phil.
• Stefan Nellen Dr. des.
• Anja Rathmann-Lutz Dr. phil.
• Hans-Ulrich Schiedt Dr. phil.
• Yan Schubert lic. phil.